Autrefois, les griots étaient des personnages très écoutés dans nos différentes sociétés. Car, ils incarnaient une certaine valeur et sagesse de traiter les différends entre les personnes vivant dans la même communauté, la même religion etc… Mais aujourd’hui, ces ‘’messagers’’ sont oubliés par la nouvelle génération .Une situation qui s’explique selon des observateurs, par la pléthore des nouvelles technologies de l’information et de la communication au détriment de la tradition.
Dans une interview accordée ce Jeudi, 13 Aout 2020, à notre correspondant basé à Kissidougou, Mme Mantènin Djely Kourouma griotte, a parlé de la place qu’occupait le griot dans nos sociétés. Dame Kourouma, a aussi déclaré qu’on naît griot mais on ne le devient pas.
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Madame Kourouma bonjour ! Comment vous vous êtes retrouvée dans ce métier et parlez-nous-en?
Oui bonjour à vous ! Ce métier je ne l’ai pas cherché non plus le forcé. Au fait, je suis née griotte. Puisque mes parents sont tous griots. Donc, je ne suis pas comme ceux qui se sont lancés dans ça sans pour autant l’être. Moi je suis née dans griotte et grandir dedans. J’étais toujours avec ma mère. Partout où elle partait pour des cérémonies, elle m’envoyait. Parfois, elle me donnait le micro pour commencer la cérémonie avant l’arrivée des invités. C’est comme ça j’ai commencé et j’étais appréciée. Tout est parti de là. Et depuis lors, je pratique ce métier. Je n’ai pas autres choses à faire sinon que ce métier.
Mme Mantènin djely Kourouma, parlez-nous de vos œuvres et des prix remportés ?
Oh mon Dieu !là, sincèrement, je n’ai pas fait d’œuvres non plus de prix. Vous savez, nous nous faisons notre métier ici. Et c’est lors des cérémonies de mariage, de baptême, etc. C’est dans la ville de Kissidougou ici et dans les zones rurales qu’on nous invite lors des cérémonies. Je ne sors pas hors Kissidougou et je n’ai pas participé à une compétition décernant des prix.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la pratique de ce métier ?
Je rencontre assez de difficultés. Vous savez, c’est dans ce métier que nous parvenons à nourrir la famille. Après les cérémonies, le peu que nous gagnons, on mange cela. L’une des difficultés est que, je n’ai pas de soutien pour avancer. Si j’avais quelqu’un qui pouvait m’aider à progresser, c’était bon. Mais cela me manque. Ce qui fait aussi que, je suis en manque d’instruments de travail. Mon balafon est gâté. Beaucoup de mes instruments traditionnels sont gâtés et pour en trouver d’autres, il faut des moyens. Ce qui fait que, j’ai cherché des hauts parleurs avec un groupe électrogènes pour moderniser un peu le travail. Même ceux-ci ne sont pas en bon état. Donc, j’ai plein de difficultés et il faut de l’aide.
Aujourd’hui, nous voyons beaucoup de personnes qui se sont lancées dans la musique traditionnelle. Quelle est la différence entre un griot et les autres ?
La différence qui existe entre les autres et nous griots, c’est que, même vos questions que je réponds comme ça, celui qui n’est pas griot ne peut pas les répondre. Donc, on naît griot, on ne le devient pas. Donc, nous ne sommes pas de la même catégorie.
Mme Mantènin Djely Kourouma, votre mot de la fin au compte de cet entretien ?
Ce que j’ai à dire aux personnes de bonne volonté, aux autorités et autres, c’est de m’aider à avoir des instruments de travail. Si j’ai de bons instruments, je peux mieux mettre mes fans à l’aise. J’ai vraiment besoin de l’aide de tout le monde. Nous voulons aussi être comme ceux qui ont sorti des albums aujourd’hui. Mais sans soutien, notre talent ne sera pas connu par le public. Merci également à lolaplus.org pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer afin d’exposer mes problèmes. Merci à tous vos lecteurs.
Interview réalisée par Issa Touré depuis Kissidougou, pour lolaplus.org