À ce stade du Procès, un constat majeur s’impose :
Certains militaires inculpés sont des enfants ou des protégés des officiers.
Ils ont vraisemblablement intégré l’armée sans concours ni appréciation préalable de leur niveau ni de leur moralité. C’est valable dans les autres corps habillés.
C’est pourquoi l’indiscipline notoire a élu domicile dans nos Forces de défense et de sécurité.
La pratique a commencé au milieu des années 80.
Le défunt Colonel Ousmane Conté est le fils du Général Lansana Conté.
Commandant Tumba est le fils d’un Colonel.
Commandant Paul Mansa Guilavogui est le fils d’un Colonel.
Général Sékouba Konaté est le Fils d’un Commandant.
La liste est longue. Très longue.
Chacun de ces officiers a fait recruter ses enfants et d’autres proches.
Tumba, Dadis, Konaté et bien d’autres l’ont fait en grand nombre durant la Transition 2009-2010. Chacun avait un quota a-t-il dit à la barre.
Sans concours, le Garde de corps du Président a fait recruter 16 éléments à lui seul.
Que dire des autres officiers.
Tous ces recrutements ont été faits sur la base de tests d’évaluation ouverts à tous les fils du pays ?
Comment pouvons-nous avoir une armée disciplinée et républicaine sur cette base ?
La pratique a continué sous le régime d’Alpha Condé sur fond de militantisme politique, malgré les efforts de refonte de casernement.
En clair, depuis près de 40 ans, l’intégration dans nos forces de défense et de sécurité se fait globalement par népotisme et par clientélisme.
Ces deux facteurs sont inévitablement porteurs de trois maladies difficiles à guérir :
1) L’INDISCIPLINE DANS LES RANGS.
Ce procès nous a suffisamment donné des illustrations indignes d’une armée républicaine.
Un Sous-lieutenant qui targue un Général et qui lui dit flanque-toi.
Un Caporal-Chef qui tabasse le même Général qui pourrait avoir l’âge de son père.
Un Capitaine qui arrache les galons d’un Colonel.
Un Chef de la junte qui a peur de mettre son aide de camp aux arrêts et qui dit que lui-même ne peut pas contrôler cette armée.
La liste des faits de tristes célébrités est longue. Hélas.
2) LES LIMITES INTELLECTUELLES ET PROFESSIONNELLES de certains de nos hommes.
À ce sujet, le Président Alpha Condé n’avait-il pas dit (avec railleries) que notre armée compte des Colonels qui ne peuvent même pas s’exprimer en français ?
Je veux voir ce Colonel échanger avec un Caporal Béninois ou Sénégalais !
3) LE FAVORITISME DANS LES ÉLÉVATIONS EN GRADES ET DANS LES NOMINATIONS.
C’est seulement en Guinée où des Capitaines sont devenus Généraux en 18 mois, sans concours ni hauts faits de guerre.
Des Sergents sont devenus Commandants….
Les nominations des officiers dans les fonctions de Commandants des Groupements dans les Préfectures, de Commandants de zones militaires, et autres structures supérieures se font sur des bases apparemment proches du népotisme.
Tant que ces pratiques perdurent dans nos Forces de défense et de sécurité, la République, notre République sera en souffrance et notre démocratie en perpétuelle menace.
Cependant, nous avons des oiseaux rares dans nos forces de défense et de sécurité.
Mais, soyons sérieux !
Notre armée n’est-elle pas le reflet de notre administration publique ?
Le CNRD doit prendre les choses en main pour redorer le blason de l’ensemble de nos Forces de défense et de sécurité.
C’est un long processus qu’il doit engager dans l’esprit de la refondation de l’Etat.
L’action sera parachevée par la gouvernance future.
De ce que nous entendons dans ce procès fortement médiatisé, rien ne fait honneur à la République.
Pourtant, c’est l’une des faces de notre Etat ; la réalité de notre gouvernance militaire et administrative.
Vivement, les mesures correctives pour la restauration de la discipline, de la formation et de la justice dans tous les corps habillés, et…même dans notre administration.
Par ailleurs, entendez les pseudonymes de certains de nos officiers interpellés ou cités à la barre :
Beugré (Footballeur Ivoirien)
Kalonzo (Footballeur Zaïrois)
Tumba (Footballeur Zaïrois)
Makambo (Musicien ou Sapeur Zaïrois)…
Il y en a bien d’autres.
Aucun pseudonyme de célébrités intellectuelles ou militaires.
C’est tout dire.
Ibrahima Jair Keita Assureur