Célibataire et âgé d’une vingtaine d’années, le jeune au teint brun a été cireur de chaussures depuis ses premiers pas à l’école. Du cirage à la réparation des chaussures, Mamadou Baldé, rappelle néanmoins que ses parents ont bien pris soin de lui, après l’avoir inscrit à l’école, où il est allé jusqu’en 5 ème année. Au risque de retarder par manque de niveau, il choisi tout simplement la cordonnerie, un métier qu’il pratique avec aisance, dans lequel il gagne son pain quotidien.
Assis à côté d’un kiosque, en pleine activité, il détient en main, une chaussure de l’une de ses clientes qu’il répare avec une attention particulière. Couteau d’un autre côté, des autres matériels éparpillés ça et là, la vingtaine répare des chaussures de tout genre. Cette activité qui lui permet de mener sa vie et assister parfois ses parents, fait de lui un modèle dans ce métier pour certains jeunes. C’est pourquoi dira-t-il, l’abandon des études au profit de ce métier est bien raisonnable.
« Comme mon intelligence à l’école ne me permettais pas d’aller de l’avant, alors je me suis dis qu’il est temps que je fasse autre chose. Et depuis mon jeune âge quand j’étais dans les classes de 3 ème et 4 ème année, je faisais le cirage les vacances et même les jours de repos je passais ciré les chaussures. C’est seulement ce que je faisais. Mais à un moment donné, les gens me demandaient si je ne couds pas les chaussures, alors vu la demande des clients, j’ai trouvé qu’en plus de cirer les chaussures je peux aussi avoir de l’argent en les réparant. C’est ainsi que je me suis retrouvé dans le métier de cordonnerie», a expliqué à notre micro, le jeune cordonnier.
Entouré de ses clients, la tête courbée sur son activité, il indique que ce métier est la seule activité qu’il mène pour le moment mais, le permet néanmoins de joindre les deux bouts, malgré la rareté de la clientèle en cette période de crise sanitaire. Vivant toujours auprès de ses parents, il nous confie que tous ses besoins dépendent de lui même, et porte assistance des fois à sa famille. Chaque jour, même si le gain n’est pas comme on peut l’imaginer, mais il reconnaît gagner son pain quotidien.
« Il y a des jours où je gagne entre 50 à 70 mille francs guinéens. Cela dépend de la clientèle. Ce qui reste clair, je n’ai pas moins de 20 000 FG par jour. C’est dans cette petite économie que je fais mes besoins, et il y a des jours que je porte assistance à mes parents sans qu’ils ne me le demandent bien-sûr», a laissé entendre Mamadou Baldé.
Si la cordonnerie est pour la plupart détestée par certains jeunes, bien au contraire, notre interlocuteur lui, se dit être fier en la pratiquant.
« Je ne me gêne pas du tout car, aujourd’hui avec ce métier, j’obtiens ce dont j’ai besoin. En plus de cela, je n’envie personne. Je me sens vraiment fier dans ce métier», dira-t-il avant de rappeler que pour l’instant, les difficultés rencontrées ne l’ont pas encore empêché d’aller de l’avant.
Actuellement, même si les moyens nécessaires ne sont pas encore à sa disposition, son ambition reste néanmoins celle de se lancer dans le commerce.
« C’est vrai que je n’ai pas de grandes visions pour le moment, mais mon seul souci actuellement, c’est de collecter l’argent, et acheter le matériel de travail au complet. Si cela est fait, je pourrai faire le commerce à côté», a envisagé le jeune cordonnier.
Pour finir, Mamadou Baldé n’a pas manqué de s’adresser aux jeunes qui estiment toujours que c’est seulement l’école qui constitue le seul point de réussite d’un homme.
« Je dirai à mes amis qui ne font rien de chercher à faire un métier, car il y’a toujours un dernier espoir. Même avec un petit métier, on peut avoir son pain quotidien».
Mamadou Baldé, demande au gouvernement guinéen et ONG, de venir en aide aux jeunes cordonniers qui se débrouillent, en mettant un certain fond à leur disposition, pour qu’ils puissent avoir le matériel nécessaire, les permettant de bien travailler et d’avoir des ateliers modernes, a-t-il martelé.
Gueckédou, Emmanuel Tamba Léno pour lolaplus.org