Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, président de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP) et membre de l’Alliance Nationale pour l’Alternance Démocratique (ANAD), a accordé cette semaine une interview exclusive à notre rédaction. Au cours de cet entretien, le disqualifié de la présidentielle de 2020 a fait un tour d’horizon de l’actualité guinéenne. Il s’est notamment exprimé sur le nombre pléthorique de dossiers de candidature pour le CNT (706 dossiers pour 81 places prévues). Mais aussi, sur le récent communiqué du CNRD qui semble désavoué le premier ministre de la transition, Mohamed Béavogui, pour sa communication devant les chefs d’Etat de la CEDEAO à Abuja.
Bonne lecture !
Lolaplus.org : votre réaction sur le communiqué du CNRD qui semble désavoué le premier ministre de la transition, Mohamed Béavogui, pour sa communication devant les chefs d’Etat de la CEDEAO à Abuja dans le cadre de la mise en place du CNT ?
Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou : Bon ! Moi, je pense que nous sommes toujours en train de tourner et la réalité, c’est que le premier ministre avait déjà fait cette communication à l’issue d’une visite qu’il avait rendue à la CEDEAO, je crois qu’il y a de cela un mois. Au cours de laquelle, il disait que le CNT serait déjà mis en place avant la fin de l’année sans préciser de date. Alors, je pense que s’il y avait des reproches à faire, c’était à ce moment-là. S’il n’était pas autorisé devant la CEDEAO à l’époque, il ne devrait pas avoir de problème aujourd’hui parce que justement, il est resté dans ce cadre. Il n’a pas dit que nous allons installer le CNT le 31 décembre, il n’a pas donné également de date fixe, il a simplement dit que nous l’installerons d’ici la fin d’année. Et, nous sommes dans ce délai. Moi je trouve incongru qu’on fasse des reproches aujourd’hui, des remontrances au premier ministre. Et dans tout ça, cela démontre une chose que jusque-là, on n’a pas encore défini carrément le cadre de la transition.
Lolaplus.org : Pour ce qui est de la mise en place du CNT, ne pensez-vous pas qu’une crise pointe à l’horizon ? Parce que pour 81 places au CNT, nous avons 706 dossiers qui sont empilés au ministère de l’Administration du territoire.
Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou : Mais justement, moi je pense qu’à un moment donné, disons-nous les choses telles qu’elles sont. Le CNRD est en train de faire un très bon travail mais ils avaient voulu rejeter la responsabilité de ce choix au niveau soit des partis politiques ou soit au niveau du ministère de l’Administration du territoire. Au départ, ils ont dit qu’ils donnent 15 places aux formations politiques, cela a créé beaucoup de remous, nous-mêmes avons pensé que ces places étaient moindres en terme de participation à la gestion de cette crise politique maintenant. Donc, nous nous sommes dit qu’il fallait augmenter le nombre des partis politiques au CNT. Mais, nous nous sommes rendu compte que c’est comme si on nous mettait devant un défi en acceptant les 15 places. Sur cette lancée, je crois que les partis politiques ont fait beaucoup de preuves de sagesse pour dire qu’on va s’entendre. Il faudrait que les gens sachent que ce n’est pas seulement la transition-là. Nous nous sommes dit que nous n’allons pas perdre le temps autour de la transition. Ce qui va se passer, c’est que nous allons nous préparer pour les échéances prochaines. Malgré tout, nous avons accepté les 15 places, nous nous sommes attendus à des cas de modalités et même, certains partis politiques n’ont pas fait de réclamation par rapport aux 15 places, c’est justement fait pour que les choses avancent comme ça se doit. Donc, c’est pour vous dire que la mise en place du CNT ne peut pas être à l’origine d’une crise pendant cette phase transitoire. S’ils ont pu mettre en place un gouvernement de 27 ministres sur 1000 dossiers empilés, je pense que la sélection des 81 places prévue au CNT peut se faire même s’il y a 706 dossiers déposés au ministère de l’Administration du territoire. Cela ne pose pas de problème, c’est juste une question de volonté politique.
Lolaplus.org : Dans un communiqué lu lundi soir sur les ondes de la télévision nationale par l’agent judiciaire de l’Etat, il fait comprendre qu’après le dégèlement des comptes, 75 dossiers ont été épinglés suite à de présumés détournements. Votre appréciation ?
Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou : Bon ! je pense qu’on fasse très attention parce que j’ai l’impression qu’on veut jouer à quelque chose. Le nombre, rien que le nombre de dossiers qui se trouve sur la table de l’agent judiciaire de l’Etat, doit nous interpeller, disons à la grandeur de l’échelle des problèmes qui doivent être abordés, Ceci dit qu’il y a des dossiers qui ne prendront pas beaucoup de temps et il y a d’autres dossiers qui vont être dans la durée. Donc, il faut qu’on catégorise, qu’on sache quels sont des dossiers qui doivent être entrepris et terminés dans l’immédiat pendant la transition. C’est pourquoi, il faut déterminer au fait des priorités pour qu’on mette en place un système qui sera, disons indéboulonnable et qui sera reconnu par le gouvernement qui viendra après la transition. Une manière de dire que le CNRD commence ce travail et rend cette opération pérenne pour que le gouvernement qui vient par la suite, puisse continuer dans ce sens. Donc, il ne faudrait pas qu’on amasse des dossiers et on ne pourra pas les terminer. Voilà pourquoi, je dis qu’il faut travailler sur les dossiers qui n’ont pas une longue durée.
Lolaplus.org : Votre avis par rapport à la restitution de la case belle-vue aux héritiers de feu président Ahmed Sékou Touré par le CNRD ?
Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou : On ne peut que se réjouir de cet acte de patriotisme posé par le colonel Mamady Doumbouya en restituant à la famille de feu président Ahmed Sékou Touré la case Bellevue qui a été pendant plusieurs années séquestrées par les régimes qui se sont suivis. Donc, je pense que le comportement loyal du président Mamady Doumabouya envers la famille de feu président Sékou Touré est un signal fort pour la réconciliation nationale. C’est une grande satisfaction à mon niveau.
Propos recueillis par Léon KOLIE
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