A N’Zérékoré, Foromo Kolamou, porte-parole de l’antenne du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution) dans la capitale de la région forestière, revient sur sa rencontre en décembre dernier avec le Président Alpha Condé. Mis à l’écart depuis cette rencontre, il révèle des problèmes au sein de l’antenne régionale. Toutefois, il dit être prêt à revenir si on lui tend la main. Lisez son interview !
LolaPlus: pour les lecteurs de LolaPlus, pouvez-vous revenir sur votre rencontre avec le Président de la République ?
Mr Kolamou: Les 23 et 24 décembre derniers, j’étais effectivement à Conakry sur invitation du Président de la république. Si je suis parti, c’est parce que pour moi, un chef d’Etat mérite respect. Lorsque vous êtes appelés par un chef d’Etat, quelle que soit votre appartenance, vous devez répondre à son appel. Je n’étais pas le seul invité du jour. Fassou Goumou était aussi invité. Au cours de la rencontre, le Président nous a parlé de ses projets. Durant toute notre rencontre, le Président ne m’a jamais parlé de troisième mandat. Il m’a plutôt parlé de nouvelle Constitution. J’ai plus de 40 ans, je n’ai peur de personne, alors je le dis et je répète : rencontrer quelqu’un ne veux pas dire adhérer à sa politique. Je suis de l’opposition, mais je respecte le Président de la république, je respecte son esprit, je respecte tout ce qu’il fait dans le cadre du développement de ce pays, même si tout n’est pas rose.
Ne craignez-vous pas les critiques que peut susciter une telle rencontre avec le Président Alpha Condé ? Surtout que vous dites publiquement qu’il ne vous a jamais parlé du troisième mandat qui fait l’objet de la lutte du FNDC.
Je le répète encore : durant ma rencontre avec le Président, il ne m’a jamais parlé de troisième mandat. Il m’a dit qu’il a envie de doter la Guinée d’une nouvelle constitution. Est-ce que je suis pour une nouvelle constitution ? Là n’est pas la question. En tout cas, moi je ne me reproche de rien. Je demeure opposant même si depuis mon retour de Conakry personne ne m’appelle pour les réunions du FNDC. En réplique, j’ai décidé de rester un peu à l’écart pour observer ce que font les autres.
Vous êtes donc éloignés du FDNC ?
Je ne sais pas s’ils (les autres membres du FNDC) s’éloignent de moi ou pas. Ce que je dis c’est qu’on s’appelait pour chaque réunion du FNDC. Mais depuis mon retour de Conakry, personne ne m’appelle. Pourtant, des réunions se sont tenues durant ce moment. Avant moi, nous avons tous appris que Dr Faya Milimono, le président du BL (Bloc Libéral), a rencontré le Président de la République. Et dans son intervention dans l’émission « les Grandes Gueules » de la radio Espace, il a dit que lorsqu’un Président vous appelle vous devez répondre. Qu’on aille écouter Faya Millimono, peut-être qu’on a des conseils à lui donner. Que les gens cessent de penser que rencontrer un chef de l’État c’est adhérer à ses idées… Je suis à l’écoute, le jour où ils vont m’inviter à une réunion, j’irai. Et je ferai ce que j’ai l’habitude de faire. Parce que dans un groupe, on a besoin de leadership. Comme vous le savez, depuis la première sortie du FNDC, tout n’est pas non plus rose aussi au sein de la structure. Il faut qu’on ait le courage de le dire… Quand vous dîtes aux gens de se réunir au bureau de l’UFDG ou quand vous dites sortons, allons à la place des Martyrs et tenons un meeting, vous devez être là aussi si vous êtes vraiment membres du FNDC. Si vous dites qu’il y avait un premier un deuxième plan. Ces plans, vous devez les expliquer à tout le monde. Mais ce jour, on n’a rien compris. Nous sommes sortis et de peu ils ne nous ont pas arrêtés. Moi personnellement, on a mis main sur moi et je n’ai été sauvé que de justesse.
