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Wednesday 18 September 2024

Guinée : Coup de force ou coup de massue ? (Opinion)

Ils sont hélas appelés « LES NOUVELLES AUTORITÉS ».


Ce qui me désole le plus, c’est qu’Alpha tombe en faisant tomber toutes celles et ceux qui étaient autour de lui. Ce nest plus lui qui a finalement été le plus humilié, mais toutes celles et ceux qui ont défilé devant les regards méprisants et moqueurs des journalistes et de la foule en liesse mobilisée pour la circonstance.

Il a ainsi jeté dans la poubelle de lhistoire tout son héritage politique ; tous les sacrifices consentis pour ce pays : l’exil, la prison et même le reniement. Son parti sera, comme je lavais prédit dans l’un de mes articles de presse, dans les archives des autres partis politiques dont les leaders ont géré ce pays. Il faudra du temps avant quil ne se repositionne véritablement sur l’échiquier politique national. Quelle ironie du sort !

Qui aurait cru que les choses se passeraient ainsi, en ce moment précis ? Qui aurait cru quil n’allait bénéficier ni du soutien de l’armée, de ses militants et sympathisants, voire dune franche partie de la population, petite soit-elle ? Qui aurait cru à un tel scénario ?

Pourtant, nous avons été là à l’avant-garde. Nous lui avons prodigué des conseils dans le but de l’éviter cette humiliation, mais il ne nous a pas écouté. Nous lui avons demandé de sortir par la grande porte. La grande porte de l’histoire, et ce, au regard de tous les sacrifices qu’il a consentis pour ce pays, de l’amour qu’il avait pour ce peuple. À titre personnel, jai alerté à travers une lettre ouverte adressée à M Alpha Condé, des articles de presse et des prises de position sur l’ensemble des plateformes médiatiques.

Pourtant, il avait toutes les chances de son côté pour sortir grand dans l’histoire politique de notre pays. Il aurait été le Mandela qu’il a tant revendiqué lors de son élection à la tête de notre pays en 2010, mais il part malheureusement comme un Bouteflika dAlgérie, Oumar El Bachir du Soudan, Mamadou Tandia du Niger, Mohamar Kadhafi de la Lybie etc.

Cet homme représentait tout un symbole pour notre jeune démocratie. Il aurait été le pionnier de l’alternance démocratique, du respect des droits de l’homme et des citoyens, et acteurs majeurs de l’indépendance énergétique du pays.

Hélas, les promoteurs de ce troisième mandat, cet autre mandat de trop ne nous avaient pas écoutés. Ils étaient dans tous les fronts. Ils ont nourri bec et ongles pour le lui offrir. Où sont-ils aujourd’hui ? Ô combien l’échec est orphelin !

Hélas, le pays recommence sa marche vers la transition démocratique à zéro. De Sékou à Condé, les mêmes réalités attristantes et désastreuses.

Le malaise était profond, la frustration était indescriptible et la souffrance de la population était sans précédent. Tout concourait à cette fin honteuse et humiliante.
La Guinée fait face de nouveau à son destin, celui d’amorcer son processus de transition démocratique, la consolidation et la stabilité des institutions.

En effet, notre rôle en tant que citoyens, républicains convaincus et intellectuels est de toujours alerter, interpeler et conseiller. De ce fait, rappelons-le, ce coup de force est une nouvelle chance qui s’offre à la Guinée, au peuple de Guinée dans son entièreté. Une chance qu’elle doit inéluctablement saisir afin de redéfinir les véritables bases d’un véritable développement, de repenser les plaies les plus profondes de notre passé récent, de créer les conditions de lunité nationale et dune espérance démocratique apaisée.

Et, pour ce faire, rien ne doit se faire dans les jours à venir dans la précipitation, dans l’impréparation et dans l’improvisation. Si nous manquons encore une fois ce rendez-vous de notre histoire, le pays aura perdu son unique opportunité.

Rappelons-le, les rituels et déclarations mensongers des vieux faucons de la politique guinéenne, des acteurs vendus de la société, des actes opportunistes et démagogiques de certains groupes de jeunes ont déjà commencé, il faut que cela s’arrête. Ils sont tous pareils, quils dégagent tous !

Plus que jamais, nous avons besoin d’une véritable refonte de la classe sociopolitique, de repencher les règles de notre système démocratique. Nous avons besoin de redéfinir les règles de création des partis politiques et leurs modes de fonctionnement. Nous avons besoin d’une Constitution adoptée par le peuple souverain de Guinée et adaptée à nos réalités.

Rappelons-le, les problèmes de la Guinée ne sont pas liés aux élections encore moins les institutions. Donc, vigilance et prudence !

Ne donnons pas l’impression que ce coup de force est perpétré contre un parti politique, un groupe ethnique ou une région. Sinon nous serions tenus obligés de voir impuissamment les mêmes personnes qui ont construit leurs empires économiques sur le dos du contribuable guinéen participer à tous les processus de cette transition militaire. Nous verrons les mêmes cadres véreux qui ont accompagné l’ancien Président à commettre cette erreur qui lui a été fatale se mêler de notre marche vers le SALUT.

Ce qui se passe aujourd’hui en Guinée, est loin d’être une comédie encore moins un moment de grande euphorie, ne nous créons pas d’ennemis plus facilement. Ce justement ce piège communautariste quils veulent nous tendre. N’avalons pas leur hameçon habituel. Réunissons-nous, concertons-nous, restons vigilants, prudents, réfléchissons ensemble sur les bases dun véritable projet de changement.

Définissons ensemble, un calendrier raisonnable pour une transition apaisée. Soyons exigeants et intraitables sur le critère de choix et le profil des hommes et femmes qui participeront à ce cadre de dialogue et à ce gouvernement d’union nationale annoncé par les NOUVELLES AUTORITÉS du pays. Car les mêmes causes produisent les mêmes effets, ne répétons pas l’histoire !

De Aly Souleymane Camara (Analyste politique-Consultant Média)

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