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Friday 1 November 2024

Société : L’histoire et la vie misérable des populations de Rome, un district de la sous-préfecture de Kassa, l’une des zones enclavées les plus menacées.

Comme annoncé dans l’article précédent sur les préoccupations de la population de Kassa, ” un paradis pour les visiteurs et un enfer pour les habitants “,  votre quotidien d’information lolaplus.org s’est intéressé à l’histoire et à la vie misérable des populations de Kassa en générale et celle de Rome en particulier, une des trois îles que composent la sous-préfecture de Kassa, qui a depuis longtemps été coupée du reste du pays.

L’île de Rome est située à près de 20 km de la commune urbaine de Kaloum et à près de 10 km du chef-lieu de la sous-préfecture de Kassa. Découverte dans les années 1400 par un pêcheur, on dit que l’île de Rome est l’une des meilleures au monde. Mais en raison de l’absence d’aménagement, elle reste un enfer pour les habitants malgré qu’elle offre au visiteur un visage paradisiaque. Planche  Youssouf  Bloc Bangoura, président de la jeunesse de l’île de Rome, a décrit ses souvenirs au micro de nos reporters :

D’après les informations reçues de mon propre grand-père et de ma propre grand-mère, qui sont tous morts il y’a longtemps, l’île de Kassa a été découverte en 1483 par un pêcheur de l’ethnie Timinè de la Sierra-Leone.    Compte tenu de la distance parcourue et de la proximité de Kaloum, il y est resté un moment avant de partir à la recherche de sa famille. À son retour, il trouva deux autres pêcheurs. Il s’agissait de Mory Bangoura et de son frère cadet Sanou Bangoura, tous deux pêcheurs vivant à l’époque à Conakry, qui ont été entraînés par les vagues vers Fotoba et Rome où ils ont finalement résidé.

                    Et depuis, il faut le dire à qui veux l’entendre, tous les habitants des îles de Los (Kassa), sont des pêcheurs artisanaux. Nous sommes nés et avons grandi dans la pêche et nous mourrons en tant que parents dans la pêche.   Autant vous dire que nous ne pratiquons pas cette activités par plaisir, mais c’est devenu notre quotidien. Voyez-vous ?

Camara Facinet Mafouly, dit “Bilaly”, est diplômé en Psychologie de l’Université Générale Lansana Conté de Sonfonia et rappel les différentes dénominations que cette île a connues. 

Après le passage des portugais en 1484, on appela l’île « SIATOWN », un mot portugais qui signifie en français ” l’île de Trésor “.  Puis, après le passage des anglais dans les années 1584, l’île a été nommée « ROOM », un mot anglais qui signifie « chambre » ou « ghetto ». 

Pendant la colonisation, les Français ont déformé le mot ROOM en ROME et n’ont laissé aucune signification comme leurs prédécesseurs.   Jusque-là, nous ne connaissons pas les raisons.

Selon Bilaly, il est à noter que  depuis 1979, aucun vent de bonheur n’a soufflé en faveur de la population insulaire de Kassa. On sous-entend une situation de pauvreté criarde. Bilaly est lui-même au chômage. Il nous a dépeint un tableau sombre de l’île.

Bien que cette localité ait contribué de manière significative au développement national, sa population continue de vivre dans la misère. De ma naissance jusqu’au moment où je vous parle, je n’ai vu aucune trace de l’État ici. Tout ce que vous voyez ici en ce moment est l’œuvre de certaines ONG, des étrangers ou des personnes de bonne volonté. A cela s’ajoute l’effort des habitants eux-mêmes. Avec les nouvelles autorités, nous avons de l’espoir. Car le nouveau sous-préfet nous a tenu des promesses rassurantes. Nous sommes déjà rassurés par la construction des forages en cours dans le centre de Kassa, qui se poursuivra à Rome et à Fotoba. De plus, un grand écran, un décodeur et un générateur ont été offerts aux jeunes de chaque île pour suivre la CAN Egypte 2019 en direct. Je saisis cette occasion pour remercier le chef de l’Etat et son gouvernement pour ce geste

L’échec scolaire, les mariages précoces, la consommation des stupéfiants comptent parmi les problèmes auxquels sont confrontés les enfants et les jeunes de ces localités. Bilaly nous en a parlé :

Nous avons assez de préoccupations ici chez nous. Il n’y a qu’une seule école primaire de six classes avec un effectif pléthorique et un nombre d’enseignants insuffisant.

