A Yomou, en Guinée Forestière, l’hévéaculture est entrain d’aggraver l’insécurité alimentaire et la pauvreté.
L’agriculture constitue le principal secteur d’activité dans la région forestière. Il faut rappeler que la Société Guinéenne des Palmiers à Huile et Hévéa (SOGUIPA) a été implantée à Yomou depuis les années 1990s. Au commencement, les paysans qui, autrefois vivaient que de la production vivrière, avaient afflué vers l’hévéaculture et les palmeraies, reléguant ainsi le vivrier, au second plan de leur production.
Les populations de Bignamou et de Diécké, localités où cette société est implantée, étaient dans une aisance financière sans précèdent. Les populations des autres sous-préfectures avaient emboîté le pas dans la course effrénée des plantations familiales. Cette expansion a entraîné l’exploitation des domaines cultivables des familles par les plantations d’hévéas et de palmiers à huile.
La pratique des plantations villageoises s’est propagée un peu partout dans toute la préfecture de Yomou ; tout cela, avec un mépris graduel des cultures vivrières comme le riz, le manioc, le maïs, etc. Cela n’a pas épargnée même les plantations de kolatiers, de café et les autres cultures qui ont toujours constituées des sources génératrices de revenue.
Cette dynamique spatiale montre que l’hévéaculture menace la disponibilité alimentaire du fait de l’accaparement des domaines traditionnellement réservés aux cultures vivrières.
En plus, les revenus générés ne permettent même plus à la majorité des ménages de subvenir aux dépenses financières de base. Dans la plupart des cas, ces revenus sont insuffisants pour faire face aux besoins alimentaires, aux soins de santé, à l’acquisition d’abris convenables, etc. Par exemple, ces dernières années, le prix du kilogramme de caoutchouc naturel est passé de douze mille francs Guinéens à environ deux mille cinq cent francs. Cette chute lamentable du prix contribue à l’appauvrissement des ménages hévéacultures. A cela s’ajoute malheureusement l’explosion de la vente de domaines cultivables pour l’hévéaculture avec pour corollaire la multiplication imprévisible des conflits fonciers entre les familles et les communautés.
En résumé, nous devons retenir que:
i) Les parties prenantes doivent accepter de reconnaître le danger que représente l’hévéaculture sur la sécurité alimentaire et le développement économique.
ii) Les parties prenantes doivent adopter des politiques agricoles qui aident les populations de cette région de la Guinée de ne plus dépendre des aliments importés et de se hisser au-dessus du seuil de la pauvreté.
iii) Force est de reconnaître que le développement de l’hévéaculture ne doit se faire ni au détriment de la culture vivrière, ni au préjudice de l’environnement.
Pépé François Haba et Cécé Jacques Monèmou