Votre journal en ligne, Lolaplus, a rencontré pour vous Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou président du parti politique Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès. Voici à votre disposition le décryptage de cette entrevue. Vous pouvez aussi écouter en mode son la version originale de cette interview qui ne dure que 19 minutes.
Pouvez-vous nous faire l’honneur de vous présenter SVP
Merci pour cette opportunité de me présenter à l’audience de lolaplus et à travers elle peut être à toute la Guinée. Je m’appelle Edouard Zoutomou Kpoghomou. Je suis ingénieur de profession avec un Master en mines et métallurgie doublé d’un Doctorat PHD dans la même spécialité. Je travaille actuellement pour Freeport Mining qui est l’un des géants du cuivre et de l’or aussi bien aux États Unis ici que dans le monde entier.
Depuis Mai 2009, je suis le président de la formation politique dénommée Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP) donc un parti politique qui continue son ascension soutenue dans le paysage politique guinéen. Voila pour l’essentiel.
M. le Président, l’actualité politique est dominée aujourd’hui par le FNDC. Qu’elle est la position de votre parti par rapport aux idéaux du Front National pour la défense de la constitution (FNDC) ?
La défense de la constitution selon notre entendement est une question citoyenne. Elle n’a pas de coloration politique ou idéologique et ça c’est selon notre vision des choses. Le FNDC aujourd’hui englobe les partis politiques, les syndicats, la société civile et tous les patriotes. Donc elle est engagée justement dans la défense des acquis démocratiques et parmi lesquels le premier se trouve être la constitution qui est la loi suprême du pays. Donc l’UDRP qui en tant que parti aspirant à l’implémentation d’une démocratie totale en Guinée épouse complètement les points de vue du FNDC.
En fait quels sont les points les plus importants qui poussent votre parti l’UDRP à supporter le FNDC ?
Les points les plus importants sont le fait que la Constitution en tant que loi suprême a un mécanisme soit de modification ou de changement qui est inscrit dans les lois qui sont effectivement prévus par cette constitution. Nous, nous pensons que la constitution ne peut pas être simplement remplacée ou modifiée pour satisfaire les désirs d’un homme. S’il y a des changements au niveau de la société, s’il y a des impératifs sociétaux, nous pouvons accompagner justement ces changements mais il n’est pas fait pour satisfaire un homme. Il est fait pour s’adapter à certaines réalités sociales parmi lesquels il y a des impératifs de développement, des impératifs de plus grande démocratie et autres. Donc nous nous ne sommes pas dans la logique de pouvoir changer la constitution ou alors de modifier la constitution simplement parce que quelqu’un veut éliminer certaines barrières sur la base desquelles effectivement la personne a été élue. Je veux parler en l’occurrence du président de la République. La constitution de 2010 qui malheureusement n’avait pas été soumise à un référendum avait été promulguée mais c’est sur la base de cette promulgation qu’il y a eu les élections de 2010 et de 2015
Alors nous nous trouvons inapproprié de devoir la changer simplement parce qu’il y a des velléités annoncées de pouvoir briguer un troisième mandat même si au clair on ne veut pas montrer qu’il s’agit de ça. Mais bon personne n’est dupe, nous comprenons à peu près ce qui se passe. Il s’agit simplement de changer l’emballage et offrir la possibilité au président de la république à l’heure actuelle de briguer un troisième mandat même s’il ne le dit pas. Voilà ce qui nous anime fondamentalement.
M. le Président, je pense que le camp présidentiel ne parle pas de troisième mandat du président de la république Mais plutôt simplement et seulement de changement de constitution et ceci à travers un référendum. Pourquoi donc vous ne voulez-vous pas aller au référendum ? pourquoi ne pas accepter ?
En fait personne n’est dupe. C’est une façon de parler, c’est un emballage. Vous savez il faut donner quand même au président de la république le fait qu’il a beaucoup d’imagination, mais quand on est lucide on comprend aisément ce qui se passe. A l’heure actuelle on ne parle pas de troisième mandat, on parle simplement soit de modification, peut être même de nouvelle constitution.
