Dans le district de Nyampara, très tôt ce samedi matin, les citoyens du village de Banjou Sud, situé à une dizaine de kilomètres de N’Zérékoré ont pris d’assaut la route N’Zérékoré-Macenta. Ils protestent contre la détention à la maison centrale de N’Zérékoré de 4 citoyens de leur village depuis treize jours. Plusieurs véhicules sont restés bloquer pendant plus d’une heure de temps avant que les forces de l’ordre ne viennent disperser les manifestants à coup de gaz lacrymogène.
Tout serait parti de l’interpellation de 4 citoyens du village de Banjou Nord, dans la sous-préfecture de Samoé, le 6 octobre dernier et détenus depuis lors à la maison centrale de N’Zérékoré.L’invitation d’un féticheur par tout le village pour récupérer des fétiches des personnes qui seraient à l’origine des empoisonnements, des tueries dans le village qui serait la cause de l’incarcération des 4 personnes, apprend-on.
Présente parmi les manifestants, dame Monique Loua très remontée revient sur les raisons de leur manifestation. « Tous les citoyens de notre village après concertation ont décidé d’aller chercher un féticheur pour débarrasser le village des mauvais fétiches qui sont à la base des décès et d’empoisonnements. Quand le féticheur est venu il a commencé à faire son travail. Dans ça, il a pris les fétiches de certaines personnes dont une vieille femme. C’est à l’issue de ça, que le fils de la femme qui est enseignant à Bowé Sud est allé porter plainte à N’Zérékoré contre le chef du village, les sages et le féticheur. Ils sont incarcérés depuis le 6 octobre à la prison civile. C’est pour demander leur libération que nous manifestions », a expliqué Monique Loua.
Dans la foulée, un des manifestants précise que leur mouvement est la résultante de plusieurs démarches menées sans suite. « C’est tout le village qui a accepté que le féticheur vienne prendre les gris-gris. Alors une seule personne ne peut pas dire que pourquoi on a pris ma maman et se lève pour aller porter plainte contre les responsables du village. Ceux-ci sont en prison il y a 13 jours. Pour leur libération, on a mené beaucoup de démarches auprès des autorités. Le dernier cas on est allé voir le patriarche de N’Zérékoré, ça c’était jeudi et il nous a rassuré que les 4 personnes détenues vont nous rejoindre dès demain. Ils ne font que nous prendre de l’argent et jusque-là elles ne sont pas libérées. C’est à cause de ça la population est sortie pour barricader la route », a témoigné Bernard Koulémou.
Revenant à la charge, dame Monique Loua, lance un ultimatum aux autorités afin de libérer sans condition leurs parents. Comme nous sommes aujourd’hui samedi on les donne dimanche et lundi pour libérer nos parents qui sont détenus à la maison centrale de N’Zérékoré. Sinon nous allons encore bloquer la route, a-t-elle menacé.
Interrogé sur la question, le procureur près du tribunal de 1ère instance de N’Zérékoré a laissé entendre que le dossier serait au niveau d’un juge d’instruction.
Informés, les agents de la gendarmerie de N’Zérékoré ont vite débarqué sur les lieux pour rétablir l’ordre.
Il faut rappeler que le 23 juillet 2018, la population du district de Nyampara avait aussi barricadé la route pour demander la libération de leur président de district qui était détenu à N’Zérékoré.
De N’Zérékoré, Bembey Woulo Kamadou pour lolaplus.org