Le directeur est obligé de regrouper deux ou trois classes différentes pour dispenser les cours.   Dis-moi, monsieur le journaliste,  qui parmi ces élèves comprendra quoi que ce soit dans ces conditions ? C’est bien dommage. Beaucoup abandonnent avant la 6ème Année. 

Et ceux ou celles qui poursuivent jusqu’en 6ème abandonnent dès qu’ils réussissent à leur examen d’entrer en 7ème à cause du manque de tuteur soit à Kaloum ou à Kassa. Les filles parmi ces élèves sont souvent victimes de mariages précoces ou forcés. Les garçons eux, se livrent souvent aux stupéfiants.

Pour le président des jeunes, tous les plans de développement de l’île sont à revoir.

Même le poste de santé, qui a été construit par les étrangers qui nous fournissaient des médicaments, est aujourd’hui pris en charge par nos soins. Car nous ne bénéficions de rien de la part de l’État en matière de produit de soins primaires. Aussi, le bateau que l’État a donné à la population se limite à Kassa-centre. Alors que la sous-préfecture de Kassa ne se résume pas à Kassa-centre !

 Il y’a trois îles séparées qui constituent la sous-préfecture de Kassa. Mais, nous sommes obligés d’effectuer les déplacements par les barques qui vont en ville une fois et qui reviennent une fois par jour.

Il n’y a pas de barque mobile entre les îles.

 Pour rejoindre les îles voisines, il faut aller emprunter la barque à Kaloum, et faire la même chose pour le retour sur l’île. Voyez-vous comment la mobilité ici constitue un véritable casse-tête pour les habitants et même les visiteurs ?

En fait, bien que proche de la capitale Conakry, la sous-préfecture de Kassa est l’une des zones les plus enclavées. Pour bon nombre d’observateurs, en plus des dégâts naturels, l’effet abusif de la population sur l’environnement qui contribue à la dégradation de ces îles devraient inquiétés plus d’un. C’est là du moins ce que pense M. Younoussa Sylla, Chef de station “Radio Rurale” de Kassa :

Au regard des phénomènes naturels qui se produisent et vue l’effet abusif de la population sur la nature. Je veux parler de la destruction de palmiers naturels, bambous et autre végétaux qui tiennent le sol.

Ensuite ceux qui continuent à faire le remblai aux alentours de la mer pour construire des hôtels et autres infrastructures. La population qui y habite, mais surtout l’État en tant que garant de cette population devraient être inquiets du sort de l’avenir des îles de los qui se dégradent jours pour jours et la mer occupe une bonne place chaque jour.

Que faire pour sortir de cet amalgame de situations difficiles ? Pour sauver ces îles et la population qui y habite et contribuer à remplir la caisse Nationale de Développement, M. Younoussa propose cette issue.

A l’instar des îles des autres pays comme celles du Sénégal, l’État a plus à gagner en y investissant de gros moyen. Il s’agit de mettre en place une barque mobile pour faciliter le déplacement des habitants ainsi que des visiteurs. Créer d’autres activités génératrices de revenu pour les habitants, afin de réduire la pêche artisanale.  Construire des logements sociaux permettant aux fonctionnaires de la localité de rester, en mettant un accent particulier sur l’éducation des enfants. Aménager des sites touristiques pour attirer les étrangers et autres visiteurs.

Espérons que les autorités publiques et administratives de l’Etat écoutent attentivement cette proposition.

Kassa, Faya Moussa ll KAMANO pour www.lolaplus.org
Email: fayamoussa2k@gmail.com
TEL: (+224)621597947/654763767

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