C’est une concurrence sans pitié qui anime la native de Fria. Désormais, tout le combat de Mariame Bangoura est de mettre un terme à cette thèse qui fait toujours croire que, certains métiers ne sont spécialement réservés qu’aux hommes. Clefs en main, prête à tout et à tout moment au sein de l’Union Garage de Ratoma, celle qui a boudé le commerce au profil de la mécanique vise l’unique et seul chemin, celui d’ouvrir un garage 100% femmes pour rendre honneur à la couche féminine.
Habillée en tenue bleue, un foulard noir sur sa tête, la trentaine, elle n’a pas manqué de mot pour s’exprimer à notre micro. De taille moyenne, celle qui a fait tout son parcours scolaire à Fria ancien “Petit Paris”, a d’abord voulu devenir une footballeuse.
« J’aimais bien le football mais malheureusement tel n’était pas le choix de mon papa. Pendant mes études, je partais souvent au terrain car je voulais vraiment devenue footballeuse. À chaque fois que mon père me demandais d’aller à la révision, je prenais le chemin de l’entraînement. Ce qui a d’ailleurs fait que j’ai arrêté mes cours et du coup je ne m’entendais plus avec Papa. Comme il voulait que je fasse forcément quelque chose, j’ai donc préféré la mécanique pour ne pas rester à la merci des autres», a-t-elle rappelé toute souriante.
En 2010, Mariame Bangoura débarque dans la capitale guinéenne après avoir terminé avec l’école professionnelle qu’elle a fait à Fria. Comme pour la plupart, celle qui rend grâce aujourd’hui au Tout Puissant Dieu, dit avoir été confrontée à d’énormes difficultés avant qu’elle ne s’adapte. D’abord, au garage 02 rappelle-t-elle, le problème de transport ajouter à celui du manger se posait à chaque instant.
« Vu que les moyens n’y étaient pas, j’ai dit à mon grand frère de m’amener ici, comme je ne voudrais vraiment pas rester à la maison. J’avoue que tout se passe bien depuis mon arrivée à l’Union Garage de Ratoma”. J’ai toujours montré aux hommes que tout ce qu’ils peuvent faire je le peux et je l’ai toujours pu. Des fois, ils peuvent me confier un travail qu’ils savent réellement que la femme ne peut le faire, mais ils me forcent car, ils me disent souvent que nous les femmes avons plus de chance que les hommes».
L’ancienne élève de l’école primaire Joseph Bronze Tito de Fria, pense que la femme n’a de valeur que lorsqu’elle a un métier. C’est pourquoi, elle n’a pas manqué de lancer un appel solennel à toutes les femmes et filles d’être comme elle ou d’en faire plus.
« Je vois beaucoup de femmes aujourd’hui prendre les sacs pendant la nuit et se diriger dans les boîtes. Cela n’est pas normal à mon entendement. Une femme doit au contraire être battante. Mais lorsqu’on te voit une à deux fois dans certains endroits nocturnes, tu ne peux avoir du respect envers ton mari. Qu’elles sachent que lorsqu’on apprend surtout un métier exercé par un homme, les gens peuvent dire tout sur toi mais ils ne peuvent aller au delà car ils savent au fond que tu es capable de faire ce que fait un homme», a conseillé Mariame Bangoura.
Assise sur une table en train de nous présenter à distance ses camarades de travail, cette brave femme a salué la bonté de ses formateurs notamment celui qu’elle appelle maître Sory, grâce à qui, elle qui ne savait même pas comment démonter un pneu, parvient aujourd’hui à s’en sortir tant bien que mal.
Toute seule parmi tant d’hommes au sein de ce garage, Mariame Bangoura veut, dans le futur, rendre un grand honneur aux filles et femmes. C’est pourquoi, elle rêve d’ouvrir dans les années à venir, un garage uniquement réservé aux personnes du même genre qu’elle.
« Tout mon rêve, c’est d’ouvrir un garage un jour où je ne vais autoriser seulement que les femmes. Puisque, lorsqu’il y a un garage de ce type, je pense que les gens auront la curiosité de passer voir là-bas. J’aurais au sein de cet atelier, toute sorte de sentiers que les hommes pratiquent( soudronnerie, menuiserie, la mécanique etc). Tout cela, ne sera que pour faire honneur aux femmes. Alors pour finir, je leur demande de venir faire comme moi, voir plus que moi. Qu’elles comprennent que moi aussi j’ai eu le goût de ce métier, lorsque j’ai vu certaines de mes grandes sœurs en train de le pratiquer, même si elles sont peu nombreuses dans ces genres de métiers», a enfin envisagé celle qui compte défier tous les hommes, puisqu’elle se dit brillante également en conduite.
Pour concrétiser son rêve, Mariame Bangoura, par la voix de presse, compte sur la bonne volonté des personnes mais aussi et surtout, l’implication du Président de la République Pr. Alpha Condé ainsi que de la première dame, Hadja Djènè Condé.
Portrait réalisé par Robert Mellano
