Reconnaissance et remerciements.
Ayant vécu la quasi-totalité des attaques rebelles de Solondonin mon quartier résidentiel frontalier au Libéria, à Bondodou le village de refuge situé à 5 Km du centre ville et près du camp militaire de la préfecture, je me fais le plaisir d’écrire particulièrement l’ensemble de quelques circonstances réelles qui ont marqué les temps forts du moment.
Attaques rebelles, ripostes de l’armée nationale, appoint des jeunes volontaires, fuite de la population, vol, viol, scènes de guerre et de délinquance ont été les actions qui ont caractérisé l’histoire de la vie de la préfecture de Guéckédou dans l’année 2000. C’est un récit personnel, il reflète brièvement la généralité des cas dénoués dans le temps et dans l’espace, inspirés et écris dans une vérité absolue. Il n’est pas exhaustif en dépit de possibles autres témoignages. Mais il servira d’histoire pour les générations futures et de souvenir pour celle ayant vécu les temps.
Je dédie ce livre à mon feu Père Alphonse Faya KAMANO au près duquel je suis resté au village pour lui servir filialement pendant ces temps difficiles. Reconnaissance profonde à tous ceux qui m’ont encouragé, supporté et guidé pour cette écriture. Merci à LolaPlus.org pour la publication gratuite de ce récit dans sa politique de faire connaitre de nouveaux talents.
Je remercie d’avance tous ceux qui contribuerons afin que ce récit devienne meilleur. Le récit en attente de management auprès des personnes de bonne volonté intéressées pour édition. L’auteur, Fara Gaspard KAMANO, Ingénieur Agroéconomiste. Tél : (00224) 664 90 54 00 & 621 70 62 11. Email : faragaspard@gmail.com.
L’HISTOIRE DES INCURSIONS REBELLES A GUECKEDOU
Les incursions rebelles contre la ville de Gueckédou ont eu lieu dans la nuit du 5 au 6 Décembre 2000 à 00h 30 minutes à travers les débarcadères de Kiessaneye, Fodedou, Kéendou et Kenoh pour la commune urbaine, suivies des villages des Communautés Rurales frontalières de Tekoulo à 20 km, de Kassadou à 90 km et de Nongoa à 27 km respectivement du chef lieu de la préfecture. Les rebelles étaient en provenance du Liberia et de la Sierra Léone, des pays limitrophes situés respectivement au sud et au Sud-Ouest de la Guinée.
LES PRÉMICES DES ATTAQUES REBELLES
Bien avant, des tracs se font lire dans les marchés, les vidéos clubs et les centres d’intérêts de la ville, laissant apprendre les informations d’une attaque rebelle dans la préfecture. En préparatifs, les rebelles construisaient des pirogues en bois flottables depuis l’autre coté de la rive du fleuve Makona et allongeaient de même de grands bois aux endroits rétrécis de celui- ci. La Makona est un fleuve frontalier appartenant à la nation guinéenne. Ce cours d’eau avait déjà commencé à tarir en cette période, ce qui leur permettra une traversée aisée.
En réponse pro palliant, des citoyens se mobilisèrent pour former des groupes de défense locale dont la sélection des équipes retiendra des jeunes valides qui deviendront les ‘’ jeunes volontaires’’ et qui combattront plus tard aux cotés de l’Armée nationale. Ces jeunes qui veilleront matins et soirs le long de la Makona pour faire la sentinelle. De là, ils entendaient des voix criantes dans la nuit, ces voix s’adressaient au peuple Kissi, autochtone de la préfecture, et disaient : ‘’ parents, préparez- vous, rangez vos bagages, réunissez vos provisions, alertez vos enfants,…nous viendront…’’. Ces informations étaient remontées au camp militaire de la préfecture par les chefs de quartier Norbert Koundouno et Alphonse Faya Kamano, au chef de bataillon le commandant MamadoubaToto et à la Mairie principalement à Madame Sia Kondano.
Pour la cause, on octroyait des fusils de calibres douze automatiques, des cartouches de balles, des torches et des piles aux jeunes volontaires qui s’étaient engagés pour la défense du bercail. Les citoyens cotisaient et apportaient de la nourriture dans les brigades de quartier pour encourager ces vaillants jeunes à la défense de la ville. Les mythes prévoyaient la protection des maisons en enroulant autour de celles- ci des lianes de patates et en y fixant des boutures de manioc aussi, ceci, en prévention contre une éventuelle destruction.
