Le projet de construction de la route nationale Kankan-Kissidougou (194 km) a été attribué à Ebomaf, une entreprise burkinabè, dont le PDG, Mahamadou Bonkoungou est jugé très proche d’Alpha Condé. En 2014, ce projet avait été lancé pour un délai d’exécution de 24 mois. Mais à date, c’est seulement 35 kilomètres qui sont terrassés, contrairement à ce qu’affirme cet homme d’affaire, qui disait que 80% sont terrassés. Pour en savoir plus, le correspondant de Lolaplus.org a fait une immersion dans la zone, pour constater le quotidien des chauffeurs qui pratiquent ce tronçon.
C’est l’une des promesses de campagne du Pr Alpha Condé, mais, elle va encore attendre car l’entreprise qui avait la charge de la construction de la nationale Kankan-Kissidougou, malgré l’enveloppe de 65 millions d’euros débloquée, n’a jamais bitumé ne serait ce qu’un kilomètre.
« Cela fait maintenant dix ans que cette route est mauvaise, mais, comme on n’a pas d’autre travail pour nourrir nos familles c’est pourquoi on se débrouille sur cette voie, sinon elle n’est pas du tout bonne. Quand tu quittes Kankan pour Kissidougou, tu arrives tardivement avec plusieurs jours de courses. De Sasanbaya à 90 Km jusqu’à Kissidougou, c’est déplorable. D’autres même préfèrent passer par Macenta à Kossankôrô, en passant par Kérouané pour arriver à Kankan, que de passer par cette route.
C’est Ebomaf qui était responsable de la construction de cette route depuis 2014. Elle a construit trois ponts et ces ponts n’ont pas été achevés, cette entreprise n’a rien fait. On lance un appel à l’endroit des nouvelles autorités de nous venir en aide », dévoile Balla Condé.
Depuis plusieurs années, Tidjane Sow n’a pas mis pied sur le tronçon Kankan-Kissidougou. De retour d’un long voyage hors du pays, il est surpris de voir l’état de dégradation poussé de cette voie. « Cette route est un calvaire total pour les passagers. Moi je viens de Cotonou, je me rends à Faranah. J’ai laissé cette route en 1985, qui n’était pas comme. Je quittais à moto à 8 heures et 10 heures me trouvais à Kankan. A midi je peux régler toutes mes affaires et retourner à Kissidougou. Mais voilà aujourd’hui qu’on peut faire toute une journée entre Kankan-Kissidougou pour 194 Km. Je n’ai jamais vu une route comme ça dans n’importe quel pays », a-t-il déploré.
Cette route ne fait aucun cadeau aux usagers, notamment les détenteurs des gros engins. A chaque trajet, les chauffeurs sont obligés d’amener les véhicules dans un garage.
« Quand je fais deux ou trois voyages à chaque fois, l’amortisseur de mon véhicule ne tient plus, il me faut le changer. C’est dans ce métier de chauffeur que je gagne ma vie et fais vivre ma famille. Si les nouvelles autorités peuvent nous aider à ce que cette route puisse être reconstruite, cela pourrait vraiment nous arranger. (…) Quand la route était en bon état, cela m’aidait beaucoup. Mais ces derniers temps, je ne travaille juste que pour survivre », s’est plaint Kemo Dramé, conducteur.
Ce tronçon aurait été abandonné par l’entreprise burkinabè, sans aucune explication. Cependant, les usagers continuent à prendre leur mal en patience.
Mohamed Aly