Trois ministres du gouvernement de la transition ont animé ce vendredi 1 juillet, une conférence de presse à la maison commune des journalistes après l’immersion gouvernementale.
Ils s’agissent de ministre de la fonction publique, ministre de l’enseignement technique et la ministre de l’enseignement supérieur.
Dans son exposé, le ministre de la fonction publique et du travail a mis l’accent sur les dysfonctionnements constatés au sein de l’administration publique à l’intérieur du pays.
A en croire Julien Yombouno, cette immersion a été marquée par un constat assez déplorable des réalités de l’administration publique dans les zones touchées.
« On a constaté des postes de certaines administrations qui sont quasiment vacants pour plusieurs raisons. Soit parce que les gens ont été bel et bien mutés ou affectés mais ils ont refusé de prendre service ou alors ils ont juste pris service et ils vaquent à leurs affaires ici en Guinée, en Afrique ou ailleurs. Ou alors de toute façon ils sont là mais ils ne font pas toujours ce qu’on attend d’eux. Si nous prenons le cas de l’éducation, vous avez vu les résultats du CEE de cette année qui sont catastrophiques comme l’a dit le ministre de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation. Mais l’une des grosses raisons, c’est que les enseignants sont absents. Le fait d’être physiquement en classe ne veut pas dire qu’on est présent, parce qu’on peut l’être et s’occuper d’autres choses. Il y a donc une pénurie grave de ressources au point que moi particulièrement, les services déconcentrés relevant de mon département ministériel notamment l’inspection générale de l’Administration publique au niveau régional, l’inspection générale du travail au niveau régional et préfectoral et puis les directions de gestion des ressources humaines sans oublier les EPA, qui relèvent du ministère du travail et de la fonction publique et certaines institutions notamment l’Agence Guinéenne pour la Promotion de l’Emploi, la caisse nationale de prévoyance sociale, la caisse nationale de sécurité sociale, l’Institut national de formation, bref toutes ces structures au niveau déconcentré sont quasiment absents, même si par endroits il y a quelques-uns. Mais en réalité c’est par faute de matériels de ressources financières, les gens ne peuvent pas travailler », a dit le ministre.
Deuxième aspect, ajoute-t-il :
«C’est la paralysie de l’Administration qui est la conséquence de ce que je viens de dire. Si les gens n’ont rien, ils peuvent avoir la volonté d’être présents mais ils vont faire quoi ? Quel moyen ? S’ils n’ont même pas d’ordinateur en tant que directeur préfectoral des ressources humaines, comment avoir une base de données qui vous permet d’avoir des informations sur le personnel que vous gérez ? C’est très difficile parfois, même l’impression, ils le font dans la rue. Ce qui en conséquence, fait qu’il n’y a pas de sécurité sur les données du personnel.»
Le troisième point, poursuit Julien Yombouno : « C’est le manque de synergie d’action et défaut de mutualisation des moyens. Tous les ministères ne sont pas logés à la même enseigne. Ce qui veut dire là où quelqu’un à trois ordinateurs d’autres n’en ont même pas un normalement s’il y avait une régulation interne au niveau préfectoral et régional peut-être bien que les services souffrants auraient pu bien accomplir leur mission. Là où la DPS a trois, cinq pick-ups pour la supervision de santé, il suffit de travailler ensemble parce que peut être l’enseignement technique dans cette préfecture-là n’a aucun moyen logistique il suffit donc de coordonner pour que se tiennent normalement les activités de tous les côtés. Donc il y’a ce manque de synergie d’action de mutualisation de moyen et d’efforts qu’on a pas pu trouver exactement sur le terrain. Le quatrième point la pléthore d’agents non qualifiés, bénévoles, contractuel, stagiaires. Pour la petite histoire à Mandiana une petite préfecture comme ça je ne m’attendais pas à voir une cinquantaine de contractuels, d’agents bénévoles. A N’Zérékoré par exemple vu que c’est par là que nous avons commencé l’immersion nous avons trouvé là une dame qui a passé 18 ans de stage, c’est-à-dire qu’elle l’est depuis 2005, jusqu’aujourd’hui elle n’a pas été titularisée. Entre temps il y’a eu beaucoup de recrutement parfois même officiel, c’est le cas de 2016 par exemple. Le cinquième point relève du non-respect du code de travail, des normes de travail et des dispositions relatives à la gestion des entreprises privées et là vraiment c’est la catastrophe de voir des gens qui ne respectent pas le concept de contenu local, des gens qui ont des relations très tendues entre les directions des entreprises les employés et la communauté de l’autre et tout cela est dû au fait que les textes ne sont pas respectés parce que si je prends l’aspect emploi protégé c’est dit clairement par le décret 84 85 qui se complètent qui dit qu’il y’a des emplois en Guinée qu’aucun extra ne peut faire vous n’allez donc pas envoyé un chauffeur extra pour dire qu’il nous rapporte quoi que ce soit en terme d’expertise pourtant dans certaines entreprises on a pu le relevé. Dans certaines entreprises il y’a des cas comme ça où des gens ne se plient pas à la loi ce qui rend les relations de travail très tendues et aussi des relations sociales entre l’entreprise et la communauté. Il n’y’a pas de conseil préfectoraux de cabinet, pas de conseil régionaux de cabinet hors au sommet il y’a le conseil de cabinet au niveau de chaque ministère qui est hebdomadaire, vous avez le conseil interministériel et enfin le conseil des ministres et à l’intérieur du pays il n’y’a rien de tout cela. Or, la réplique devrait être des conseils préfectoraux et régionaux de cabinet avec la participation de tous les chefs de service technique parce qu’ils devaient discuter de l’ensemble des problèmes et faire des propositions de solutions et pourquoi pas passer à des solutions mais malheureusement il n’y en a pas >>
