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Thursday 21 November 2024

Présidentielle en Gambie: fort engouement pour un vote apaisé

Les Gambiens étaient appelés aux urnes pour élire leur président lors d’une élection à un tour. Six candidats sont en lice pour succéder à Adama Barrow dont la victoire surprise en 2016 avait mis à plus de deux décennies de régime dictatorial de Yahya Jammeh. Et les électeurs semblent avoir répondu présent avec de longues files d’attente dans centres électoraux de Banjul notamment.

Le dépouillement a commencé avec plusieurs minutes de retard en raison de l’affluence dans le bureau numéro trois de la mosquée centrale, quartier Ker-Sereign, de Banjul. La loi prévoit de laisser voter après l’heure officielle tous ceux qui attendent dans la file, même si, à 17h, les forces de sécurité ont fermé les portes de la cour transformée en centre électoral.

Les gens sont venus nombreux et cela réjouit le président du bureau : « On est très content, on a eu beaucoup de votants.

Maintenant, on va compter les votes. » À ses côtés, les représentants des candidats présents font part aussi de leur satisfaction après une journée sans incident. Ils montrent les feuilles d’émargement quasiment pleines avant de condamner l’entrée des urnes pour commencer le dépouillement.

Un dépouillement en petit comité

En Gambie, en raison du système de vote à billes, on appelle plutôt cela le comptage et l’opération est plutôt rapide et efficace. Chaque urne est descellée, vidée sur une planche à trous d’une capacité de 200 billes. Dès que tous les responsables et représentants se sont mis d’accord sur le nombre, les billes retournent dans l’urne, sont scellées de nouveau et conservées en cas de contestation.

Un comptage qui se fait en petit comité. Selon la loi électorale gambienne, seules les personnes accréditées peuvent y assister, un héritage des années Yahya Jammeh. Et une règle que le président de ce bureau de Ker-Sereign applique à la lettre, n’hésitant pas à demander à ceux qui n’ont pas d’autorisation de quitter les lieux.

Une journée d’affluence

Dans ce bureau de vote numéro trois, l’affluence s’est bien traduite dans les urnes. Sur les 697 votants inscrits sur les listes électorales, ils sont 615 à s’être déplacés. Et en effet, tout au long de la journée, il aura fallu s’armer de patience pour voter à Banjul. Cela n’a pas dérangé Fatou, longue robe orange, elle dit avoir attendu longtemps : « Ce n’est pas la première fois que je vote, mais aujourd’hui, c’est très différent. Il y a beaucoup de monde, mais je suis heureuse d’avoir voté. »

Une affluence que plusieurs observateurs qualifient d’exceptionnelle. Ce journaliste gambien nous confie n’avoir jamais connu cela à cette échelle et il s’attend à un fort taux de participation.

Il y a trop de monde ici ! C’est différent car à l’époque de Yahya Jammeh, on se disait : “bon, ça ne sert à rien de voter, puisque même si je vote, il va quand même gagner et je préférais rester à la maison”.

Dans les files d’attente, beaucoup de jeunes et de femmes comme Saly : « Moi aussi, j’ai aussi attendu longtemps. Il y a beaucoup de femmes qui sont là pour voter. Ça me rend heureuse, car je pense que le changement est en marche. Il faut que la Gambie aille de l’avant, les prix sont trop élevés, il faut que les choses changent. Comme il y avait plus de candidats que d’habitude, ça a motivé les gens pour venir. »

L’attente des résultats

Mariama a fait partie des dernières à voter ce samedi. Pas question pour elle de rater ce moment : « C’est tellement important, ça va porter ma voix. Je suis confiante pour la suite. On va avoir un processus très apaisé. Regardez l’ambiance, elle est tellement cool, on se parle entre nous, on discute. Il n’y a pas de tension. »

À Banjul, l’ambiance était effectivement calme et joyeuse dans les centres. Même la présence des forces de sécurité s’est faire discrète. Ils étaient là en uniforme. Pour sécuriser les 1 400 bureaux de vote, tous les corps ont dû être mobilisés. La plupart des agents sur le terrain n’étaient pas armés.

Le dépouillement terminé, les yeux se tournent désormais vers la Commission électorale. En Gambie, la compilation est connue pour aller vite. En 2016, la victoire d’Adama Barrow avait été annoncé dès le lendemain du vote. Les Gambiens espèrent donc être fixer sur le nom de leur futur président ce dimanche.

Dès que je suis arrivée, on m’a dit dans quelle file me placer, on m’a demandé ma carte d’identité. C’est le mieux qu’on puisse faire ! Nous n’avons pas les dernières technologies ici, donc je pense que tenir les isoloirs et faire ça aussi bien… Oui, ils ont fait du bon boulot ! Je suis fière d’eux.

 Les observateurs saluent un climat apaisé

Près de 1 000 observateurs étaient déployés pour cette élection dans les plus de 1 400 bureaux de vote du pays. Des missions internationales, mais aussi locales qui commencent à rendre leur premier bilan. Dans l’ensemble tous saluent l’engouement des électeurs pour ce scrutin.

Le Wanep, le réseau ouest africain pour la consolidation de la paix, avaient 150 observateurs sur le terrain. Lors de la conférence de presse en clôture de cette journée électorale, ils ont fait le point sur les quelques incidents qu’ils leur sont remonté.

« Globalement, du début à la fin le processus s’est très bien déroulé, explique Julien Oussaou, coordinateur régional au bureau de Wanep au Ghana. Il y a eu quelques cas isolés de billes trop grandes pour rentrer dans les urnes, mais la Commission a réagi assez rapidement. Pour l’instant, et c’est ce qui est intéressant, toutes les PV des bureaux de vote ont été signées par tous les représentants des candidats. Nous espérons que cela puisse influencer la période post-électorale. »

Les observateurs n’ont pas terminé leur travail. Ils préparent notamment des recommandations pour faire évoluer le processus électoral en Gambie pour qu’il réponde aux besoins et aux enjeux de cette jeune démocratie.

RFI

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