Le Gouvernement Guinéen avait pris la décision de mettre à la retraite plus de 6.000 fonctionnaires dès le 1er Janvier 2022. Cécé Jacques Monèmou, administrateur scolaire en service dans l’Etat d’Arizona en Amérique, donne son opinion et fait une suggestion au gouvernement.
Il faut rappeler que Cécé Jacques Monèmou a été Principal du Collège Plateau à Coyah pendant plus de 10 ans. Il réside actuellement en Amérique où il a obtenu un Master en Administration Scolaire et y enseigne depuis près de 20 ans.
Voici l’intégralité de sa lettre.
De: Cécé Jacques Monèmou, M. Ed
A Monsieur Mohamed Béavogui,
Premier Ministre du Gouvernement Guinéen
Objet: Opinion et humble suggestion.
Monsieur le Premier Ministre.
C’est pour moi un honneur et une joie ineffable de vous adresser ces lignes afin de vous exprimer mon admiration pour la direction que notre pays prend graduellement sous votre leadership éclairé, sous l’égide du CNRD et de son Président, le Colonel Mamady Doumbouya.
L’avènement du CNRD a été plébiscité par tout notre peuple et les peuples amis de la Guinée. Les premiers actes posés jusque-là sont élogieux pour tout esprit objectif. La levée des innombrables barrages jadis érigés le long de nos routes interpréfectorales et internationales qui tracassaient les voyageurs, la cérémonie de mise en route de 180 bacheliers avec chacun une tablette, la révision du fichier de la fonction publique pour éliminer de nombreux fictifs budgétivores suivie de la retraite de ceux qui en ont eu droit, les promesses de la restauration de notre système judiciaire et de la lutte contre la corruption qui (comme l’a dit le panafricaniste Patrick L.O Lumumba tue plus que les guerres civiles), sont entre autres, tant d’actions qui suscitent admiration et raniment nos espoirs en tant que guinéens où que nous soyons.
Dans l’ambiance généralisée créée par ces actes, certains aspects de ce départ prometteur ont tendance à obscurcir l’horizon de cet espoir, ce qui fait l’objet de cette lettre. Il s’agit notamment de la récente retraite des travailleurs de la fonction publique.
En effet, Mr. le Premier Ministre, ces retraités occupaient de multiples et divers postes où ils résolvaient des problèmes quotidiens du peuple. C’est le lieu de rappeler que la sécurité doit être continuellement assurée, les malades dans les services de santé doivent être traités, les élèves dans les classes doivent être enseignés, les problèmes administratifs doivent être résolus pour la fluidité et l’harmonie dans la vie du peuple.
Face à cette logique, nous supposons que depuis l’entrée en vigueur de cette décision de la retraite des fonctionnaires, beaucoup de concours de recrutement restent encore à organiser afin d’engager de nouveaux fonctionnaires. Comme effets collatéraux, les postes qu’occupaient ces retraités, manquent de relèves numériques et qualitatives pour la continuation de la provision des services. L’administration publique a tendance à s’arrêter à ces niveaux si elle ne l’est pas maintenant. Que faire face à cela?
Nous savons que dès son avènement, le CNRD était confronté à beaucoup de défis et continue de l’être. Redresser un pays où l’irrationnel était institutionnalisé à tous les niveaux, n’est pas tâche facile et ne saurait se faire à la hâte. Cette instabilité peut-être un frein à la réalisation de beaucoup d’initiatives. Mais par tout dans le monde, le peuple compte sur l’omnipotence et l’omniscience de ses gouvernants, qui, à ses yeux, doivent résoudre ses problèmes de façon instantanée. Cela interpelle le Pouvoir à une créativité circonstancielle sans faille pour rectifier les tires quand il le faut. Aujourd’hui, les décrets de retraite des agents de l’état créent certains problèmes non moins inquiétants dans les services. Il n’est pas encore tard de les rectifier.
En effet, nous savions qu’en Guinée, il y avait des agents qui travaillaient avec leurs petits fils et petites filles pendant que nombreux de ces derniers sont encore au chômage. Certains de ces cadres avaient certes des expériences, mais n’étaient plus rentables à l’état. Dans les meilleurs des cas, ils n’étaient plus efficaces à leurs postes, dormant à leurs bureaux ou régulièrement malades et par conséquent, fréquemment absents pour ces raisons de santé. Dans les pires des cas, ils ne cherchaient qu’à se racheter dans leurs vies. Dans l’un ou l’autre cas, l’état était perdant. Les services n’étaient plus rendus comme il le fallait et le trésor public recevait peu ou pas les recettes des contribuables. La fonction publique guinéenne était gangrenée par ce mal. Toutefois, les conséquences immédiates de cette retraite massive et instantanée qui, à notre humble avis auraient dû être graduelle, font que le peuple qui, hier saluait la décision, a tendance à en vouloir au pouvoir si ces retraités ne sont pas remplacés à leurs postes respectifs.
Voir les conséquences d’une décision qui ont tendance à trahir les objectifs initiaux et les corriger à temps est l’une des rares qualités du leader du peuple. Ne pas le faire au nom de la fermeté, ternit l’image des leaders et crée des doutes sur l’objectivité de leurs futures décisions. Si la mise à la retraite de certains agents était une nécessité, son application hâtive doit être révisée et corrigée pour satisfaire les besoins du peuple un peu perplexe à ce point.
Face à ces réalités inquiétantes, pour combler urgemment les vacances créées dans les différents services, je viens humblement vous suggérer, Monsieur le Premier Ministre ce qui suit:
i) L’engagement à la fonction publique sans condition de toute personne ayant rendue service à la nation en qualité de stagiaire et de fonctionnaire contractuel;
ii) la reprise provisoire des retraités qui sont encore efficaces. Cela maintiendrait le peuple en confiance.
Les classes sans enseignants, les cliniques sans agents de santé, les bureaux sans serviteurs, sont entre autres, des sources non négligeables de mécontentement populaire qui pourrait dégénérer. Le peuple, selon les circonstances, est prompt aux acclamations comme aux condamnations ; ne l’oublions pas. Et puisque le CNRD a bien commencé à le servir, il doit continuer à bien le faire. Comme l’a dit la Rochefoucauld, “Ce qui est difficile dans le bien fait est qu’il faut pouvoir le continuer”.
En souhaitant que ces humbles remarques et propositions retiennent votre attention, veuillez croire, Monsieur le Premier Ministre, en l’expression de mon admiration et mes prières pour le succès de votre équipe et pour le bien-être de notre cher et vaillant peuple de Guinée.
Sanders, le 12 Février 2022
Cécé Jacques Monèmou, M.Ed
Sanders, Arizona, USA
cjmonemou@hotmail.com