Les personnes, elles, se faisaient vacciner de fétiches anti- balles auprès des Guerzés et des Tomas, ethnies voisines qui disposent du secret d’anti balles, d’anti couteau, d’anti poison et d’invulnérabilité. Ce pouvoir de sorcellerie au compte du bienfait est d’une impressionnante aptitude de déviation et ou de résistance face aux balles de fusil. Il s’agit d’une poudre de couleur noire qu’on administrait de par la peau au niveau des épaules, de la poitrine, du dos et des pieds pour la plupart des gens, et, d’autres se faisaient tatouer même à la tête. On comptait quatorze traits disposés en série et quatorze autres en bas, parallèles à la première ligne, pour chaque coté vacciné, soit 84 traits en moyenne pour un individu vacciné. Ces amulettes se donnaient sous reconnaissance du chef de famille et ou du chef de quartier par mesure de prudence et se faisaient à des lieux restreints dans les quartiers. L’ambiance pour les fêtes de fin d’années fut teintée de doute et de peur. Le temps était beau et toujours le même.
Pour leur part, les enfants entamèrent certaines blagues, simulant la guerre entre deux camps adverses. Ils fabriquaient des armes en bois et formaient des équipes qui étaient soi-disant belligérantes. Ils s’appliquaient à les tirer en imitant le son possible d’une arme. On les entendait dire ‘’ pon’ pon’, kbooum,..’’ et couraient les uns derrière les autres entre les maisons. Les premiers à crier feu réclamaient à l’adversaire de tomber car il a été fusillé selon leur norme de jeu. Les refugiés qui y vivaient, notamment les femmes cohabitantes, déconseillaient vivement ces blagues. Elles retraçaient que c’est ainsi que commencèrent les prémices de la guerre qui les fait vivre aujourd’hui en Guinée. Elles s’apeurissaient au fur et à mesure que les informations de la venue des rebelles remontaient et se demandaient où iraient- elles vivre encore pendant que le coût de la vie leur est difficile. Bien avant, elles recherchaient du job de maisons en maisons demandant à faire de la lessive, de la cuisine ou d’autres activités chez des autochtones dans le but d’être rémunérées et ainsi pourvoir à la santé et à l’habillement de leurs enfants car pour l’éducation, ceux- ci était pris en charge par le HCR (Haut Commissariat pour les Refugiés) qui œuvrait en faveur du bien être des réfugiés en général.
La ville était cosmopolite et vachement peuplée ( Kissi, Malinkés, Peulhs, Soussou, …). Le marché était l’un des plus grands du pays où se passaient d’importants échanges commerciaux avec la participation des pays limitrophes cités ci haut et même la Côte d’Ivoire, et le mercredi était le jour du marché retenu jusqu’à nos jours. La veille de l’attaque, ce fut le constat d’un manque total de baguettes de pain chez les vendeurs, previsiblement une prévention et une procuration de nourriture par des amis assaillants déjà présents sur le terrain. Il faut signaler la présence massive à l’époque des refugies libériens et léonais dans la préfecture parmi lesquels de présents rebelles existaient et qui serviront d’indicateurs les temps suivants. Ainsi, dans la nuit du mardi au mercredi 6 Décembre 2000, la ville autrefois grand pôle d’attractions économiques se voit attaquée par des rebelles.
LES ATTAQUES
En fin, c’était vrai, des coups de fusils retentirent la nuit du jour indiqué dans les tracs tout au long des débarcadères de la commune urbaine qui est située à plus ou moins 1km de la frontière Libérienne. Par Kéendou, un village frontalier situé à 700 m de Solondonin le quartier où nous habitions avec Finda Matta Tolno, fille de Tolfabi (Tolno Fara Bimba, brave Enseignant de la place), petite à l’époque, à qui remonte l’initiative de ce récit. Nous venions juste d’entrer de l’annexe où nous aidions le frère Elie à vendre du pétrole et de la cigarette au bord de la route chez tonton Felix Koumassadouno. Et nous levions le camp tout juste dès les premiers coups car nous avions déjà faits nos effets nécessaires sous la prescription de mon père. Bonne partie des familles commencèrent aussitôt à fuir sous le réveil des fusils et des canons.
Démunis mais stratèges, les rebelles qui disposaient de PMAK en majorité, de fusils mitrailleurs, de lances- roquettes, utilisaient aussi malicieusement une tronçonneuse insérée dans un fût qui propulsait un grand bruit semblable à celui d’une grande arme tirée quand ils la ronflaient instantanément. Les rues peuplaient au fur et à mesure que les tirs grandissaient. Soudain, avant de quitter le quartier Solondonin, nous entendîmes une roquette sur Kéendou, elle éclaira le village à son explosion. Tenant une valise sur la tête, je tournai le regard pour visionner de loin la flamme et je heurtai mon pied droit à un caillou en voulant reprendre le chemin. Ce heurt me propulsa et me fit marcher à moitié courbé sur quelques mètres puis j’eus l’équilibre de me relever.
