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Monday 18 November 2024

Massacre du 28 septembre 2009: les vérités du général à la retraite Ansoumane Camara dit Bafoé

Il était le commandant de la CMIS (Compagnie mobile d’intervention et de Sécurité) de Cameroun, unique compagnie de la police à l’époque du CNDD, dans le cadre du maintien d’ordre. A la barre du tribunal criminel de Dixinn,  le Général à la retraite Ansoumane Camara dit Bafoé a débuté son témoignage  ce mercredi 29 novembre 2023.

A la barre du Tribunal criminel de Dixinn, l’officier de police à la retraite explique qu’à la veille du 28 septembre, il a été appelé par le commissaire divisionnaire Valentin Haba (DG de la police à l’époque) qui l’a instruit de consigner tous les hommes à la base. Il précise que cette instruction faisait suite à une réunion tenue à l’état-major Général des armées.

«Ce qui fut fait. Le soir plus tard, il m’a dit que la manifestation est interdite, mais que je devais planifier mes hommes de la Cimenterie en passant par Lansanayah jusqu’à la périphérie du Stade (Fondis, Landréah port, station oasis, pharma Guinée). L’esplanade du stade devait être géré par le groupement de la gendarmerie de Dixinn. La police n’avait rien à voir avec les installations situées au stade», raconte M. Ansoumane Camara.

A 04h (du matin), témoigne l’officier, les chefs de section ont fait la mise en place des unités. Vers 05h30’, il dit être sorti pour contrôler l’effectivité de la présence des hommes aux postes indiqués. Selon le contrôleur général de police à la retraite, il était dans les hauteurs de Cosa lorsqu’il a été appelé par sa hiérarchie pour venir disperser les premiers attroupements au stade. «Je suis venu, mais il n’y avait pas assez de monde. Sans efforts, on a parlé aux gens qui étaient regroupés, ils ont quitté», a-t-il dit. C’était aux environs de 09h.

Par la suite, il signale l’arrivée du colonel Moussa Thiegboro Camara qui aurait été applaudi par la foule qu’il était venu sensibiliser. Mais, précise-t-il, le temps pour lui (le ministre Thiegboro, ndlr) de livrer son message, la foule était devenue compacte. « Certains ont commencé à lancer des cailloux », explique l’officier de police à la retraite. Il précise que le colonel Thiegboro a été descendu du camion blindé par sa garde pour le protéger.

«Pendant que j’étais à la Pharmacie Manizé, mon adjoint m’a appelé pour me dire qu’il était en face de la crème de l’opposition (Dalein, Fall, Sidya…). Comme le ministre Thiegboro était sur le terrain, il n’y a pas mieux placé que lui pour s’adresser à eux. Je suis venu l’informer, il est venu vers les leaders. Pendant qu’ils échangeaient, la foule a démonté le dispositif qui était à Dixinn. Elle s’est retrouvée sur l’esplanade. La foule était tellement compacte qu’on a tous fui pour aller attendre à Donka en face du camp Camayenne», relate l’ancien Directeur Général de la Police.

Vers 13h, de la Fondis jusqu’à l’esplanade tout était barricadé avec des obstacles qu’une seule personne ne pouvait pas dégager, déclare l’ex patron de la CMIS. D’après lui, il a fallu des camions blindés (Mambas) pour dégager certains obstacles.

Comment les tirs ont commencé

«A peine qu’on terminait de dégager la route pour arriver à l’esplanade, ça coïncidé à l’arrivée des militaires. J’ai vu deux camionnettes de l’armée plus un véhicule de commandement. Les agents sont descendus et sont rentrés dans l’enceinte du stade. Entretemps, j’ai vu le commandant Toumba qui venait seul à pied et à pas géants pour rejoindre les autres dans le stade. Il y a eu les coups de sommation. Puisque nous-mêmes, les moyens lacrymogènes qu’on avait étaient finis, on était désarmé, on se sentait en danger, on est rentré au commissariat spécial du stade. J’ai dit à mes agents que notre mission est terminée. Parce que là où les militaires débarquent, on ne peut pas.

Il y a eu des tirs, quelques temps après, à la sortie du commissariat du stade, j’ai vu le commandant Toumba venir avec des leaders blessés pour les embarquer. Après il a été suivi par le ministre Thiegboro qui avait certains leaders y compris le président de l’UFDG. Ils sont partis.

Après tout le monde a quitté, il y a eu un silence de morts. J’ai cherché à joindre le Directeur Général M. Valentin Haba pour lui dire, tout travail cessant, de venir constater ce qui se passait au stade. C’est lorsqu’ils sont venus que nous sommes rentrés au stade. Moi-même j’ai vu des blessés, des morts…», a témoigné le contrôleur général de police à la retraite.

Face au juge Ibrahima Sory Tounkara, M. Ansoumane Camara dit Baffoé précise aussi qu’il a vu Marcel Guilavogui sur les lieux. Ce dernier, d’après lui, était habillé en civil (pantalon jean), mais il n’était pas armé. Il souligne aussi avoir vu le Général Ibrahima Baldé.

Ousmane D Yansané 

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