Organisation amorphe dans un continent incapable d’assumer sa souveraineté, aujourd’hui 25 mai 2023, le berceau de l’humanité fête le 60ème anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), devenue plus tard l’Union Africaine (UA) en 2002, rassemblant à date 55 Etats du continent.
En effet, créée le 25 mai 1963 à Addis-Abeba en Ethiopie sous le parrainage du roi Hailé Sélassié 1er, cette organisation continentale s’est donnée pour missions de défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de ses États membres, d’accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent, de promouvoir et défendre des positions africaines communes sur les questions d’intérêt pour le continent et ses peuples. Malheureusement, elle a piteusement échoué, sur tous les plans, dans l’atteinte de ses objectifs.
Du fait surtout que la transition de l’OUA à l’UA n’a pas tenu compte des impératifs d’association des peuples qui la composent, les antagonismes et égoïsmes nationaux ont fini par emporter sur les objectifs notre de cette organisation. Les disparités linguistiques, culturelles, économiques et politiques plombent l’Institution et la rendent faibles face aux Etats la composant. La souveraineté de ses Etats membres fait obstacle au pouvoir du Président de la commission.
Essoufflée à cause de l’attachement de ses Etats membres à leur souveraineté, l’UA est maintenant très loin des objectifs qui lui ont été assignés par ses Pères fondateurs. À titre d’exemple, l’africain devient de plus en plus étranger sur son propre continent du fait des obstacles de toute sorte qui sont entre autres : les barrières douanières tarifaires et non tarifaires, la xénophobie, les visas, les barrières monétaires etc…..La chasse à l’homme organisée tout récemment contre des africains de peau noire par des autorités tunisiennes en est un exemple illustratif.
À quand la véritable union en Afrique ?
Si les morts pouvaient parler, le roi Hailé Sélassié 1er de l’Ethiopie, les Présidents Kwamé Nkrumah du Ghana, Ahmed Sékou Touré de la République de Guinée, Modibo Keita du Mali, Gamal Abdel Nasser de l’Égypte, Ahmed Ben Bella de l’Algérie, pour ne citer que ceux-ci, exprimeraient leur amertume face à la gestion catastrophique de leur héritage commun. Le rêve de ces pères fondateurs était de conduire le berceau de l’humanité vers les Etats-Unis d’Afrique. Mais très malheureusement, plus de 60 ans après, ce rêve reste encore à l’état embryonnaire. Une utopie pour être précis.
Il suffit juste de prendre dans le tas le renversement du guide libyen, le Colonel Mouammar Kadhafi en 2011 par des puissances occidentales et d’autres cas de coups d’Etat en Afrique, pour réaliser combien de fois l’Union Africaine est une caisse de résonance pour les Institutions occidentales. Elle se plie aux desiderata de ces dernières à telle enseigne qu’on se demande même à quoi elle sert réellement aujourd’hui.
Comme le dirait l’autre, « l’Union Africaine doit se reformer en profondeur pour mieux remplir les missions qu’elle s’est fixées. »
Plutôt que d’organiser des cérémonies de réjouissance pour encenser la création de cette association panafricaine, les dirigeants africains feraient mieux aujourd’hui de mettre à profit cette journée de l’Afrique pour faire une rétrospective. Flash-back au cours duquel, sera passé au crible le parcours de cette organisation plein de gloire, mais aussi de fiascos. L’objectif est de tirer des leçons de l’histoire commune du berceau de l’humanité afin de mieux permettre à l’organisation de se projeter vers l’avenir. Un exercice certes laborieux, mais qui permettra in fine de réaliser combien de fois cette organisation a trahi et continue de trahir les attentes du peuple africain.
Tant que cette organisation continentale ne parvient pas à se délier entièrement du néocolonialisme pour se doter d’un budget conséquent qui lui permettra d’être à l’abri des injonctions extérieures, tant que ses Etats membres continueront à être faibles face aux anciens maitres, elle demeurera toujours une organisation soumise, contrôlée par les organisations occidentales telles que les Nations Unies, l’Union Européenne, l’OIF, les institutions de Breton Wood, j’en passe.
C’est le lieu de rendre un vibrant hommage à tous ces valeureux militants du panafricanisme qui ne cessent d’investir leurs énergies physique et morale pour unifier les africains du continent et de la diaspora en une communauté africaine mondiale. Ensemble, rien n’arrêtera le continent.
En clair, l’Union Africaine n’est rien d’autre aujourd’hui que l’ombre d’elle-même. Elle doit faire sa propre mue. Oui, il lui faut une réelle autopsie pour redorer son blason. Faisons donc en sorte que cet événement du 60ème anniversaire soit le véritable départ pour une véritable renaissance africaine.
Vive le panafricanisme!
Vive l’Afrique !
Bonne fête à toute l’Afrique !
Sayon MARA, Juriste