Autre fait : lors de la grande marche organisée à N’Zérékoré, il était question que tous les leaders se retrouvent au point de départ à Boma. Ceux qui logeaient loin de Boma, devaient rejoindre la marche à partir du gouvernorat. Ce jour, j’étais le premier à être à Boma. Certains leaders n’étaient pas au rendez-vous. Tous les tissus rouges que vous avez vus sur la tête des gens ont été achetés par moi et l’ex-maire de N’Zérékoré, Cécé Loua. C’est quand nous nous sommes réunis au terrain rouge que certains se sont présentés pour tenir des discours. Je me suis dit que parmi nous, il y a des gens qui pensent que lorsqu’on doit mâter le mouvement, ils ne doivent pas faire partie. C’est quand il s’agit de lire de gros discours, qu’on les voit. Cela a été également le cas quand on tenait la réunion dans la salle polyvalente de l’ENI. Certains n’étaient pas là aussi. Moi, j’ai dit que je ne me cacherais pas. Bref,c’est comme s’il y avait des gens qui poussent et qui se retirent en cas de problème. Donc, ça veut dire que le FNDC soufre de certains problèmes. Si on ne se retrouve pas pour accorder nos violons, ce que les gens pensent de nous va peut-être se réaliser. Il ne faudrait pas qu’on dise laissons tomber tel ou tel autre. On doit plutôt se donner les mains pendant que nous sommes à quelques microns de la victoire.
A vous entendre, on a l’impression que vous êtes incompris au sein du FNDC. Qu’entendez-vous faire alors ? Allez-vous chercher à vous faire comprendre ou attendez qu’on vous tende la main ?
Je suis à l’écoute de l’ex-maire de la commune Cécé Loua avec qui je vais me rencontrer aujourd’hui (vendredi 24 janvier). Il tient à me rencontrer. Avant-hier, et même hier (jeudi 23 janvier), le coordinateur régional du FNDC m’a aussi appelé pour me rencontrer. Je vais donc les rencontrer pour voir comment nous allons accorder nos violons.
A N’Zérékoré, les autorités ont toujours nié l’existence du FNDC. Notre confrère de Guinéematin a même eu quelques soucis avec le gouverneur quand il a fait publier un article sur le FNDC.
Dire que le Front n’existe pas à N’Zérékoré, ce n’est pas vrai. Il existe bien. J’attends qu’on me convie aux réunions pour que je sache de quel mal souffre le FNDC à N’Zérékoré. Jusqu’à preuve du contraire, je crois qu’il y a plus de peur que de mal. Nous allons voir pourquoi les autorités refusent d’autoriser les manifestations du FNDC à N’Zérékoré. Mais si on laisse de côté certains parce qu’on pense qu’ils sont concoctés, je crois que c’est très gauche. En politique, si on réfléchit comme cela, ce n’est pas normal. Il ne faut pas qu’on oublie que je suis l’auteur de Hopaïpoli, l’équivalent de Amoulanfé.
Les préparatifs des législatives vont bon train. Votre parti, l’UFDG, a décidé de ne pas y participer. Pensez-vous que ces élections vont se tenir ?
Lorsque des partis d’opposition comme l’UFDG, l’UFR, PEDN et autres ne s’inscrivent pas pour une élection, je me dis que cette élection ne peut pas se tenir. Il faut que le Président se rappelle de ce qui s’est passé en 2013. L’opposition ne s’était pas inscrite au départ. C’est quand il y a eu consensus qu’elle est revenue pour les élections législatives. Si j’avais un conseil à donner au Président de la République, je lui demanderais de trouver un cadre de concertation entre les partis politiques pour que les partis qui n’ont pas déposé leurs listes puissent le faire. Parce que l’Assemblée doit être la couleur de tous les partis politiques du pays. Il y a des gens qui poussent le Président à aller aux élections, peut-être qu’ils ne sont pas là pour son bien. Lorsque l’Assemblée n’est composée que de députés issus d’un seul parti, comment voulez-vous que les lois qui y sont votées puissent s’appliquer à toute la nation ?
N’zérékoré, Moussa Moise Camara pour lolaplus.org