Le problème à l’heure actuelle, quand on parle de référendum, ceci englobe, non seulement le troisième mandat, une éventuelle modification de la constitution ainsi que la candidature de M. Alpha Condé à sa propre succession. L’un dans l’autre, qu’il s’agisse maintenant d’un troisième mandat ou d’une troisième ou quatrième république, l’un dans l’autre c’est qu’il s’agira effectivement de créer les conditions pour pouvoir briguer un mandat supplémentaire. Ce qui instituerait le principe de présidence à vie. Voilà pourquoi nous ne sommes pas d’accord.
Je sais que votre parti l’UDRP est un parti national, on le rencontre un peu partout dans différentes parties de notre pays. Toujours pour parler de l’actualité en ce qui concerne l’idée de changement de constitution, cette idée semble être bien reçue en Guinée Forestière qui est aussi un bastion de votre parti. Est-ce qu’il n’y a pas de paradoxe ici ? Comment expliquez-vous cela ?
M. Gbèmou, permettez-moi de corriger les prémisses de votre question. En fait je ne pense pas que l’idée de changement de constitution ait pris de l’envol en Guinée Forestière. Vous savez, ce qui se passe c’est que la Guinée forestière est la zone ou la région dans le pays, qui est la plus défavorisée. C’est comme si les gens ont faim. Quand une cause est populaire, on n’a pas besoin de payer les gens effectivement pour venir la supporter. Par exemple lorsque la Guinée allait au referendum en 1958 on a payé personne pour pouvoir supporter quoi que ce soit. Je me rappelle nous étions encore à l’âge des bonbons et courrions çà et là avec de petits feuilletons bleus sur lesquels était écrit Non au référendum et personne n’a reçu quoi que ce soit.
Du 28 septembre au 14 octobre, j’étais en Guinée Forestière. Les gens te diront carrément qu’ils ne sont pas d’avis mais on est en train de présenter comme s’ils le sont. Quand on donne l’argent pour que les gens viennent, eux au moins sont fidèles, ils sont entrain de remplir leur partie du contrat qui est de venir et peut être de porter des pancartes. Le problème est à 2 niveaux, le premier niveau c’est au niveau des cadres, nos frères qui sont là et qui sont entrain de pousser leurs parents en fonction des intérêts personnels qu’ils tirent de cette situation et le deuxième niveau, c’est au niveau de la population elle-même elle n’a pas le choix, elle veut vivre. Le manque d’infrastructure fait qu’il y a des villages ou les gens ne mangent même pas une fois dans la journée, c’est déjà un besoin primordial pour rester en vie. C’est pourquoi certains pensent que le mouvement est populaire sinon ce n’est pas le cas, on est en train de forcer. Voilà, c’est cela la vérité.
Quel est votre dernier mot pour l’interview d’aujourd’hui, M. le président ?
Je voudrai en tant que membre du FNDC présenter au nom de l’UDRP mes condoléances les plus attristées pour les récents douloureux évènements qui auraient pu être évités si le gouvernement avait pris les mesures nécessaires afin que le droit de marcher des citoyens soit respecté. Ce sont des droits qui sont alignés dans la constitution. On n’a pas besoin de brutaliser les gens et même au besoin de les tuer pour faire prévaloir un point de vue. Nous exigeons donc la libération immédiate de tous ceux qui ont été appréhendés pendant les manifestations paisibles du FNDC.
Pour nous à l’UDRP, il n’y aura pas de troisième mandat, pas de référendum, et pour reprendre les termes du front, AMOULANFÉ, GASSATA, ATÈBENNA, HOPAIPÈLI, IT WILL NOT WORK, ÇA NE MARCHERA PAS. Voilà notre dernier mot.
Je vous remercie
Philadelphie, Holomo Tokpa pour LolaPlus