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Wednesday 18 September 2024

Les assises nationales doivent être un forum de vérité pour sécher les larmes et réconcilier tous les Guinéens.

Tous ceux qui ont la noble mission de piloter ou d’animer les présentes assises doivent éviter des propos peu crédibles qui heurtent la conscience des Guinéens.
Selon la Presse en ligne, le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mr Mory Condé, a affirmé à la tribune des Assises nationales que son grand-père et ses 4 épouses ont été fusillés en 1985.
Kabako !
Il y a eu des assassinats politiques et des violations des droits humains sous tous les régimes en Guinée.
J’ai lu la plus part des écrits sur nos prisons.
J’ai vécu l’histoire de notre pays depuis mon adolescence dans les années 70.
Je n’ai jamais lu ou entendu ce que le Ministre Mory Condé nous a servi.
Je reste convaincu d’une chose : la cruauté de nos dirigeants n’a jamais atteint ce stade qui frise l’animalité.
Si un homme et ses 4 épouses avaient été exécutés dans une prison en 1985, leurs co-détenus auraient témoigné et la presse en aurait fait échos. Tous les Guinéens auraient su.
Ce discours est maladroit. Il donne une fausse et mauvaise image à notre pays.
Quand on a un certain niveau de responsabilité publique, on doit maturer ses propos.
Qui est ce grand-père ?
Qui sont ses 4 épouses ?
Si cela est vrai, les 5 victimes mériteraient une journée nationale de recueillement.
Même si ce que le Ministre dit était vrai, il ne devrait pas pleurnicher pour lui.
En tant que coordinateur des Assises nationales, il devrait pleurer pour les autres, les vraies victimes et leurs descendances.
C’est ça le vrai responsable, celui qui pleure et plaide pour les autres.
C’est la preuve que le Président de la Transition est mal entouré.
Lorsque les Guinéens sont ainsi servis par l’un des plus proches du Colonel Doumbouya, l’on doit s’inquiéter.
En Guinée, les dirigeants sont souvent mis en erreur par des proches collaborateurs qui les servent des informations tendancieuses et diffamatoires.
Nous avons besoin de dire la vérité, rien que la vérité, sur les fautes de nos dirigeants et les fautes commises par nous autres qui les applaudissions naïvement.
Nous avons besoin de discours qui consolent les cœurs de nos compatriotes, les vraies victimes d’injustice depuis notre indépendance.
Ne faisons pas des présentes assises un concours de présentation des scénarios sur fond de règlements de comptes, ni contre Sékou Touré ni contre Lansana Conté ni contre Dadis ni contre Konaté ni contre Alpha Condé.
Mettons notre doigt dans notre plaie.
Soyons véridiques et sérieux.
C’est notre destin qui est en jeu.
La manière de dire la vérité et de demander Pardon, peut emmener les victimes à sécher leurs larmes sans exiger la justice ; les bourreaux étant tous morts ou presque.
Ne mélangeons pas les vraies victimes aux victimes imaginaires, au risque de noyer les Assises dans un verbiage inutile.
Nous risquons de raviver leurs douleurs et compromettre la réussite des travaux en cours.
Monsieur le ministre,
Durant ces Assises, votre fonction vous interdit de parler de votre douleur personnelle ou de la douleur des seules victimes de 1985.
Vous devez porter la douleur de tous les Guinéens meurtris par les injustices des gouvernances successives, de 1958 à nos jours.
En le faisant, vous aurez marqué l’histoire et conféré à votre fonction, toute sa noblesse.
Vous aurez mieux fait que tous vos prédécesseurs.
Vous devez écouter les douleurs de vos compatriotes que vous avez réunis.
Ce n’est pas à eux d’écouter “votre douleur personnelle”.
Vos larmes doivent couler pour eux, pas pour vous.
Vous devez plaidez pour eux ; pas pour vous.
Ils doivent voir et sentir cela en vous.
Vous en sortirez grandi pour l’histoire.
Vous aurez conféré à votre fonction, toute sa grandeur, toute sa noblesse.
Que DIEU guide tous les membres de la Commission nationale des Assises dans leurs propos et leurs actes que nous souhaitons fédérateurs.
Que DIEU prédispose toutes les victimes et leurs descendants au PARDON, en ce mois béni de Ramadan.
Vivement la vérité et le pardon, pour que vive la Guinée dans la paix et l’unité.

Ibrahima Jair Keita

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