Après une brève hospitalisation à l’hôpital militaire de Tunis mercredi, le chef de l’État tunisien s’est éteint à l’âge de 92 ans ce jeudi 25 juillet, a annoncé la présidence. Béji Caïd Essebsi a été le premier dirigeant démocratiquement élu du pays à l’âge de 88 ans.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi, hospitalisé plusieurs jours fin juin après un grave malaise, était de nouveau en soins intensifs depuis mercredi 24 juillet au soir. Âgé de 92 ans, le chef de l’État « est en soins intensifs à l’hôpital militaire (de Tunis) et les choses se présentent mal », avait indiqué à l’AFP son fils, Hafedh Caïd Essebsi, également chef de file du parti présidentiel Nidaa Tounes, quelques heures avant d’annoncer son décès.
Premier président démocratiquement élu en décembre 2014, trois ans après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, Essebsi est mort à quelques mois de la fin de son mandat présidentiel. Il avait annoncé récemment ne pas vouloir se représenter pour “laisser la place aux jeunes”.
En soins intensifs
Transféré à l’hôpital militaire de Tunis, le président de la République s’y trouvait pour y recevoir les soins nécessaires. Selon des sources citées par Mosaique FM et d’autres radios nationales, le chef d’État a passé la nuit au bloc. Dès ce jeudi matin, la panique et diverses informations circulaient sur l’évolution de son état de santé avant que la présidence n’annonce officiellement son décès. Il s’agissait de la troisième hospitalisation du chef de l’État tunisien en cinq semaines. En effet, Béji Caid Essebsi a été victime d’un « grave » malaise le 27 juin dernier, avait annoncé la présidence de la République dans un communiqué. Celui-ci venait après un premier malaise subi une semaine auparavant, alimentant les rumeurs d’une vacance de pouvoir en Tunisie.
La seule activité officielle de Béji Caïd Essebsi depuis cette date a été de recevoir lundi dernier le ministre de la Défense nationale. La vidéo officielle a montré un président très affaibli.
En cas de vacance provisoire, l’intérim de la présidence est assuré par le chef du gouvernement. En cas de vacance définitive, il est assuré par le président du Parlement. Dans les deux cas, une réunion de la Cour constitutionnelle est indispensable pour constater la vacance et officialiser l’intérim. Or cette instance n’est toujours pas installée.
Contexte difficile
Ce jeudi 25 juillet, les Tunisiens attendaient la première apparition publique de BCE depuis son hospitalisation de fin juin alors que le pays célèbre le jour de la proclamation de la République en 1957, habituellement marqué par un discours du chef de l’État. Il n’aura pas lieu. Devant l’absence publique du président et les rumeurs sur sa santé, plusieurs acteurs politiques ont accusé son entourage de le tenir en otage. Politiciens et internautes réclament depuis plusieurs semaines une plus grande transparence sur l’état de santé du président, dans un contexte politique tendu, dû notamment à l’absence d’une Cour constitutionnelle pour gérer la vacance du pouvoir. Les partis au pouvoir ont maintes fois repoussé par calcul politique la mise en place de cette institution cruciale.
La maladie de BCE accroît la confusion politique dans le pays à quelques semaines des élections. BCE est d’autant plus controversé qu’il a refusé de promulguer la modification de la loi électorale adoptée par le Parlement, une décision jugée anticonstitutionnelle par la plupart des juristes.
SOURCE: Le Point