Ce samedi 12 octobre 2024, les cours ont été brutalement interrompus dans toutes les écoles publiques de Kankan. Les élèves ont été sommés de se rendre à la maison des jeunes pour assister à une manifestation de soutien organisée par l’”Alliance des femmes pour la reconnaissance sous Mamady Doumbouya”. Ce mouvement a été initié par Nènè Ami Barry, épouse du ministre des Transports, Ousmane Gaoual Diallo, dans le but de soutenir les actions du Général Doumbouya et d’encourager une éventuelle candidature de ce dernier aux prochaines élections.
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Kankan semble renouer avec des pratiques courantes sous l’ère d’Alpha Condé, l’ancien président renversé en septembre 2021 par le Colonel Mamady Doumbouya. À cette époque, les élèves étaient souvent contraints d’abandonner les cours pour participer à des manifestations de soutien organisées par les autorités locales. Sous le régime actuel, cette habitude persiste. Ce samedi, un nombre important d’élèves a été rassemblé à la maison des jeunes pour accueillir Nènè Ami Barry, venue présider le lancement de l’Alliance qu’elle a elle-même fondée.
La suspension des cours a suscité de vives réactions parmi les élèves, qui se sont retrouvés massivement mobilisés, parfois sans comprendre les véritables raisons de leur présence. Un élève du lycée 03 Avril, interrogé sous anonymat, s’est exprimé en ces termes :
« Franchement, je ne sais pas ce qui se passe ici. On nous a simplement dit de venir à la maison des jeunes pour une conférence. Ce sont les professeurs qui nous ont informés>>
Un autre élève, visiblement agacé, a pointé du doigt l’organisation de ces manifestations, qu’il estime potentiellement nuisibles pour le président de la transition : « C’est le ministère qui nous a convoqués ici, sans explication. On nous a juste dit que tous les élèves devaient se rendre à la maison des jeunes. Aujourd’hui, nous n’avons pas pu faire cours. On nous fait participer à une campagne en faveur du président, mais je pense que cela pourrait causer des problèmes. Ils pourraient plutôt mobiliser les femmes pour ce type de soutien. »
Les interrogations sont partagées par un autre élève du lycée franco-arabe, qui s’interroge sur la raison de cette interruption : « On nous a informés que c’était pour la campagne de Doumbouya. Comme vous pouvez le voir, tous les élèves des différents établissements de la ville sont ici. Je ne comprends pas pourquoi on a suspendu les cours. »
Pendant le lancement de ce mouvement de soutien, toutes les autorités locales étaient présentes, à l’exception du préfet, récemment suspendu pour faute lourde. Nos tentatives de contacter le directeur préfectoral de l’éducation afin d’obtenir des éclaircissements sur cette interruption des cours sont restées sans réponse.
Depuis Kankan, Mohamed ALY pour Lolaplus.