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Thursday 21 November 2024

Kankan/Sculpture : descente aux enfers pour les professionnels du bois !

La sculpture, une activité artisanale autrefois très lucrative, est en perte de vitesse depuis des années dans la préfecture de Kankan. C’est un constat qui est partagé à la base par les acteurs du secteur eux-mêmes. 

Le manque d’un espace d’exposition artisanal et la rareté des clients sont entre autres les différents facteurs qui handicapent le rayonnement de cette activité socioprofessionnelle dans l’une des rares villes où elle est pratiquée à l’intérieur du pays.

Muni de son outil de taillage, Ibrahima Kalil Sidimé, âgé d’une quarantaine d’année dont trente en tant que sculpteur au sein du premier atelier artisanal de Kankan construit en 1927 et situé au quartier Kabada I evoque son ras-le bol. Selon lui,plus grand-chose ne reste car avec les temps les apprentis ont tous crée le vide pour d’autres activités plus lucratives.

 « Avant c’était mieux qu’aujourd’hui, les gens se déplaçaient pour venir acheter nos œuvres d’arts, nous aussi on se déplaçait pour aller à Conakry, on travaillait aussi sur commande. Mais, actuellement on est là juste pour ne pas que le métier disparaisse. Sinon beaucoup ont quitté le métier pour d’autre activités. On a plus d’apprentis ici, l’atelier est vide » a-t-il dit

Ce professionnel de bois dénonce le fait que tout soit concentré à Conakry.

 « Les gens pensent que quand on parle de la Guinée, c’est seulement Conakry. Je vous donne un exemple, bientôt il y aura une exposition à Dubaï, et la Guinée se fera représentée ; mais, si tu ne va pas à Conakry, tu ne seras pas sur la liste. Tout ça c’est un handicap pour nous, la Guinée ne se limite pas à Conakry. Ils n’ont aucune considération pour les gens de l’intérieur du pays » a-t-il fait savoir

Dans la préfecture de Kankan, les ateliers de sculpture disparaissent un à un, le reste se compte au bout des doigts.

Dans notre démarche, nous avons retrouvé un autre atelier construit par Ahmed Sékou Diané en 1993 au quartier Korialén. Cet artiste sculpteur a remporté plusieurs prix à l’international au temps de la deuxième république, mais aujourd’hui il tire le diable par la queue.

« Avant on avait plus d’une dizaine d’apprentis, maintenant on en a plus. Pour la clientèle, là on n’en parle pas. Déjà s’il n’y a pas d’étrangers, c’est compliqué parce que nos parents ne consomment pas la sculpture, ils aiment le bon travail, mais en définitive ils disent que ce sont les blancs qui aiment » a-t-il fait savoir

Après plus de trente années passées dans ce métier et autant d’investissement économique, Ahmed Sékou Diané ne compte pas baisser le bras.

 « Je suis complètement engagé, je ne peux plus faire machine arrière avec tout ce qui est là. J’ai tout engagé là-dans, mon économie, ma banque, j’ai tout investi dans la sculpture. J’ai au moins, quatre magasins pleins d’œuvres d’arts finis, même dans ma chambre, si tu veux dans mes toilettes, il y a des sculptures. Ce n’est pas consommé ; mais, on ne peut pas arrêter le travail, parce que c’est ce qu’on a appris » a-t-il laissé entendre

Désespérés, les sculpteurs de Kankan n’attendent rien du ministère de la culture. Ahmed Sékou Diané se pose la question si ce ministère existe même en Guinée.

Les observateurs appellent le gouvernement à se tourner vers ce secteur autre fois très lucratif. A Kankan, si rien n’est fait, ce peu d’ateliers de sculpture risque de disparaître.

Mohamed ALY

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