Les familles se démembraient avec surtout certains enfants embrouillés qui empruntaient différentes voies que leurs parents aux sortir des maisons et qui se faisaient rechercher par ceux- ci notamment par les mamans qui éprouvent plus d’amour. Mais aussi, d’autres enfants se faisaient oublier par leurs mères qui prenaient des coussins ou d’autres objets qu’elles s’attachaient aux dos croyants que c’étaient leurs petits qu’elles se faisaient porter par suite d’embrouillement. Nous fuyons vers notre village natal, Bondodou. A l’orée du double pont sur la Boya, fleuve qui traverse et divise la ville en deux, nous rencontrions des personnes qui se dirigeaient à la mosquée de Boyada aux fins de partir prier cette nuit là. Ils parlaient Malinké. Les populations fuyaient la ville en marchant des kilomètres vers les villages de l’intérieur qui se peuplaient de jours en jours.
Dès le lendemain un soi-disant chef de ladite rébellion du nom de Mohamed Lamine FOFANA, intervenu sur les ondes de la radio BBC et confirma avoir siégé Gueckedou tout en ne donnant pas sa position exacte au journaliste quand celui- ci lui demandait, mais confirmait toujours la prise en otage de la ville par ses hommes. Des dizaines de morts par balles et, d’autres, morts par suite de crise due aux bruits des tirs d’armes lourdes, se font voir le lendemain. Certains retrouvés et d’autres non, dont les corps pourrissaient dégageant des odeurs nauséabondes. Près des écoles adventistes du quartier, on retrouva la mère de Mr Robert, Directeur de ladite école, fusillée par les rebelles et son corps laissé au bord de la route. De même à Kansolin, un secteur dont la route mène au débarcadère de Kiessaneye, le plus grand de la commune urbaine, les rebelles s’attaquèrent spécialement au domicile de Monsieur Souro Sossouadouno, juge de paix à l’époque et y tuèrent cinq innocentes personnes dont deux enfants qu’ils abandonnèrent les corps au dehors.
L’armée patiente, garda le silence toute la nuit et se regroupa à sa base sise au Bataillon Autonome de Gueckedou situé à Bandalo à sept kilomètres du centre ville et a mené une riposte dès l’aube. Des troupes, des chars et des pics- up munis de mitrailleuses de diamètre douze virgule sept, patrouillaient la ville. L’armée se faisait aider de plus en plus par des jeunes volontaires qui, bien que non formés encore dans l’armée avaient cependant des notions du terrain et un engagement particulier pour la défense de la patrie sans oublier l’espoir d’être un jour incorporés dans les rangs des Forces Armées Guinéennes. Ils portaient des tenues militaires et furent dotés d’armes de guerre. Les assaillants, comme des voleurs, se font procurer de vivres et de non vivres et de replier le même jour. Ils capturaient des gens et faisaient prendre les butins aux plus jeunes qui les transportaient de la ville à la frontière. Les jeunes filles prises, devenaient leurs femmes, les garçons, eux, les ouvriers ou les enfants de guerre. Certains kidnappés réussirent à s’échapper en profitant des gigantesques bruits jamais entendus, ceux des tirs d’armes de BM21 et de Grade P par l’armée nationale, ce fut le cas du voisin Clément, un adulte habitant au bord de la grande route et qui se fit attraper lorsqu’il fit involontairement un bruit à la fenêtre d’où il les guettait passer. Et d’autres, n’ont plus jamais été revus par leurs parents comme le vieux Saa Bar, boucher de porcs, domicilié à Heremakono.
Rebelles et capturés s’embrouillaient à ces grands tirs, mais les rebelles qui reprenaient vite position tiraient en rafale sur les fuillards. Une unité d’artillerie de l’armée venait poser une BM21 sur la colline de Kango, un autre quartier frontalier situé sur des hauteurs, elle orientait ses tirs au Liberia et cadraient surtout les forêts rondes qui indiquent naturellement la présence de villages au bas de celles- ci. Beaucoup de tirs y partaient toutes les fois que l’armée emmenait cette arme à cet endroit. L’armée reprenait ainsi le contrôle de la ville. Les gens revenaient enterrer leurs parents morts, ce fut le cas de Delphine, une camarade de l’école élémentaire qui trouva la mort abandonnée à l’hôpital préfectoral le lendemain de son intervention chirurgicale. Elle y était restée deux jours sans soins mais aussi sans manger ni boire, le personnel ayant fuit. Plusieurs autres cas de morts restés dans des maisons. Nous vîmes aussi des rebelles tués, dont un dépecé à la machette et son corps posé sur le mur du rond point de l’ancienne Gendarmerie, située entre la poste et l’Eglise catholique.
