Au regard de la simplicité avec laquelle certains font la comparaison entre la situation en cours en Guinée et au Mali, j’estime important de comprendre ces éléments essentiels qui font la grande différence :
- Le problème Malien implique des enjeux géopolitiques et sécuritaires d’une très grande sensibilité; beaucoup de pays y jouent des cartes géostratégiques. La bande sahélo-sahelienne est une zone prioritaire des puissances et institutions dans la lutte contre le terrorisme international (la présence des forces onusiennes en fait foi).
- L’autorité du pouvoir Malien ne s’exerce pas sur l’ensemble du territoire national et le Nord du pays nourrit des velléités sécessionnistes historiques. Alors un basculement du régime pourrait renforcer cette potentielle tentation à l’image des tournures qu’avaient pris les événements après le coup d’État dirigé par Amadou H. Sanogo (les accords d’Alger ont ramené une stabilité fragile).
- C’est le gouvernement Malien qui est demandeur du dialogue inclusif et a montré un esprit d’ouverture vis-à-vis de toutes les entités qui souhaitent s’impliquer y compris la communauté internationale (le principe de non-ingérence n’est pas un obstacle dans ce cas).
- Les demandes de manifestations au Mali sont bien traitées par les autorités compétentes qui prennent la responsabilité d’y répondre conformément aux dispositions légales en la matière. Et mieux, les dérapages éventuels font l’objet d’un traitement relativement responsable de la part des autorités (les excuses du Premier ministre, la lettre du gouverneur de Bamako, l’ouverture officielle d’enquête sur la présence des forces spéciales dans les rues lors des manifestations…)
- Les endroits stratégiques de Bamako sont accessibles à travers plusieurs directions; donc il est quasiment impossible de barricader l’accès des espaces publics qui symbolisent le pouvoir.
Bonne compréhension !
Aliou BAH
President de l’organe provisoire de direction du MoDeL