Sachant que le tout ne consistait pas à faire des constats, il fallait aussi que des activités soient mener pour conduire à bien l’immersion du gouvernement. A ce stade, le ministre de la fonction publique et du travail a donc parlé des activités en cours et des perspectives, « Je pense qu’il n’y a pas de miracle à aller chercher il suffit simplement de faire un double redéploiement horizontal et vertical de tous les agents de l’État par département ministériel. Le redéploiement horizontal je prends l’exemple sur l’éducation. On a coutume à dire que Conakry c’est une salle de classe 6 mètres, vous êtes à Dinguiraye c’est le contraire 6 salles de classe un mètre. Est-ce que c’est sorcier de pouvoir dire aux gens qu’on ne peut pas rester à Conakry et aux alentours sans aller servir la nation à l’intérieur du pays donc c’est pour dire qu’il faut un redéploiement horizontal. Et l’autre aspect du redéploiement est vertical des personnels. Et ça veut dire qu’un prof de collège se retrouve dans une université à Kankan ou encore un prof du primaire se retrouve à Kankan au collège c’est pas sa place. Ou ne pas avoir la qualification qu’il faut et l’échelle d’enseignement qu’il faut c’est ça un peu l’aspect du redéploiement vertical qu’il faut absolument opérer et nous l’avons déjà commencé dès notre retour. Et on était déjà en train de recenser tous les gens qui étaient dans ces positions de non activités on va prendre le courage à deux mains et les redéployer. On va par ailleurs vous dire qu’il y’a 111004 agents qu’on a un peu diminués mais en réalité ce n’est qu’un chiffre théorique la réalité est tout autre. De passage vous savez qu’il y’a un manque criard d’effectifs qui se situe en quantité c’est à dire que j’ai besoin de 30 profs pour animer l’Université général Lansana Conté de Sonfonia et je n’en ai que 25. Il peut aussi être qualitatif j’ai besoin de 50 profs pour la même université et j’en ai 200 alors qu’en réalité ils n’ont aucun mérite ni aucune compétence aucune qualification pour tenir l’enseignement à ce niveau-là donc il va falloir revoir ça à court moyen ou long terme en faisant du recrutement une priorité. Il faut recruter, former et assurer le renforcement des capacités et améliorer les compétences des gens pour qu’ils soient capables de réaliser la mission qui leur est assignée », a-t-il lancé.
Par ailleurs, il rajoute qu’il y’a le cinquième point qui concerne la réorganisation de l’Administration, « et nous sommes là-dessus depuis avec toute une série de textes et même au moment où je quittais j’ai signé cinq nouveaux textes qui passent par le secrétariat du gouvernement pour aller au sommet par exemple sur les fêtes légales, les 09 types de congés quand on est en activité c’est cette réforme là qu’il va falloir faire. Parce que parfois les textes existaient on ne les appliquait pas, par endroits ils n’existent pas donc il faut en créer ou essayer d’en créer. Donc nous sommes en train de faire cette réforme-là. Et souvent les gens nous parlent d’autres choses comme la retraite mais nous faisons beaucoup de réformes et je pense qu’on a une trentaine de texte produits comme innovation et sans compter que tous les ministères après leur réorganisation. Et maintenant nous sommes en train de passer au textes casuels. Le sixième point concerne la promotion de l’éthique, du genre et de l’équité dans nos services. Par exemple à Kankan et à Labé j’ai été très direct parce que j’ai fait la ronde et après avoir vu la configuration j’ai observé que tous les directeurs préfectoraux, les directeurs régionaux sont masculins et on ne peut pas continuer à fonctionner comme ça. Parce que les femmes ont étudié comme les hommes et il est dit que ce que on peut femme le peut aussi et ça c’est la réalité. Donc je pense qu’il faut revoir la question du genre dans notre Administration publique. Et aussi la question d’éthique pour que les gens comprennent qu’il ne faut prendre que ce qui les revient de droit et il faut aussi promouvoir l’équité on ne peut pas vivre dans un pays comme ça où certains sont vachement riches sur le dos de l’État alors que d’autres n’ont rien. Donc il faut cultiver ça et c’est de notre ressort on l’avait déjà commencé et je pense que nous sommes maintenant vers la fin sur l’information, la sensibilisation sur les questions d’éthique, les déclarations des conflits d’intérêts ainsi de suite pour moraliser un peu plus la vie publique », a-t-il souhaité.
Rédaction