Depuis plusieurs jours, des émissaires du Conseil National de la Transition (CNT) se déplacent à travers le pays pour, selon leurs déclarations, rapprocher les citoyens du contenu de l’avant-projet de la nouvelle constitution. Cependant, à Kankan, cette initiative ne fait pas l’unanimité, notamment auprès d’Antoine Dogbo Guilavogui, représentant de l’UFDG, qui exprime son mécontentement face à cette démarche, qu’il qualifie de « haute trahison ».
Antoine Dogbo Guilavogui s’insurge tout d’abord contre l’exclusion des principaux partis politiques dans la préparation de la nouvelle constitution, en particulier l’UFDG et le RPG. « Comment peut-on exclure les grands partis et prétendre qu’il s’agit d’une constitution pour tous ? » s’interroge-t-il. « Partout dans le monde, ce sont les partis politiques qui façonnent les décisions importantes et participent aux choix essentiels. Toute entreprise où il y a exclusion finit par s’éteindre. C’est pourquoi j’appelle cette mission une haute trahison : en Guinée, quand on parle de constitution, il est essentiel d’impliquer les partis politiques. Or, les deux grands partis du pays sont exclus. Que peut-on espérer atteindre dans ces conditions ?«
Au-delà de l’aspect politique, Antoine Dogbo Guilavogui déplore aussi l’implication des élèves dans la campagne de sensibilisation. Il estime que cette démarche est inappropriée et risquée pour l’éducation des jeunes. « Je pense que cela met en péril l’avenir de ce pays. Pourquoi mobiliser des élèves, au risque qu’ils abandonnent les cours, alors que le niveau d’éducation est déjà préoccupant en Guinée ? Laissez les enfants en dehors de cela ! On mobilise des élèves, certains ne savent même pas bien lire… Ils vont expliquer quoi ? À qui ce projet est-il vraiment destiné ? » critique-t-il.
Face à ces objections, les partisans de la vulgarisation défendent leur initiative, affirmant que l’avant-projet de constitution comporte des réformes importantes, y compris dans le secteur éducatif, et que sa diffusion vise à promouvoir un large accès à l’information dans toutes les couches de la population.
Depuis Kankan, Mohamed ALY pour Lolaplus.