L’Organisation des Nations Unies, créée en 1945 après la Seconde guerre mondiale, a célébré lundi son 75e anniversaire lors d’une cérémonie. L’occasion pour le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, de plaider pour un multilatéralisme plus fort et plus efficace.
« Aujourd’hui, nous avons trop de problèmes multilatéraux et pas assez de solutions multilatérales », a noté le chef de l’ONU dans une allocution prononcée lors de cette cérémonie.
Il a salué la déclaration adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies à l’occasion du 75e anniversaire de l’Organisation ainsi que l’engagement de l’Assemblée à revigorer le multilatéralisme.
« Vous m’avez invité à étudier les moyens de faire progresser notre programme commun, et je donnerai suite à votre demande en vous communiquant une analyse et des recommandations. Il s’agira d’un processus de profonde réflexion, qui sera déterminant et que je veux inclusif », a ajouté M. Guterres. « D’ores et déjà, nous savons que nous avons besoin d’un multilatéralisme plus fort et plus efficace, qui allie vision, ambition et impact ».
Selon le Secrétaire général, la souveraineté nationale – un principe fondamental de la Charte des Nations Unies – va de pair avec une coopération internationale renforcée, reposant sur des valeurs communes et des responsabilités partagées dans la poursuite du progrès pour tous et toutes.
« Personne ne souhaite de gouvernement mondial – mais nous devons œuvrer de concert pour améliorer la gouvernance mondiale », a-t-il souligné.
« Dans un monde interconnecté, nous avons besoin d’un multilatéralisme en réseau, dans lequel la famille des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales, les blocs commerciaux et d’autres collaborent plus étroitement et plus efficacement », a-t-il ajouté. « Nous avons également besoin d’un multilatéralisme qui soit inclusif et s’appuie sur la société civile, les villes, les entreprises, les collectivités et la jeunesse ».
Une consultation à l’échelle planétaire
Le Secrétariat de l’ONU a célébré le 75e anniversaire de l’Organisation en menant une consultation à l’échelle planétaire. Plus d’un million de personnes à travers le monde, et notamment un grand nombre de jeunes, ont fait entendre leurs voix.
« Les participants ont fait part de leurs craintes et de leurs espoirs pour l’avenir. Ils estiment que la coopération internationale est indispensable pour faire face aux réalités de notre époque », a noté M. Guterres.
« Ils ont relevé que la pandémie de Covid-19 rendait cette solidarité plus urgente encore. Et ils ont souligné que le monde avait besoin de systèmes de santé et de services de base universels », a-t-il ajouté. « Les gens craignent la crise climatique, la pauvreté, les inégalités, la corruption et la discrimination systémique fondée sur la couleur de peau ou le genre ».
Le Secrétaire général a noté que les personnes consultées voient l’ONU comme un instrument pour bâtir un monde meilleur et « comptent sur nous pour être à la hauteur des épreuves d’aujourd’hui ».
« Cette responsabilité revient au premier chef aux États membres. Ce sont les États membres qui ont fondé l’Organisation des Nations Unies. Ils ont le devoir de s’y investir pleinement, de nourrir l’Organisation et de lui fournir les moyens dont elle a besoin pour avoir un impact véritable », a affirmé le chef de l’ONU.
« Nous le devons à ‘nous, les peuples’. Nous le devons aux soldats de la paix, aux diplomates, au personnel humanitaire et à celles et ceux qui ont sacrifié leur vie pour faire progresser nos valeurs communes », a-t-il ajouté.
Adoption d’une déclaration « historique »
L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté lundi par consensus la ‘Déclaration faite à l’occasion de la célébration du 75e anniversaire de l’Organisation des Nations Unies’.
Dans cette déclaration, les Etats membres disent partager « une profonde admiration et un profond respect pour toutes les personnes qui ont fondé cette Organisation ».
« Il n’existe pas d’autre organisation mondiale qui ait la légitimité, la puissance de rassemblement et le pouvoir normatif de l’Organisation des Nations Unies. Il n’en existe pas d’autre qui puisse donner à autant de personnes l’espoir d’un monde meilleur et faire que l’avenir que nous voulons se réalise. Il a rarement été aussi vital que tous les pays se rassemblent pour tenir la promesse des nations unies », ajoutent-ils.
Selon les chefs d’Etat et de gouvernement, « les difficultés auxquelles nous nous heurtons sont toutes liées les unes aux autres et ce n’est que dans le cadre d’un multilatéralisme revitalisé que nous parviendrons à les surmonter ».
« La pandémie de COVID-19 est venue nous rappeler violemment que nous sommes comme les maillons d’une chaîne : du maillon le plus faible dépend la force du tout. Ce n’est qu’en travaillant ensemble et en faisant preuve de solidarité que nous pourrons venir à bout de la pandémie et nous attaquer efficacement à ses conséquences », ajoutent-ils. « Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons gagner en résilience face à de nouvelles pandémies et à d’autres défis mondiaux. Le multilatéralisme n’est pas une option : c’est une nécessité, alors que nous essayons de reconstruire en mieux pour faire advenir un monde plus égal, plus résilient et plus durable ».
Dans leur déclaration, les Etats membres affirment que l’ONU « doit être au centre de nos efforts ».
« Il est dans l’intérêt des nations comme des peuples de renforcer la coopération internationale. Les trois piliers de l’Organisation des Nations Unies – paix et sécurité, développement et droits humains – sont d’une importance égale, intrinsèquement liés et interdépendants. Nous avons fait beaucoup de chemin en 75 ans, mais la route est encore longue. Nous avons les outils qu’il faut, il ne nous reste plus qu’à nous en servir ».
Le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Volkan Bozkir, a salué les Etats membres pour être parvenus à un consensus sur cette Déclaration « historique » et pour leur « ferme engagement à travailler ensemble pour renforcer la coordination et la gouvernance mondiale pour l’avenir commun des générations présentes et à venir ».
« Comme vous l’avez clairement indiqué dans la Déclaration, aucune autre organisation mondiale n’a la légitimité, le pouvoir de rassemblement et l’impact normatif des Nations Unies. Aucune autre organisation mondiale ne donne l’espoir à autant de personnes d’un monde meilleur », a-t-il estimé.
« Alors que nous entrons dans la soixante-quinzième session, il est maintenant temps d’agir. Je prends au sérieux l’appel à une action mondiale renouvelée. La force de l’Organisation des Nations Unies dépend de l’attachement de ses membres à ses idéaux », a-t-il ajouté.
Le Président de l’Assemblée générale a lancé un appel vigoureux aux États membres : « Il est maintenant temps de mobiliser vos ressources, de renforcer vos efforts et de faire preuve d’une volonté politique et d’un leadership sans précédent, pour assurer l’avenir que nous voulons et l’ONU dont nous avons besoin ».