VOL ET RECCURENCES
Peu de maisons étaient détruites en cette première attaque. Des bandes de voleurs autochtones se formaient et envahissaient les maisons des personnes nanties en fuite. Ils y volaient biens et argent et s’accaparaient des animaux domestiques dans les quartiers de sorte que ce fut un autre souci pour les populations, car ils décoiffaient même les maisons.
Un jour nous apprirent que les militaires et un nombre important de civils avaient capturé un voleur chez le colonel Keoulén Kamano dans le quartier Waoutoh. Ils le ligotèrent avec un gros caillou au dos, le bastonnèrent et le jetèrent au fleuve Waou qui coule près du quartier et dont celui- ci prends son nom. Ce voleur, c’était Dormer Kayé, un ancien élève récalcitrant du collège Sokoro connut pour ses habitudes de vol dans le quartier. La nouvelle circula en ville bien qu’avec peu d’habitants retournés encore. Elle servait de leçon pour d’autres qui en faisaient autant mais qui n’étaient pris encore la main dans le sac. C’est le cas de quelques jeunes volontaires qui ne s’appréhendaient guère, mais on les retrouvait avec des objets importants (lits, feuilles de tôles, moteurs, motos, meubles, … à Tolobengou, Mongo,… des agglomérations péri-urbaines qui peuplaient de jour en jour).
Désormais c’est le district de Tolobengou, relevant de la Commune Rurale de Guendembou qui abritera le marché de la ville. Situé à 11 km du centre ville, ce village entassé sur la Nationale numéro deux Gueckedou- Kissidougou connaitra l’ère de sa plus grande démographie. Peuplé jusqu’aux bords du fleuve Waou par les villois qui s’y refugiaient. Ils y construisaient des maisons d’urgence en charpente de bois battues de terre ou de briques en terre battues. D’autres, d’ailleurs des jeunes, dormaient autour des maisons après avoir veiller beaucoup. Des bars et des buvettes devenaient de plus en plus nombreux et le village devenait plus que vagabond. On y rencontrait jeunes volontaires, soldats, civils et des personnes venues des villages et d’ailleurs faire le marché. Le jour du mercredi était toujours maintenu pour le marché. C’était aussi le lieu de recherche et de retrouvaille pour enfants et personnes perdus depuis la ville.
A un moment donné, le calme revenait peu à peu dans la ville, certaines familles prenaient le courage de revenir s’installer, pendant que d’autres avaient déjà atteint Kissidougou, Conakry et d’autres villes où pouvaient se trouver leurs proches. La plupart de ceux qui habitaient les quartiers périphériques gardaient encore un peu de peur et se faisaient loger à Kwamen, Heremakono, Sandia, Balladou,… des quartiers un peu distant de la frontière. Nous, on revenait encore chez nous à Solondonin, sous les manguiers et les bananeraies, rejoignant notre chien Toupasse qui se réjouit de nous revoir en nombre car seul moi venais lui donner à manger quand papa me donnait de l’argent pour acheter un plat de riz et lui en apporter. Aussi je revue mes lapins que j’eue l’intelligence de libérer avant de fuir l’autre fois. Certains lapins reconnaissaient leurs clapiers et leur maison, d’autres, une fois en brousse n’y sont plus revenus notamment ceux qui y faisaient mise bas. Je les rassemblai et commençai à leur nourrir d’herbes, de pain et de restant d’aliments.
On se familiarisait avec les militaires et les jeunes volontaires qui étaient devenus les propriétaires de la ville, les gardiens de la paix et de la sécurité. Nous recommençâmes les cours, mais en ce début on y trouvait peu d’élèves et peu d’enseignants. J’étais au niveau 10ème Année au collège Sokoro. Le temps et le climat étaient beaux, le ciel parfois nuageux de fumée et l’harmattan y soufflait. Certaines femmes commencèrent à revendre au bord de la route.
