Son argument ne tient pas !
C’est ma première fois d’entendre une telle décision de la part d’un Ministre.
Je ne pense pas que le Cimetière de Cameroun ait été fermé à l’occasion des travaux d’aménagement du trottoir ou du bitumage de la route de Donka.
Cela peut être interprété comme de la provocation des populations de la part de ce Ministre qui est réputé prendre des décisions inopportunes.
C’est la preuve que la Décentralisation n’a aucun sens dans notre pays.
À supposer que l’argument du Ministre tienne la route, c’est aux autorités locales (Mairies et Conseils de Quartier) qu’il fallait se référer pour expliquer, sensibiliser et trouver ensemble des solutions qui ne dérangent ni l’évolution des travaux sur le site ni les enterrements aux cimetières.
Les travaux pourraient même aider les Quartiers au réaménagement desdits cimetières par les apports en terre, la clôture, la construction de guérites, l’adduction d’eau,…
De telles initiatives créeraient forcément une cohabitation productive et paisible entre l’entreprise d’aménagement du site et la communauté.
Pourquoi imposer une décision aussi maladroite, et vouloir y associer la respectueuse Ligue islamique ?
Avec les opérations de destructions des maisons de tristes mémoires à Kaporo rails, à Dar Es Salam, à Coyah, à Dubréka et le long des routes de Km36-Coyah et Kagbélén-Dubreka, Mr Kourouma aura fait casser des centaines d’abris et fait pleurer des milliers de Guinéens.
À son temps, le célèbre Ministre Bana Sidibé faisait le tour des partenaires pour boucler les financements nécessaires à l’indemnisation des populations déguerpies, avant de lancer les opérations de casse.
Nos gouvernants refusent à tort de s’inspirer des bons exemples de leurs prédécesseurs.
Avec la présente décision concernant la fermeture des cimetières, Monsieur Kourouma risque de faire pleurer à nouveau, des populations déjà en larmes.
Le manque d’autorité tue l’autorité !
L”excès d’autorité peut aussi tuer l’autorité.
Je suggère à Mr Kourouma de bien vouloir laisser son émotion dans la gestion de la Res publica.
Je l’encouragerais plus tôt à mieux maturer ses décisions majeures et à mieux les partager de manières verticale et horizontale.
Si vous n’êtes pas prêt à réaménager les trottoirs, ne vous précipitez pas à détruire l’existant, à chasser les occupants et à y laisser les détritus.
Si vous n’êtes pas prêt à construire les canalisations des eaux usées dans les Quartiers, ne détruisez pas les maisons pour laisser les gravats, former des lieux de refuge pour des délinquants ou de concert pour les batraciens.
Si l’Etat n’est pas prêt à construire, il ne doit pas détruire.
À mon avis, il faut détruire sous 4 conditions :
1) là où c’est vraiment nécessaire de détruire.
2) informer et partager avec les personnes et les autorités locales concernées.
3) Indemniser s’il y a lieu.
4) Construire ou réaménager dès après les démolissements.
Je retiens cela de l’ancien Ministre des Travaux publics et de l’Habitat, Dr Bana Sidibé, l’un des plus compétents et des plus intègres des cadres Guinéens de tous les temps.
Avec les images d’une ville balafrée par tant de ruines, une question fondamentale mérite d’être posée avant :
OÙ ÉTAIT L’ETAT AU MOMENT DES OCCUPATIONS ET DES CONSTRUCTIONS ILLEGALES ET ANARCHIQUES ?
En d’autres termes :
OÙ ÉTAIENT LE MINISTRE DE L’HABITAT, LE GOUVERNEUR, LES MAIRES, LES CHEFS DE QUARTIERS ?
Attention Monsieur Kourouma.
La politique est un tranchant à double face !
L’Etat est aussi fautif que les citoyens.
C’est pourquoi tout doit se faire avec pondération, surtout qu’il s’agit des plus pauvres de nos compatriotes.
Au fait Monsieur le Ministre.
Qu’en est-il des villas cossues et des beaux immeubles en hauteur, illégalement construits par des hauts fonctionnaires et les richissimes hommes d’affaires sur des domaines maritimes publics ?
Vos machines ont-elles touché ces bâtisses dont certaines ont détruit notre mangrove et nous empêchent de respirer l’air frais, gracieusement servi par l’atlantique ?
Faites attention.
La politique est un tranchant à double face.
Que DIEU nous éclaire de sa lumière, pour construire la Guinée dans la justice et la paix.
Auteur : Ibrahima Jair Keita