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Saturday 9 November 2024

Procès du 28 septembre : Blaise Goumou charge Toumba Diakité à la barre

Après 15 jours d’interrogatoires intense de capitaine Moussa Dadis Camara à la barre, au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à Kaloum, un nouvel accusé a été entendu ce mercredi, 25 janvier 2023, dans le procès du massacre du 28 septembre 2009.

Il s’agit de l’office chargé de la lutte contre la drogue et du grand banditisme, colonel Blaise Goumou. Dans ses dépositions, il a chargé le commandant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba. Il a déclaré que Toumba Diakité a tiré sur les manifestants au stade avec ses hommes, lors des événements du 28 septembre 2009.

 Nous proposons l’intégralité de sa déclaration devant le tribunal

« Le 28 septembre, comme à l’accoutumée, nous sommes sortis pour nos patrouilles. Moi, j’ai quitté le camp Alpha Yaya, je suis allé à Enco-5, puis je suis descendu vers Lambanyi. Et de là-bas, je suis passé par Hamdallaye pour aller vers le stade. Mon ami Tiégboro m’a appelé, il dit : tu vas où ? Je lui ai dit je suis sur la bretelle de Hamdallaye.

Il dit : OK, moi je vais là-bas (au stade), je vais sensibiliser ces gens-là pour que dans la mesure du possible, ils acceptent de reporter la manifestation à demain ou après-demain. J’ai dit que les gens que je vois sont très nombreux, il a répondu qu’il ne va pas là-bas pour la guerre. J’ai dit : tu as raison. C’est quand même un monsieur à féliciter. Il a dit certaines choses à la barre ici, c’est de la réalité. Tiégboro est allé au stade, après je suis parti le trouver là-bas, mais sous un applaudissement qui ne disait pas son nom.

Il était au milieu de la foule, il parlait. Mais ceux qui étaient un peu éloignés de cette foule n’entendaient pas ce qu’il disait. Donc, il est monté sur un pick-up et a commencé à parler. Entretemps, il y a eu un groupe qui quittait vers Madina en direction du stade. À partir de là, il y a un policier qui a lancé du gaz lacrymogène. Vous savez, les manifestants, quand vous lancez du gaz, ils vont réagir. Donc, c’est à ce moment-là que des gens ont lancé des cailloux vers Tiégboro. Il est descendu du pick-up, il est parti vers les leaders pour les sensibiliser afin qu’ils puissent aller vers leurs militants pour un éventuel report.

Pendant ce temps, moi je cherchais à récupérer mes hommes, on est resté là-bas. Je vous assure, monsieur le président, jusqu’au jour d’aujourd’hui, quand je pense à ça, j’ai des remords. Parce que c’était ma première fois de me retrouver sur un lieu de manifestation avec des bérets rouges de la garde présidentielle. Je le regrette, parce qu’ils sont venus gâcher nos efforts. Ils sont venus à bord de quatre à cinq pick-up, ils sont descendus, c’est Toumba qui était devant. Quand Toumba est descendu, il s’est arrêté comme ça, les autres aussi sont descendus, ils l’ont encerclé. Et il a pris le départ pour l’intérieur du stade en tirant.

Nous, on s’est dépêchés pour quitter les lieux, parce qu’on ne pouvait pas y rester connaissant Toumba… Il est venu ici, dans son plan d’intervention, il a misé sur la récitation des versets coraniques pour faire savoir aux gens qu’il est limpide. Monsieur le président, si vous aviez eu la malchance de découvrir Toumba pendant le temps du CNDD, vous l’auriez haï à jamais. Il a dit la fois dernière ici qu’il ne m’a jamais connu. Il ne pouvait pas me connaître parce que je ne posais aucun acte de nature à attirer l’attention des gens sur moi. Donc, on s’est retirés, mes hommes et moi. On ne pouvait pas parler à Toumba.

Quand on a quitté, je suis allé au camp. Et vers le soir, j’ai suivi à la radio le témoignage de Jean Marie Doré qui félicitait le colonel Tiégboro. Il a dit que c’est grâce au colonel Tiégboro qu’il a eu la vie sauve avec Cellou Dalein et Sidya Touré (…) Alors, Toumba qui dit qu’il n’était pas proche de Dadis, après trois mois, il a eu un poste de responsabilité que je n’ai pas eu. Il a eu des véhicules que je n’ai pas eus. Il a eu de l’argent que je n’ai pas eu. Entre nous deux, qui peut s’estimer heureux ? Qui peut s’estimer bénéficiaire de ce pouvoir ?

Un aide de camp du président de la République qui a joué un rôle, qui a dépassé ses prérogatives… Le président Dadis est un homme de Dieu. Sinon, on l’aurait éteint dès les premières heures. Il (Toumba) est l’aide de camp du président de la République et en même temps, il est le commandant de la garde présidentielle. Mais je ne cherche pas ailleurs, je cherche des preuves dans sa propre déclaration », a déclaré le colonel Blaise Goumou.

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