C’est l’histoire d’un auteur d’anticipation qui a bouleversé son temps, un écrivain si perspicace qu’il avait dans les années 50 prédit l’arrivée du smartphone et de ses applications. Et lorsque je lis les nouvelles sur les manifestations à Kankan en rapport au délestage d’électricité, je ne peux m’empêcher de penser à lui.
Pourquoi me demanderez-vous ? Hé bien parce que c’est à lui, René Barjavel, que l’on doit le roman Ravage. Ce roman sur la disparition de l’électricité dans un futur proche qui fait descendre sur la société une apocalypse sans nom. Alors je me prête à sourire en me disant que le brave Barjavel ne devait pas prendre la Guinée en considération dans sa vision du futur. Cela parce que cette apocalypse qu’il redoute est notre quotidien. C’est notre vie de tous les jours que de devoir souffrir de coupures systématiques d’électricité.
Et cela depuis toujours.
Qu’a fait le pouvoir en plus de dix ans ? Rien, nous vivons dans cette constante obscurité depuis des années alors que notre pays regorge de solutions quant à ce problème : des fleuves, du vent, la mer, du soleil.
Et qu’avons-nous ?
Du vent, oui toujours, mais il ne nous sert pas à grand-chose celui-là.
Alors la jeunesse sort et fustige les incompétents qui ne leur permettent même pas d’user d’une des plus grandes merveilles techniques ou naturelles pourtant domptée à la fin du 19ème siècle.
Que sommes-nous finalement pour ces politicards ? Comme les appelle l’auteur de l’article que je viens de finir (il me restait un peu de batterie sur mon téléphone.)
Et monsieur Taliby Dabo qui ose affirmer que ces manifestations sont orchestrées par l’opposition.
Mais quel culot et quel aveuglement.
Alors qu’espériez-vous Monsieur Dabo ? Que la jeunesse reste chez elle alors que vous la privez d’électricité ?
Dois-je vous rappeler à quoi sert l’électricité monsieur Dabo ?
Elle sert à tout.
Tout simplement.
A étudier, à se rassembler, à se rafraîchir, à communiquer, à vivre…
Vous nous privez de cette vie monsieur Dabo et vous nous sortez sans vergogne que l’opposition pousse les jeunes à manifester. Vous ne croyez pas que ce simple fait, ou plutôt, cette énormité se suffit à faire descendre les jeunes dans la rue ?
A Kankan de surcroît ?
Mais non, dans un éclair de génie, vous pensez désorienter le débat en transformant des revendications sociales primaires, en revendications politiques.
Et vous pensez que la Jeunesse tombe dans le panneau.
Alors on ne va pas s’attarder sur ces inepties.
Mais sur ce délestage continu. Sur cette privation de notre vie. Du fait que vous nous rameniez à l’âge de pierre.
Comment peut-on parler de progrès, faire avaler des mensonges sur la modernité de notre pays ou sa capacité à avancer sur la scène internationale lorsque nos enfants ne peuvent même plus lire leurs cahiers de cours après 19 heures ?
Et vous nous parlez d’orchestration de manifestations.
Honte à vous qui n’apportez que la discorde là où l’on veut que nos droits les plus fondamentaux soient respectés.
Vous apportez de nouveau la scission, semez la zizanie parce que vous ne pouvez rien faire d’autres.
Parce que le pouvoir en place ne fournit à personne, vous y compris, les réponses à ce marasme continuel. Vous êtes dans le noir, tout comme nous.
Alors respectez l’incompréhension, la colère de la jeunesse républicaine, et allez dire à ceux qui vous envoient d’agir au lieu de leur cracher au visage.
Ce ne sont pas des revendications politiques, mais humaines. Mais attention à ce qu’elles ne dérivent pas elles aussi.
Il est grand temps d’agir, et je le dis à tous ceux qui sont concernés. Du président, aux responsables d’EDG en passant par l’élite politique.
Qu’attendez-vous pour régler ce problème qui dure depuis des décennies ?
La Jeunesse guinéenne ne vous demande pas la Lune, elle l’a déjà, elle n’a d’ailleurs qu’elle pour s’éclairer la nuit.
Ahmed Kourouma
Président du mouvement F.N.G