Il y a de cela 10 mois qu’environ 43 personnes ont été arrêtées en marge des conflits liés au double scrutin contesté du 22 mars dernier dans la commune urbaine de n’zérékoré. Parmi ces détenus politiques, 35 personnes ont été libérées et placées sous contrôle judiciaire le 28 septembre 2020. Les épouses de quelques détenus se sont donc donné rendez-vous ce lundi 18 janvier 2021 en face de la justice afin d’exprimer leur désarroi et plaider pour l’obtention de la libération de leur époux.
Kolié Eugénie, une des épouses interrogée a expliqué le motif de leur présence près le tribunal de premières instance de n’zérékoré. « Depuis le double scrutin (référendum et législative), ils ont pris mon mari et l’ont envoyé à Kankan. Il y a de cela 10 mois qu’ils n’ont pas trouvé solution à ce problème. Je les prie de m’aider. Je n’ai pas autre moyen maintenant.», a-t-elle lancée en pleurant.
Depuis la déportation de son époux à la prison civile de Kankan, elle peine à joindre les deux bouts. « Ils nous ont chassé de la maison ou on habitait. Mes enfants sont aussi chassés de leur école parce que je n’arrive pas à supporter les frais de scolarité et de loyer. C’est pourquoi je suis là. Il y a beaucoup de gens et même des militaires qui nous demandent de l’argent pour qu’on puisse libérer nos maris en vain. Ils ont libéré les 43 personnes et laissé les 8 autres personnes en prison. Nous ne savons pas pourquoi. J’avais donné 4 millions à une des personnes dont j’ignore le nom, mais jusqu’ici je ne le vois pas. Je demande à toutes les autorités et toutes les femmes guinéennes de nous aider », -a-telle expliqué d’un ton pathétique.
Ousmane Sanoh, substitut du procureur près le tribunal de première instance de N’zérékoré a donné les raisons de la détention des huit (8) autre prévenus. « Il y avait environ 42 détenus à Kankan mais compte tenu du contenu du dossier, nous avons au moins provisoirement libéré quelques personnes en attendant le jugement. Puisque le dossier était avec les juges d’instruction, ils ont été placés sous contrôle judiciaire. Mais des personnes contre lesquelles il y a des charges et qui ont été vu sur le terrain ont été retenues. Et ces personnes doivent être jugées. Mon procureur était en entretien avec le procureur général afin d’organiser le jugement de ces personnes en ce nouvel an 2021. Le procureur a demandé à ce qu’ils reviennent à N’zérékoré pour qu’on puisse les juger ici ou bien nous donner un programme pour qu’on se déplace pour Kankan. Les 35 personnes sont libres provisoirement parce qu’il n’y a pas assez de charge contre eux. Mais quand le jugement des autres sera organisé, ils seront tous de la partie. S’il y n’y a aucune charge contre eux à l’audience, le juge les libérera », a expliqué Me Ousmane Sanoh.
Il ajoutera plus loin qu’au lieu que ces femmes s’arrêtent en face de la justice, « elles peuvent venir nous trouver et nous leur donnerons les vrais informations les permettant de comprendre ce qui se passe ».
Moussa Moise Camara