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Wednesday 18 September 2024

Kankan : réactions croisées des acteurs politiques et de la société civile sur le verdict du procès du 28 septembre

Après dix huit mois de procès dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009, le tribunal criminel de Dixinn a enfin rendu son verdict ce mercredi 31 juillet 2004.

Ce procès, qui a tenu en haleine le pays et suscité de vives émotions, a mis en lumière les atrocités commises lors de ces événements tragiques. Sur les 11 accusés jugés, 8 ont été reconnus coupables de crimes contre l’humanité et condamnés à des peines allant de 10 ans à la réclusion criminelle à perpétuité. A Kankan, la décision du tribunal est accueillie avec soulagement et satisfaction par certains acteurs de la société civile, qui saluent le courage des magistrats qui ont dirigé les débats avec sérénité et impartialité, par contre d’autres voient d’un mauvais œil la décision rendue.


Pour Lancine Condé, le secrétaire fédéral du bloc libéral, ce verdict est perçu  comme un pas significatif vers la justice pour les victimes et leurs familles, et illustre la volonté de la Guinée de faire face à son passé tout en  renforçant  l’état de droit dans le pays. « Le verdict est tombé aujourd’hui dans le procès du 28 septembre qui a retenu l’attention de tous les guinéens. Nous apprécions la justice guinéenne,  parce que nous avons tous pensé que ce procès ne pouvait plus avoir lieu. Mais voir la justice guinéenne organiser ce procès sans incident malheureux et condamner les personnes retenues coupables,  c’est un ouf de soulagement pour les victimes et pour le peuple de Guinée.  Nous saluons spécialement le juge Ibrahima 2 Tounkara pour la sincérité et le professionnalisme dont il fait preuve durant ce procès.  Le travail a été bien fait et nous l’apprécions vraiment », a-t-il indiqué.


Alhassane Dialawassa Kanté,  activiste de la société civile, quant à lui reste perplexe en ce qui concerne l’application de la décision rendue par le tribunal. « Nous avons aimé la décision rendue par le tribunal,  même si le délai prévu pour le verdict n’a pas été respecté comme ça été dit au début du procès. La justice a retenu les coupables et libéré les non coupables, mais nous veillons sur l’application de la décision. Car, nous ne voulons pas que ça soit juste une manière de berner les victimes et le peuple de Guinée. En plus les accusés libérés doivent être dédommagés,  parce qu’ils sont restés longtemps en prison alors qu’ils n’y étaient pour rien», a-t-il fait savoir.


Par contre, Antoine Dogbo Guilavogui,  le secrétaire fédéral de l’Union des Forces Démocratique de Guinée ( UFDG) déplore la décision du tribunal. L’homme politique pense que la justice guinéenne est délaissée par le pouvoir en place. «Tout le monde connaît comment fonctionne la justice guinéenne.  Sinon au cours du procès,  personne n’a prouvé que c’est le président Dadis qui a donné l’ordre de tirer sur les manifestants. Mais aujourd’hui on lui attribue la responsabilité de ces crimes juste parce que c’était lui le président au moment des faits, c’est vraiment regrettable pour une justice qui se dit autonome dans ses prises de décisions. Chacun est responsable de ce qu’il a fait, mais mettre tout ça sur la tête d’une personne n’est pas de la justice. Personne n’a dit qu’il a vu Dadis tuer quelqu’un,  comme la Guinée est un pays d’injustice c’est pourquoi il se retrouve dans cette situation. Moi je n’ai pas confiance en la justice guinéenne,  et si nous voulons que le pays avance, il faut que la justice soit indépendante, et c’est ce qui manque. Plus de soixante ans d’indépendance jusqu’à présent notre justice n’est pas sur les rails, c’est ahurissant» , a-t-il déclaré.


Mohamed ALY

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