Ce lundi 21 août 2023, le ministre de la Justice Alphonse Charles Wright était l’invité prestige de l’émission Mirador du FIM FM, pour donner sa part de vérité à la suspension de deux magistrats du tribunal de Labé, qui l’oppose déjà à l’Association des Magistrats de Guinée (AMG).
Lors de son intervention, le ministre Charles Wright a accusé le président des magistrats Mohamed Diawara de mener un combat personnel contre sa personne. Avant de s’en prendre ouvertement en ces termes : « l’association des magistrats est gérée par quelqu’un qui est émotionnellement instable… », a-t-il dit.
Parlant de l’appel lancé par le Conseil d’administration de l’AMG demandant aux Magistrats de cesser toute activité sur toute l’étendue du territoire national, le ministre de la Justice et des droits de l’homme a mis en garde tout magistrat qui obéira à cette décision.
« Tout magistrat qui arrêtera sera considéré comme celui qui a abandonné son poste. Et l’abandon de poste on en tirera toutes les conséquences… », a menacé Alphonse Charles Wright chez nos confrères de FIM.
Pour bon nombre de guinéens, cette intervention du ministre n’avait rien de convaincre les Guinéens sur sa décision de suspension de ces deux magistrats de Labé, mais plutôt de s’en prendre aux magistrats et personnes qui ne soutiennent pas ses actions. Beaucoup estiment les actes du ministre le juge sans commentaire. Le bras de fer avec les avocats sur l’aide juridictionnelle, l’arrestation et la libération spectaculaire de Foniké Menguè et ses camarades de lutte et autres sont autant d’exemples.
Réponse de l’association des Magistrats de Guinée
Dans l’émission Mirador de FIM FM, Charles Wright a mis en garde tout magistrat qui suivra le mot d’ordre de cessation de toute activité lancé par l’Association des Magistrat de Guinée, la semaine dernière. Du berger à la bergère, en réponse à cette sortie médiatique du ministre, l’Association des Magistrats de Guinée par la voix de son chargé des communications a dit dans la même émission ce mardi que cette menace ne fait ni chaud ni froid aux Magistrats de Guinée.
D’après le juge Théophile Magloire, « aujourd’hui, les magistrats non pas peur de ces mises en gardes. Ils sont beaucoup plus déterminés. Ce que nous demandons à nos collègues, c’est de rester sereins comme ils le font déjà. Ce ne sont pas les mises en garde qui vont nous faire revenir sur nos décisions. Nous avons pris une décision en consultant la base, nous savons que nous sommes suivis. Beaucoup d’actions sont en train d’être faites pour non seulement démobiliser, mais nous restons résolus pour atteindre cet objectif-là. Nous ne sommes pas fermés à une médiation. Au terme de ce que nous avons entendus, nous ne pensons si le garde des sceaux est disposé à une médiation. Nous allons continuer ce mouvement de débrayage. A un moment venu si on se rend compte que ce mot d’ordre de débrayage ne suffit pas, nous allons consulter la base peut être nous aurons d’autres démarches. Les cours et tribunaux sont déjà fermés. Le débrayage a pour conséquence la fermeture des cours et tribunaux. Si on vous dit que le mot d’ordre n’est pas suivi, vous avez vos hommes (Reporters) ils peuvent aller faire le constat sur le terrain. (…) », a répliqué Théophile Magloire Kouadio Makan, responsable de la communication de l’Association des Magistrats de Guinée.
Il faut noter que le ministre de la Justice et l’association des Magistrats de Guinée ne conjuguent pas le même verbe.
Ousmane D Yansané