Peu de temps après l’essai de la reprise du cours normal de la vie de la ville, ce fut une deuxième attaque qui se perpétrait à nouveau. Les rebelles revenaient avec beaucoup plus de forces depuis leur source et agissaient avec moins de pitié sur toutes les personnes rencontrées. Ils arrivaient vers 8h 30. Ils se rendirent au collège Sokoro, un établissement scolaire proche du débarcadère de Kiessaneye aux fins d’assiéger l’école et démettre les éleves de leurs uniformes de couleur kaki qu’ils porteraient puis se dirigeraient certainement vers le camp militaire comme des élèves qui recherchent de la protection auprès de l’armée, les armes cachées par derrière à cet effet, et ce, ne faisant aucune action jusqu’à atteindre l’enceinte du camp.
Mais nous avions déjà entendus les tirs et le principal du collège Mr Leon Tamba Koundouno, un vieil homme strictement rigoureux, avait déjà donné l’ordre de libérer les élèves tout en levant le ton dans la cour pour crier conseils dans un mouvement de désordre total : ’’ rejoignez vos familles, ne tardez nulle part ’’ ! Nous prenions la fuite filles et garçons. Avec mon camarade Georges Malano dit Pompidou lequel nous habitions ensemble, nous utilisions des raccourcis pour rejoindre la maison. Nous courions en guettant de gauche à droite et en écoutant les tirs. Juste avant d’arriver au carrefour Bongoe, nous entendîmes des tirs par derrière un endroit que nous avions passé dessus à travers le raccourcis emprunté. Je savais que mon père et ma mère étaient inquiets mais il me fallait du temps et de la prudence dans l’échappement. Par suite de ces tirs proches, nous avancions dans un couloir de maisons proches de la route du débarcadère pour visionner de loin la grande route qui y mène et sur laquelle les rebelles étaient entrain de venir. Les tirs se multipliaient et nous passaient dessus, nous comprimes qu’ils étaient proches de l’endroit de notre cachette et du carrefour. Nous y restions sans parler et sans bruit majeur sauf celui de notre respiration. Et nous vîmes tout à coup de jeunes personnes sans uniformes, certains grands, et d’autres petits, passer en un groupe allongé sur la route. Il y’en a qui portaient des cheveux enrôlés, des coiffures au crâne à moitié rasé, des chaînes de cauris blancs au cou, certains en pantalon, d’autres en culottes, en chaussures et d’autres avec de longues chaussettes qui occupaient la rue de leur passage dangereux. Chacun d’eux tirait instantanément, criait et insultait à sa manière. Nous les regardions passer sans penser les compter, plutôt soucieux qu’ils ne tirent vers nous. Ils pouvaient être une cinquantaine sur cette route. Lorsqu’ils eurent dépassé notre coin de cachette, nous attendions un peu de temps encore avant de se précipiter et traverser la route en courant puis de traverser aussi le bas- fonds de la Kasa, une ancienne boite de nuit sise à Kwamen, et de rejoindre la maison.
Une déterminante intervention de l’armée les interceptait au marché. Les tirs de plusieurs armes se firent retentir et ce, pendant plus d’une heure et demi. Les chars blindés intervinrent, ce ne fut pas facile pour les rebelles qui repliaient. Furieux, ils tiraient sur des personnes malchanceuses rencontrées ce jour. Ils mettaient certaines maisons au feu et recherchaient même celles de certains hôtes qui ont dû les peiner lorsqu’ils étaient là en refugiés. D’autres maisons aussi avaient la malchance que les obus de l’armée leurs tombent dessus et de se calciner ainsi. Le calme fut revenu d’un moment à l’autre. Les militaires patrouillaient la ville, chargés dans des pics- up, d’autres, marchaient derrière le char, un gros engin visiblement blindé avec un long canon mobile.
Ceci rassura les populations revenues qui s’apprêtaient à de nouvelles dispositions, celles de quitter le quartier pour observer un bon moment ailleurs. Ce fut le cas de ma mère qui en voulait à mon père de revenir si tôt s’installer. Ainsi, mes parents décidèrent de partir du quartier Solondonin dès le lendemain. Ce fut fait ainsi, nous déménageâmes à Kwamen, un quartier voisin. Les fêtes de fin d’année ne se passèrent pas bien. Là, nous logions coincés près d’un bas- fonds avec quelques habitants à coté. Notre hôte était Tonton Phillip Komba, un excellent calligraphe qui faisait des pancartes pour l’ONG Plan Guinée et pour d’autres particuliers. Ma sœur Sia Elizabeth âgée de treize ans, faisait du sandwich qu’elle vendait dans des emballages plastiques au bord de la route chaque jours que rien de mal ne s’affichait.
À suivre …
Philadelphia USA, Xolomo Tokpa pour www.LolaPlus.org