Initié en 1997 par les chercheurs de Kupri (Institut de Recherche en Primatologie de Kyoto ) pour rétablir le flot migratoire entre la communauté des chimpanzés de Bossou et les populations avoisinantes, le corridor vert Bossou-Nimba est aujourd’hui sous la menace des feux de brousse.
Dr Aly Gaspard Soumah, le directeur de l’Institut de recherche environnementale de Bossou, s’en inquiète. Presque tous les ans, des feux de brousse éclatent autour de ce corridor qui s’étend sur quatre kilomètres. Parfois, le feu entre dans l’espace reboisé. «Heureusement, l’année dernière (en 2018), nous avons pu contenir le feu avant qu’il n’entre dans le corridor », relève-t-il.
Le directeur de l’IRE croit savoir l’origine de ces feux. Entre autres, il accuse les bouviers qui, en quêtent d’herbe fraiche pendant la saison, renouvellent le pâturage en mettant du feu dans la savane. « Quand le feu brûle les herbes sèches, elles repoussent grâce à la rosée. C’est ce que les animaux aiment », explique Aly Gaspard Soumah, qui a indiqué que ces feux sont discrètement allumés par les éleveurs.
Au-delà des feux de brousse, le directeur de l’IRE indique qu’il existe une sorte de conflit d’intérêt entre certaine population environnante du corridor et l’IRE. C’est le cas des habitants du village de Seringbara qui estiment être expropriés. « Pourtant, en 2009, nous avons acquis ce domaine sur la base d’une attestation de donation. On était parvenu à convaincre les populations de la nécessité d’étendre le domaine des chimpanzés pour permettre de faire des va-et-vient entre Bossou et Nimba », rappelle Soumah.
Soumah rappelle aussi que les recherches sur les chimpanzés de Bossou ont commencé en 1976. A l’époque, ces célèbres primates connus pour leur utilisation d’outils comme un marteau en pierre et une enclume pour casser les noix de palme, étaient au nombre de 22. Quatre trois ans plus tard, il ne reste plus que sept individus.
Pour préserver le reste des individus, sept hectares du corridor sont déjà reboisés et l’IRE et ses ONG partenaires comptent planter 11 000 plants en juillet 2020. Mais, ils craignent que les feux de brousse ne mettent tous leurs efforts à l’eau.
Lola, Aminata Massa Condé pour Lolaplus.org