Les violences nées de la publication des résultats provisoires de la présidentielle du 18 octobre 2020 par la CENI ont fait un bilan macabre de trois morts dont deux par balle. Des ateliers de travails, boutiques, magasins et domiciles privés ont aussi été vandalisés et/ou pillés ou brulés. Le couvre-feu déclenché depuis 5 jours a terré les citoyens dans leurs domiciles…
Pour rétablir l’ordre, les militaires ont tout d’abord désinstallé les barrages en tronc d’arbre à l’aide des tronçonneuses sur la nationale Labé-Conakry dans la nuit du dimanche à lundi dernier. Ensuite, les bérets rouges ont procédé à des ratissages périodiques nuit et jours pour dissuader les jeunes et empêcher toute réinstallation des barricades. Ne pouvant plus résister à l’armée, réquisitionnée pour la sécurité, les citoyens vaquent progressivement à leurs occupations depuis le début de la semaine, comme l’a confirmé mercredi notre correspondant dans la ville.
Cette reprise des activités reste tout de même diversement appréciée dans la ville. « Nous avons fait dix jours sans sortir de chez nous pour travailler. Et nous ne pouvons pas continuer comme ça. Si aujourd’hui la circulation recommence, je pense que c’est une bonne chose. Moi, je n’avais plus à manger alors que j’ai trois enfants et une femme. Nous savons tous que la CENI est malade depuis sa création. Nous devons plutôt retourner au travail, puisqu’aujourd’hui, notre armée n’hésite pas de tirer sur nous », estime Alimou Souaré, conducteur de Taxi-moto.
« Je peux expliquer cette reprise en partie par le fait que les familles n’ont plus à manger et les manifestants n’ont aucun soutien de la part de leurs leaders », estime Saikou Yaya Barry qui croit qu’il faut continuer les manifestations avoir « les vrais résultats » de l’élection présidentielle. « Ils ont tué trois personnes à Labé dont deux par balle et même un enfant de trois ans. Dans tous les quartiers, ils ont attaqué de paisibles citoyens chez eux pour voler leurs biens. Donc, le mieux est de continuer la lutte… »,a-t-il renchéri.
A noter que les stations de services, les banques, le marche centrale et les gars routières sont toujours fermés.
Saifoulaye Diallo