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Friday 22 November 2024

N’zérékoré /Teinturerie : La Présidente Mme Marie Françoise Lamah dévoile tout ( interview)

Malgré les difficultés rencontrées par les femmes teinturières de N’Zérékoré dans la fabrication de leurs pagnes traditionnels communément appelés « forêt sacrée », elles valorisent leurs produits. Pour joindre l’utile à l’agréable, plusieurs moyens sont utilisés afin d’atteindre leur objectif, surtout en cette période de crise sanitaire. Rencontrée par le correspondant régional de lolaplus.org, Marie Françoise Lamah, présidente des femmes teinturières de Zaly, a expliqué dans cette interview, les matières premières qui entrent dans la fabrication de ce pagne ainsi que les différentes qualités et couleurs produites.

Lisez !

Bonjour madame la présidente !
Bonjour lolaplus.org !

Alors pour commencer, dites-nous c’est quoi le pagne « forêt sacrée » ?
Le pagne « forêt sacrée » est un textile traditionnel, fabriqué par les tisserands ou à partir des pagnes vierges (tissus blancs) qu’on achète au marché. On y applique de la teinture faite à base de la cola, des feuilles, des écorces et de la boue avec laquelle nous faisons des dessins. Nous cousons certains avec des modèles de chez nous.

Nous remarquons aujourd’hui que ces pagnes sont aussi fabriqués dans quelques préfectures du pays. Quelle est la différence ?
La différence est que certains n’utilisent pas la cola, les écorces, la boue. Ils font tout avec la peinture. Surtout tout le dessin aussi. Mais il faut noter tout de même, il y a plusieurs qualités de forêt sacrée chez nous aussi. Il y a ces pagnes forêts sacrés que nous faisons juste pour l’habillement, ce que je fais uniquement d’ailleurs. Pour les Donzos, ce sont eux-mêmes qui font la commande et nous les fabriquons avec les ingrédients de chez nous (cola, écorces, boue) puisque c’est ce qu’ils aiment.
Toujours dans cette fabrication, à la différence de nos ancêtres qui mettaient ces tissus dans l’eau de feuilles d’arbres pour les faire bouillir avant d’obtenir la couleur noirâtre. De nos jours, nous ne passons plus par tous ces détails-là. Nous achetons tout simplement ces colorants au marché pour les faire. Soit le bleue, le vert, … Mais également, aujourd’hui à travers nos recherches, nous avons trouvé des feuilles qui donnent la couleur violette sans colorant. On fait aussi le jaune avec la cola, mais il y a la manière de le faire. C’est pourquoi nous avons des difficultés avec certains de nos clients. Ils disent simplement forêt « sacrée », sans faire la différence, car il y a des forêts qu’on fait avec la teinture et d’autres avec les ingrédients traditionnels que j’ai déjà cité.

Toute activité est source de problèmes. Sur ce, parlez-nous des difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre métier ?
D’abord je commencerai par remercier le Pr Alpha Condé pour la construction de ce bâtiment (la maison artisanale). Le projet était là depuis que j’apprenais la teinture. Les difficultés que nous avons maintenant, sont celles liées à cette maladie de Coronavirus qui fait qu’on ne travaille plus. Sinon même aujourd’hui, il y a des clients ici mais, on ne pourra pas violer la loi parce le rassemblement de plus de 20 personnes est interdit. Nous avons quand même des lots de tissus blancs stockés avec nous ici que les clients ont commandé depuis un mois maintenant, mais nous n’avons pas le choix. Et actuellement, tellement que les choses sont compliquées, même ce que je dois manger par jour, je le gagne difficilement. Et nos clientes qui viennent prendre les gros lots avec nous pour envoyer à Conakry afin de monter les projets, tout est arrêté.

Votre message à l’endroit des autorités guinéennes et la population ?
Nous demandons aux autorités de nous aider à avoir des financements. Qu’elles nous aident à faire des projets nous-même. Ça nous manque beaucoup. En plus, je lance un appel à toute personne qui veut apprendre ce métier de venir nous rejoindre parce que je suis vieille maintenant. Je leur donnerai le peu que je connais dans ce métier, car on ne peut pas tout connaître. Qu’ils viennent pour qu’on se donne des idées et travailler ensemble.

Madame Françoise LAMAH, présidente des femmes ceinturières de N’zérékoré, merci pour votre disponibilité.
C’est à moi de vous remercier pour l’opportunité qui m’a été offerte afin de parler de notre situation.

Entretien réalisé par Moussa Moïse Camara, pour lolaplus.org

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