Le fleuve Milo de Kankan est menacé de disparition. Ce trésor de la Haute Guinée subit de plein fouet de nos jours les agissements des habitants de la commune urbaine de Kankan et environs. Il suffit d’y faire un tour pour se rendre compte de l’état de la dégradation du lieu. Il est devenu le nouveau dépotoir de la ville, des montagnes d’ordures y poussent comme des champignons. C’est une réalité accablante qui semble bien laissée indifférente presque tout le monde, mais surtout, des responsables en charge de l’environnement, qui se sont désintéressés à cette situation dramatique du Milo.
Le fleuve Milo est laissé pour mort, il n’existe plus. Ce patrimoine, qui faisait l’objet de convoitise autre fois, n’attire plus l’attention des touristes ou les visiteurs comme jadis. Des tas d’ordures jetés par des citoyens çà et là, des fours artisanaux pour la fabrication locale des briques, l’extraction incontrôlée du sable, le niveau de tarissement très avancé de l’eau. C’est la terrible image qu’offre ce fleuve aux étrangers. A y regarder près on finit par verser les larmes.
Un citoyen rencontré à quelques mètres dudit fleuve, sous couvert d’anonymat se remémore des années de gloires du fleuve Milo.
« Je suis ici depuis 17 ans. Mais avant, quel qu’en soit le tarissement du fleuve, ça ne dépassait jamais ce niveau. Il y a des gens qui viennent pour simplement se laver, d’autres aussi viennent nuitamment pour jeter des ordures. D’autres conduisent même des charrettes remplies d’ordures pour les déversées ici, c’est ça qui dégrade l’environnement. Les autorités doivent mettre en place une équipe de contrôle qui doit travailler matin et soir. Cette équipe doit veiller sur les lieux pour pouvoir interpeller ceux qui viennent jeter des ordures ici. Avant, l’eau du Milo était buvable, mais tel n’est plus le cas de nos jours » a-t-il dit.
Sur le long de la berge allant du quartier Banakoroda au quartier Energie, des citoyens viennent munis des charrettes et poubelles pour y décharger toutes sortes d’ordures, d’autres profitent même de l’occasion pour faire leurs besoins fécaux et urinaires.
L’ambiance est désagréable, même l’air qui est censé y être pur, est empesté par des odeurs nauséabondes à couper l’appétit à tous visiteurs.
Egalement, du côté de ses deux rives, cette rivière est actuellement prises d’assaut par des fabricants de briques artisanales envers lesquels, le chef de l’Etat, tant bien même conscient de la gravité de leur action sur l’environnement, n’a toujours pas honoré sa promesse de les doter de machine afin de les dispenser des fours qu’ils utilisent et qui ne laisse aucun répit aux berges.
Les extracteurs de sable eux, procèdent à leur exploitation en s’attaquant au lit de cette rivière. Chaque jour ils plongent en profondeur et à l’aide de récipients, ils ressortent toujours avec de grandes quantités de sable qu’ils stockent en bordure pour les camionneurs.
En foi de toutes ces réalités qui précèdent, selon de nombreuses personnes, le fleuve Milo qui était navigable jusqu’au Mali voisin, ne l’est plus. La pêche qui s’y pratiquait activement, a cessé faute de produits halieutiques.
Toutes nos tentatives pour rentrer en contact avec les autorités en charge de la protection de l’environnement se sont avérés infructueuses.
Cependant, selon plusieurs observateurs, si rien n’est fait, le fleuve Milo risque de s’éteindre à petit feu. Tant pis pour les promesses du chef de l’Etat, qui veut redémarrer le voyage à bateau, entre la Guinée et le Mali via le fleuve Milo.
Mohamed ALY