Ces propos habituels et ceux de ces derniers jours sont révoltants :
1)《…JE VEUX DES RÉPONSES CLAIRES…》.
C’est cette phrase qui sort régulièrement de la bouche du Président français, Emmanuel Macron, à l’adresse des Africains et particulièrement des Chefs d’Etat africains. C’est comme un chef d’entreprise qui s’adresse à ses employés indélicats ou un Colon des années 1920 qui s’adresse aux indigènes des Tropiques.
Voyez-vous, il y a toujours du mépris et de la désinvolture dans ses propos.
C’est pourquoi la jeunesse africaine est de plus en plus habitée par un sentiment de francophobie, même dans les pays du fameux Pré-carré.
En réalité, ce n’est pas la France que les Africains détestent.
C’est cette condescendance des dirigeants français, du Général De Gaulle à Macron, en passant par Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozi et Hollande. À des degrés divers, ils ont tous des discours et des comportements paternalistes qui frisent l’insolence, parfois atténués par une certaine hypocrisie. Dans leurs esprits, l’Afrique noire francophone reste et restera la chose de la France. Malheureusement, les dirigeants africains et des intellectuels francophones noirs sont leurs principaux soutiens et leurs relais sur le continent.
Chaque sortie de Macron, en Afrique et sur l’Afrique, porte en filigrane des discourtoisies outrageantes à l’égard de l’Afrique.
2). Dans sa dernière sortie, suite à la dénonciation par la Junte nigérienne des accords militaires signés avec la France, Macron réagit par un autre mépris. Pour lui, la France a passé les accords avec les autorités légales du Niger, c’est-à-dire avec le President déchu. Conséquemment, la dénonciation desdits accords par la Junte sont de nuls effets pour lui.
Quelle provocation ! Quelle outrecuidence !
Alors, que Macron nous dise si, lors de la guerre de Biafra en 1970, le sécessionniste Ojukwu que la France soutenait et armait, était une autorité légale au Nigeria. La France du Général de Gaulle a soutenu, financé et armé cette guerre de cessession qui a fait plus d’un million de morts ; rien que pour avoir la main-mise sur le pétrole du Nigeria !
Que la France nous dise aussi, si Moïse Tsombé était l’autorité légale du Congo Léopoldville 1960 pour mériter la couverture et l’assistance de la France au détriment de Patrice Lumumba qui était Chef du gouvernement légal de ce pays.
Que la France nous dise enfin, entre les rebelles libyens et Khadafi, qui incarnait la légalité et la légitimité de ce pays.
Cette dernière prise de position méprisante de Macron (en droite ligne avec celle de la CEDEAO) est une grave imprudence préjudiciable à la sécurité du Président déchu Mohamed Bazoum, de sa famille et du Niger tout entier.
Je suis de ceux qui condamnent ce coup d’état pour la raison bien simple qu’aucun argument pertinent ne peut le justifier.
Je suis aussi de ceux qui pensent que tout usage des armes, pour restaurer le pouvoir démocratique déchu, aura des conséquences imprévisibles pour Bazoum, pour le Niger et pour toute la région.
Faut-il sacrifier un peuple et une région pour sauver le pouvoir d’un homme, fut-il démocratiquement élu ?
L’arrogance de la France envers l’Afrique est devenue une foutaise sous Sarkozy et sous Macron.
C’est pourquoi la jeunesse africaine est de plus en plus révoltée contre les dirigeants de l’ancienne métropole et ses nouveaux chefs de canton qui dirigent certains de nos pays et qui passent leur temps à défiler à l’Elysée, en véritables marionnettes. La France et la CEDEAO risquent de créer un nouveau nationalisme au Niger au point de conférer à la Junte la popularité qu’elle n’aurait pas méritée.
À ce stade, pour la préservation de la paix au Niger, la sécurité des personnes et des biens, la négociation reste la solution idoine.
Si la France et la CEDEAO n’ont pas été capables d’aider le Sahel à se débarrasser des Jihadistes, elles n’ont pas à se bomber le torse pour aider le Niger à se débarrasser immédiatement de la Junte par les armes. La sagesse par le dialogue doit être de mise.
Vivement le retour à l’ordre constitutionnel dans la paix.
Ibrahima Jair Keita