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Friday 1 November 2024

Vaccins anti-Covid : pourquoi l’Afrique du Sud doit payer plus cher

L’Afrique du Sud, pays du continent officiellement le plus touché par le coronavirus, paiera ses premiers vaccins développés par AstraZeneca près de 2,5 fois plus cher que les pays européens, a annoncé le ministère de la Santé. « Le prix de 5,25 dollars (4,32 euros, NDLR) est celui qui nous a été communiqué », a déclaré le ministère sud-africain à la presse, jeudi 21 janvier. Le prix des doses est actuellement un sujet mondial sensible, de nombreuses négociations étant en cours avec les laboratoires pharmaceutiques. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment appelé les gouvernements à cesser les négociations bilatérales avec les laboratoires, au risque de faire grimper les prix.

Officiellement, on sait que les pays de l’Union européenne (UE) paieront les vaccins développés par le même laboratoire seulement 1,78 euro, selon des informations divulguées mi-décembre par un ministre belge sur Twitter.

Plusieurs explications
Comment s’explique cette différence de prix pour l’Afrique du Sud ? Les 1,5 million de vaccins attendus dans les prochaines semaines, obtenus dans le cadre de négociations bilatérales menées par le gouvernement avec l’alliance AstraZeneca/Oxford, sont produits en Inde par le Serum Institute of India (SII). La première puissance industrielle du continent est considérée comme un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. C’est avec ce statut qu’il a intégré le dispositif Covax de l’OMS pour un accès équitable aux vaccins. Ensuite, le directeur général adjoint de la Santé en Afrique du Sud, Anban Pillay, a expliqué au journal Business Day que ce prix est dû au fait que les autres pays avec le même statut ont beaucoup plus contribué à la recherche et au développement. « On nous a expliqué que les autres pays à revenu élevé ont bénéficié d’un prix plus bas parce qu’ils ont investi dans la recherche et le développement, d’où la réduction sur le prix. » Environ 2 000 Sud-Africains ont participé aux essais cliniques du vaccin en 2020.

Pour Shabir A. Madhi, professeur de vaccinologie à l’université du Witwatersrand, le gouvernement a « aggravé le problème en ne s’engageant pas à temps dans des accords bilatéraux directement avec les fabricants par le biais d’un mécanisme avancé d’engagement du marché avance ce spécialiste. De nombreux autres pays, y compris des pays à revenu intermédiaire, l’ont fait dès que les vaccins sont entrés dans les phases deux et trois des essais ».

Engagé dans la course mondiale aux vaccins, AstraZeneca/Oxford s’était engagé à vendre ses doses à prix coûtant, autour de 2,50 euros, « pour pouvoir fournir ce vaccin à la population la plus large », avait affirmé à l’AFP le président d’AstraZeneca France. Ce vaccin, qui nécessite deux doses, est efficace à 70 % en moyenne, si on combine les résultats de deux protocoles différents.

Sur la vaccination, le gouvernement titube
Alors que l’Afrique du Sud fait face à une seconde vague meurtrière de l’épidémie avec près de 39 000 morts, le président Cyril Ramaphosa a récemment annoncé avoir obtenu 20 millions de vaccins pour le premier semestre 2021 auprès de plusieurs laboratoires, sans préciser lesquels. L’établissement de Covax, soutenu par l’OMS, devrait fournir des injections à 10 % de la population entre avril et juin. D’autres vaccins seront fournis via l’Union africaine et des contrats bilatéraux avec des fournisseurs qui n’ont pas encore été divulgués. Son gouvernement est depuis des semaines sous le feu des critiques notamment pour avoir tardé à lancer un plan de vaccination. L’Alliance démocratique, principal parti d’opposition, a réclamé des clarifications sur le sujet et plusieurs groupes d’opposants menacent d’aller en justice. « La non-divulgation d’informations par le gouvernement est une preuve supplémentaire de la raison pour laquelle on ne peut pas lui faire confiance avec un monopole concernant l’achat et la distribution des vaccins Covid-19 », a déclaré Afriforum, groupe de défense des droits dans un communiqué. Le vaccin d’AstraZeneca est l’un des mieux adaptés aux systèmes de santé africains, car il ne nécessite pas de stockage à des températures ultra-basses comme le vaccin de Pfizer et de son partenaire allemand BioNTech. À ce jour, le pays a enregistré plus de 1,3 million de cas et 38 800 décès, mais les scientifiques ne sont pas encore en mesure de confirmer la capacité des vaccins à les combattre.

SOURCE : LEPOINT

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