Comme tout le monde, je félicite les cadres nommés pour diriger la SOGUIPAH fleuron de l’agro-industrie en Guinée.
Contrairement à tout le monde je m’interroge sur la compatibilité des profils des personnes nommées par rapport à la gestion d’une grande entreprise à la fois agricole et industrielle.
Le Directeur général nommés est un Avocat de profession, même s’il a été inspecteur à la banque centrale.
A-t-il géré par le passé une entreprise agricole ou industrielle ?
A-t-il une expérience avérée dans la gestion d’entreprise ?
Un de ses adjoints, chargé des finances et de l’administration, est une sociologue de formation qui a travaillé à l’international pour des institutions comme l’Unicef.
L’autre adjoint, chargé de la logistique, serait un ancien de la maison. Celui-ci est supposé être le seul qui connaît un peu la maison.
Il me semble nécessaire de rappeler que malgré sa résistance aux différentes tempêtes, SOGUIPAH est réputée pour sa gestion peu orthodoxe durant ces 20 dernières années, contrairement à sa gouvernance des années 90.
De grands défis sont à relever dans cette grande entreprise autour de laquelle gravitent des milliers de laborieux paysans :
Le 1er défi concerne la gestion agricole.
Cela suppose le profit d’un agro-économiste confirmé, ayant capitalisé une somme d’expertises.
Le Directeur général fraîchement nommé (Avocat de formation) A-t-il cette expertise ?
Est-il outillé pour véritablement assumer la gestion de la plus grande agro-industrie de Guinée ?
Ne serait-il pas plus utile à la nation dans le domaine où il peut exceller le mieux ?
Le 2ème défi nécessite une grande expérience en matière de gestion financière, de comptabilité générale et surtout de comptabilité analytique.
Une grande Dame, sociologue, sans expérience apparente en comptabilité générale, en comptabilité matière, en comptabilité analytique d’exploitation et en analyse financière, peut-elle assumer correctement les fonctions de Directrice générale adjointe en charge des finances d’un complexe agro-industriel ?
A priori, je ne crois.
Vu son CV, je reste convaincu que Madame serait prédisposée à mieux servir la nation dans les domaines (Enfance, Eau,..) où elle a fait ses preuves à l’international.
Il est fondamental de rappeler que la SOGUIPAH est la seule qui reste parmi les premières entreprises du secteur agricole créées dans les années 80, avec la mobilisation de la communauté des bailleurs de fonds et des partenaires techniques de tous les horizons.
Toutes les autres entreprises sont mortes par la faute des dirigeants (Présidents et Ministres) et des cadres Guinéens qui s’y sont succédés.
Où est le PAG (Projet Agricole de Gueckedou) ?
Où est l’ORS (Opération Riz Siguiri) ?
Où est la SAKOBA (Société d’Aquaculture de Koba) ?
Où est le projet Coton ?
Des centaines de millions de dollars partis en fumée au détriment de nos paysans et de l’économie nationale, dans l’impunité.
Les entreprises d’Etat ont toujours échoué en Guinée pour 2 raisons fondamentales :
- Les dirigeants de la plus part de ces entreprises sont choisis par favoritisme (raisons de liens, intérêts financiers,..)
- Les dirigeants ainsi choisis manquent (pour la plupart) d’intégrité et de compétences dans le domaine concerné.
En cette période de transition, chaque nomination devrait porter sur des hommes et des femmes qui répondent aux profils de chaque poste de responsabilité.
C’est seulement de cette manière que nous relèveront nos défis par des résultats probants.
Gérer SOGUIPAH, c’est gérer 4 mondes :
a) le monde agricole au sens strict (les immenses étendues de plantations et exploitations annexes),
b) le monde rural (l’environnement humain, social, naturel,…)
c) le monde industriel (tout l’outillage industriel), et
d) l’autre monde : celui des bailleurs fonds, des partenaires techniques et du marché international.
Un Directeur général, Avocat de son état et une Directrice générale adjointe, sociologue de son état, peuvent-ils relever ces défis ?
Il aurait été mieux de nommer nos deux compatriotes là où ils sont véritablement experts.
Contribuons à la réussite de la Transition par des observations et des suggestions positives.
C’est ce que je voulais faire par le présent post.
C’est, en tout cas, c’est ce que crois, avec tout le respect que je dois aux cadres concernés par le Décret les concernant.
Tous mes souhaits de réussite.
Mais, nous devons tirer les meilleures leçons de nos échecs.