A Lola, au sud de la Guinée, la célébration de l’arrivée du nouvel an – un évènement universel célébré dans la plupart des pays du monde – s’étend sur trois à quatre jours, voire plus. Pourquoi cette fête est si importante au pays Konon ? Reportage !
Vendredi 3 janvier 2020, dans les rues de la commune urbaine Lola, les Kpan (masques) continuaient encore à pourchasser des jeunes gens qui ne se lassent pas de les provoquer. Dans les villages de la préfecture, ces jeux pourraient se poursuivre demain et même après-demain.
Les bars et les dancings vont continuer à être animés jusqu’à la fin de la semaine. Pendant ce temps, l’administration est paralysée depuis le 02 janvier, lendemain de la fête du Nouvel an. Dans les écoles, la reprise des cours ne sera effective que le 06 janvier.
La situation n’est pas inédite. Depuis belle lurette, le nouvel an se célèbre ainsi à Lola et dans d’autres préfectures de la Guinée-Forestière. Le patriarche Soua 7 Doré revient sur l’origine de cette façon de célébrer le Nouvel an. « Si la fête de janvier est prolongée à Lola, c’est parce que Lola est avant tout animiste. Chez les animistes, les autres fêtes telles que les fêtes d’initiation (la circoncision, l’excision et la Forêt sacrée) sont limitées à des familles. La seule fête qui concerne tout le monde à la fois est la fête de janvier », a expliqué le patriarche. « Janvier correspond à la fin des récoltes. A cette période de l’année, on est dans la saison sèche, les travaux champêtres pour les nouvelles cultures n’ont pas encore commencé. Enfin, de façon générale. Alors, tout le monde a le temps d’être au village pour plusieurs jours », a-t-il poursuivi.
Avec l’évangélisation et la propagation de l’islam dans la préfecture, les animistes Konon ont dû assister ou participer à la célébration d’autres fêtes comme Noël, Pâques, Ramadan ou Tabaski. Mais « janvier » – comme on y appelle la célébration du nouvel an – reste la plus grande fête dans la préfecture.
Soua 7 Doré précise tout de même que la sortie des masques pendant la fête du 1er janvier est relativement récente. « C’est une erreur qui a fini par s’imposer dans la coutume. Je dirai même que c’est une aberration. Normalement, les masques ne doivent sortir que pendant les cérémonies d’initiation des hommes ou pour un sacrifice. Si c’est pour un sacrifice, sa sortie est bien réglementée par les initiées », a-t-il dit.
Si Janvier reste toujours une fête grandiose et respectée en Guinée-Forestière, c’est parce que la région est habitée en majorité par les animistes qui constituent les 80% de la population. Les chrétiens, 15 % de la population viennent en deuxième position devant les musulmans (5%).
Tout comme des animistes célèbrent Noël ou Tabaski, des pratiquants des deux religions monothéistes prennent part à Janvier.
Lola, Aminata Massa Condé pour Lolaplus.org