Devenu un fléau dans nos sociétés, elles sont nombreuses, ces jeunes filles et femmes qui se livrent à l’avortement. Dans ce reportage grand format que nous vous présentons, elles clairement expliquent ce qui les emmène à cette pratique désastreuse pour leur vie.
L’avortement est une interruption volontaire ou spontanée d’une grossesse, selon une sage-femme que nous avons interrogée.
« L’avortement spontané est pour la plupart, lié à une anomalie génétique ou chromosomique de l’embryon, qui est alors expulsé naturellement par la mère d’où l’on parle de fausse-couche. Et quant à l’avortement provoqué, également appelé « interruption volontaire de grossesse, il peut être déclenché de plusieurs façons, notamment par la prise de médicaments « abortifs » ou par l’aspiration du fœtus. », nous a confié madame Djouharatou Diallo.
Toujours aux dires de cette sage-femme, l’avortement spontané crée des séquelles psychologiques : le suicide, la dépression.
Quant à l’avortement provoqué, elle prévient qu’elle peut être source d’infertilité, et peut provoquer des hémorragies, donner des infections, le retrait relationnel, le sentiment de culpabilité, de honte parfois.
Rencontrée au cours de notre enquête, une jeune fille qui a une fois recouru à cette pratique, nous a raconté, sous couvert de l’anonymat, que c’est son plus grand regret. « J’avais juste 17 ans, quand j’ai commis cet acte irréparable. Il a voulu me coûter la vie. Mais, je n’avais pas le choix. J’étudiais et j’avais peur de mes parents. Ensuite le père de l’enfant a refusé de prendre ces responsabilités. Donc pour ne pas mettre ma vie en retard, j’ai préféré avorter », a raconté la jeune fille.
« Je regrette beaucoup. Sincèrement, je veux revenir dans le passé pour changer cette décision. Aujourd’hui, je suis mariée il y a environ 6 ans mais je n’ai pas d’enfants et dans mon mariage je ne suis jamais tombée enceinte. Je dirais à toutes les filles ou femmes de ne pas commettre cet acte ignoble, de penser au futur, de ne pas avoir peur de la famille et oser Dieu, car selon la religion, il est interdit », a-t-elle conseillé.
La religion musulmane, faut-il le rappeler, estime que l’avortement d’un embryon de plus de 120 jours est considéré comme un meurtre d’une vie qu’Allah a rendu sacrée. Il a été confirmé par le hadith du Prophète (PSL), que l’insufflation de l’âme s’accomplit après 120 jours. Il serait donc interdit d’avorter après cette durée. Il s’agit d’un consensus des savants, selon les explications d’une religieuse.
« L’on peut faire un avortement selon deux volets. La première c’est si un rapport médical authentique confirme que la vie de la mère serait en danger si elle n’avortait pas que c’est permis. Et le deuxième, c’est si c’est confirmé que le fœtus est mort dans le ventre de sa mère, que l’on peut procéder à l’avortement », nous a confié pour sa part, Hadja Mariam Kallo.
L’avortement avant la période de 120 jours est aussi interdit même si on ne peut pas le considérer comme un meurtre. « La preuve de son interdiction est que c’est un anéantissement de la progéniture. Il faut savoir que le dénuement (la pauvreté) n’est pas une raison autorisant l’avortement », a commenté la religieuse.
Nous avons aussi rencontré une mère de famille qui a fait avorter sa fille de 19 ans. « Je suis la première épouse dans un foyer de 3 femmes et j’ai 8 enfants dont 6 filles. Si on apprenait la grossesse de ma fille je serais humiliée devant mes coépouses. Pour sauver mon honore, j’ai envoyé ma fille chez un médecin pour avorter sa grossesse de 2 mois. C’est une pratique que je ne voulais pas commettre. Je regrette beaucoup cet acte », a-t-elle déclaré aussi.
Malgré de nombreuses sensibilisations, lutte cette pratique néfaste n’est pas encore gagnée. En attendant les statistiques à jour, en Guinée, force est de constater que ce fléau continue de faire des morts dans nos communautés.
Sirani Diabaté