Dans un entretien exclusif avec Lolaplus, Dr Alpha Amadou Bano Barry, le ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA) parle du taux de réussite au baccalauréat (44,43%), annonce un audit pour chacun des trois examens, souligne les failles du système éducatif guinéen… Lisez ces propos !
LolaPlus : Bonjour monsieur le ministre. Au baccalauréat unique cette année, il n’y a eu que 44 % comme taux de réussite. Dites-nous pourquoi ce taux de réussite
Bano Barry : Sincèrement, personne ne sera capable de vous expliquer cela, parce que les résultats viennent de tomber et il n’y a pas encore eu d’analyse objective sur les différents paramètres qui ont participé à ce taux. Au-delà du baccalauréat, il est prévu que nous fassions les audits des trois examens de 2020 en regardant toutes les notes des élèves lors de l’examen d’entrée en 7ème, du BEPC et du baccalauréat. Pour l’examen d’entrée en 7ème, il faut analyser les notes comprises entre 1 et 3 ; entre 8 et 10 pour le BEPC et entre 15 et 20 pour le baccalauréat. Nous croiserons ces informations avec le profil des écoles, des enseignants, des familles et des élèves. Nous allons faire le croisement avec la localité où l’examen a eu lieu si c’est en milieu rural ou urbain. Nous allons également notifier les copies pour savoir les lacunes courantes constatées par disciplines et quelles sont les parties sur lesquelles les élèves ont eu des problèmes et là où ils ont été performants. C’est seulement à la fin de tout cela qu’il sera possible de savoir objectivement pourquoi certains ont été admis et pourquoi certains ont échoué. Je vous en fais la promesse !
Avant d’être ministre vous êtes d’abord enseignant. Vous avez également été membre de la Commission nationale de réflexion sur l’éducation et vous avez été conseiller du Président de la République chargé de l’Enseignement supérieur. Vous êtes donc un acteur majeur du système éducatif guinéen. Quelles sont, selon vous, les failles de ce système éducatif ?
Ce que l’on sait avec certitude c’est que nous n’arrivons pas à scolariser tous les enfants de la Guinée. Et ceux qui arrivent à l’école n’arrivent pas à poursuivre les études jusqu’à faire 10 ans de scolarité. Il y a énormément d’abandon et énormément de redoublement au niveau des classes d’examens. Il y a aussi très peu de redoublement au niveau des classes intermédiaires. Ce que l’on sait aussi avec certitude c’est que les enseignants guinéens éprouvent énormément de difficultés à la fois du point de vue de la maîtrise de la langue française, mais aussi et surtout de la pédagogie.
Que répondrez-vous à l’Association scolaire et estudiantine de Guinée qui a demandé la reprise du baccalauréat à cause de certaines irrégularités qui auraient marqué l’examen ?
Si je devais répondre à tous les plaisantins de ce pays, je pense que je vais cesser de travailler. Au nom de quel principe, de quel droit et sur quel paramètre objectif ou sur quel indicateur se basent-ils ou ont-ils la légitimité pour demander la reprise d’un examen national. Je ne réponds pas à ça.
Dites-nous où nous en sommes avec le programme de renforcement du système éducatif guinéen ?
Ce que je peux vous dire c’est que nous sommes dans un programme de renforcement de capacités des enseignants. Nous avons déjà fait un test pour recruter des formateurs en français. Ceux-ci vont être formés et auront le mandat de former tous les enseignants de Guinée sur les cinq prochaines années pour qu’ils aient le niveau BEP en langue française. J’ai aussi prévu le renforcement des capacités en matière d’évaluation. Nous voulons mettre un accent particulier sur les évaluations des classes intermédiaires qui sont des classes essentielles avant d’aller en classe d’examen. Jusqu’à présent, on s’occupe que des classes d’examen, alors que les classes intermédiaires sont essentielles dans l’évaluation. Pour que les taux de réussite aux examens nationaux soient réjouissants, ce sont des paramètres sur lesquels nous devons travailler. Bien sûr, il faut aussi travailler sur la façon d’organiser les examens.
Entretien réalisé par Aminata Koné pour Lolaplus.org