Presque complètement vide de sa population, suite à un affrontement entre éleveurs et agriculteurs faisant un bilan de deux morts et d’importants dégâts matériels le mois dernier, le district de Gonota dans la préfecture de Lola vit encore dans un silence total. La plupart des citoyens ont déserté le village en ruine par crainte d’être interpellés par les services de sécurité qui sont à la trousse des présumés assassins d’un bouvier.
Dans le district de Gonota, après l’interpellation de plus d’une centaine de personnes par la gendarmerie, suivie de pillage et de cas de vol dont on accuse les hommes en uniforme, le village montre une image pitoyable. Ecole, dispensaire, maisons d’habitation et boutiques fermés. Les activités champêtres sont aussi à l’arrêt. Les citoyens eux ont trouvé refuge dans d’autres villages et certains continuent à croupir dans les locaux disciplinaires de la gendarmerie de Lola. Quelques jours après ces évènements douloureux, notre Desk dans la région a fait un tour à Gonota pour aller à la rencontre des citoyens.
Rencontrés, certains habitants qui vivent la peur au ventre sont sortis de leur silence pour expliquer les conditions atroces dans lesquelles ils s’y trouvent.
Je suis Ousmane Doumbouya cultivateur résident à Gonota, depuis le 15 avril dernier date à laquelle le corps de Mamadi Sidibé a été retrouvé auprès d’un parc d’élevage, le village vit dans la peur. Aujourd’hui avec l’arrestation de nos notables, tout le monde a peur et les gens ont fui le village par peur de représailles des forces de l’ordre, nous explique Ousmane Doumbouya. Et d’enchérir, c’est la période des labours on avait déjà commencé les travaux mais voilà le village est vide et ces champs sont abandonnés à eux-mêmes, ajoute-t-il.
Dans ce même ordre d’idée, Abou Gbamou assis devant sa maison ne passe pas par 4 chemins pour donner les raisons qui font que la population refuse de rejoindre le village. « Si vous voyez que le village est vide cela est dû au fait que tous les responsables à commencer par les sages, le responsable des jeunes, le chef de village sont tous interpellés. Et comme ça qui va venir rester ? Ceux-là qui avaient commencé à rallier le village sont encore repartis soit en brousse ou dans les villages voisins. Parce que tout simplement ce vendredi 4 mai les rumeurs couraient comme quoi un contingent de gendarmes allait débarquer pour procéder à nouveau à des interpellations », indique Abou Gbamou. Face à la situation, Abou Gbamou, la trentaine demande la libération de toutes les personnes détenues sinon on n’aura pas le courage de revenir au village, plaide-t-il.
Pour sa part, cet autre citoyen a quant à lui pointé du doigt accusateur les agents des services de sécurité d’être à la base de pillage et de vol. Avant les évènements du 15 avril passé, j’avais contracté une dette et j’ai acheté deux cartons de produits phytosanitaires. Mais le jour où les gendarmes sont rentrés au village nous avons fui et laissé tout derrière nous, c’est ainsi ils ont profité de ce vide pour défoncer les portes et prendre tout ce qu’ils pouvaient prendre. Et moi, c’est dans ça ils ont pris mes deux cartons, témoigne Ousmane.
Arrêté et conduit à la gendarmerie de Lola où il a passé quelques semaines avant de retrouver sa liberté, Daouda Doumbouya nous retrace sa mésaventure. « Tout a commencé le jour où le corps de Mamadi Sidibé a été découvert. Quand nous fûmes informés, on est allé sur le terrain où les gendarmes sont venus nous trouver après le constat ils nous ont fait monter dans le véhicule avec le corps. Quand on s’est embarqué à bord arrivés au village ils ont continué avec nous et c’est comme ça j’ai été arrêté. J’ai passé 16 jours avant d’être libre, cela grâce aux négociations de mes connaissances », précise Daouda Doumbouya. Ensuite il dira qu’ils étaient 36 hommes incarcérés et 35 continuent à croupir encore là. Les femmes elles étaient en garde à vue et elles ont été toutes libérées, conclu notre interlocuteur.
Comme Daouda, Seny Sagno avait elle aussi avait été arrêtée. Selon cette dame lors de son interpellation elle a été violentée par les services de sécurité. Après son interpellation Seny Sagno déplore les conditions misérables qu’elle traverse actuellement. Je suis revenue mais je n’ai rien trouvé à la maison, je n’ai même pas de quoi manger. Nous demandons qu’on nous vienne en aide, a plaidé Seny Sagno.
De retour de Gonota, Bembey Woulo Kamadou pour lolaplus.org
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