« Si le ridicule tuait, les rues de Conakry seraient jonchées de cadavres », disait l’autre. Nous venons d’apprendre la nouvelle. Lors de la présentation de son fameux prix obtenu au Maroc, le ministre Alphonse Charles Wright a dit aux médias avoir pardonné Mohamed Diawara et Abdoulaye Israël Kpogomou, respectivement président de l’Association des Magistrats de Guinée et ancien procureur près le tribunal de première instance de Labé : « Charles Wright : « quand on est modèle africain, il faut être modèle de pardon… Kpogomou, Diawara, je leur pardonne tous »
« Au nom d’une renaissance, toutes les fautes des magistrats, des gardes pénitentiaires seront levées à partir de demain. Au nom de la nouvelle renaissance, pour que chacun puisse reprendre de ses erreurs, se remettre en cause et savoir que c’est l’institution qui est la plus la forte. Que cela soit perçu comme un renouveau. Ce n’est pas une faiblesse, mais une maturité professionnelle. Quand on est modèle africain, il faut être modèle de pardon. Ce moment de pardon chez moi doit commencer afin d’accepter la faute des autres. Kpogomou, je lui pardonne. Je prends le cas de [Mohamed] Diawara, je leur pardonne tous. Sur ce, je pardonne tout le monde. Je ne peux que remercier le peuple de Guinée et demander à chacun de croire en la justice (…) », ce sont entre autres
Contrairement à ce que le ministre Alphonse Charles Wright dit aux médias, le président de l’Association des Magistrats de Guinée dont je reconnais la probité morale et la rigueur n’a nullement besoin d’une quelconque grâce pour bâtir sa carrière de magistrat.
Au contraire, c’est le ministre Alphonse Charles Wright qui doit présenter ses excuses au juge Mohamed Diawara pour l’avoir injustement suspendu et remplacé à son poste de procureur spécial près le tribunal pour enfant depuis un an.
A rappeler que depuis mi-décembre 2022, le Conseil supérieur de la magistrature de Guinée a débouté le ministre Alphonse Charles Wright de son action contre Mohamed Diawara. Une manière de lui faire injonction de rétablir sans délai Monsieur Mohamed Diawara dans ses droits.
Entre Charles Wright et Mohamed Diawara, qui doit pardonner à son prochain ?
Les faits sont récents et les Guinéens n’ont pas la mémoire courte. Au regard de tout ce qui s’est passé dans cette affaire entre le ministre Alphonse Charles Wright et le président Mohamed, président de l’Association des Magistrats de Guinée, la majorité des Guinéens qui sont témoins ont estimé que le jeune magistrat est victime de son leadership, ses connaissances et ses qualités de magistrat courageux, aguerri et averti. Si fait que le ministre Charles est jaloux de sa brillante carrière et sa conduite professionnelle.
Comment peut-on comprendre qu’une décision lui rétablissant dans ses droits est tombée sans suite.
Si le ministre parle d’une grâce accordé au juge Mohamed Diawara, quelle faute professionnelle lui reproche-t-il ?
Seul le ministre peut répondre à cette question.
Avec des remaniements qui pointent à l’horizon, peut-on dire que le ministre Alphonse Charles Wright n’a pas fait fortuitement cette communication théâtrale ?
Pour des observateurs avertis, le ministre Wright cherche une occasion pour se blanchir devant l’opinion nationale qui va dire dans les heures et jours à venir « Le ministre Charles Wright a pardonné à Diawara et à Kpogomou qui font partie des valeurs incontestables de la magistrature guinéenne ».
Mais comme on le dit souvent : « on ne peut tromper le peuple qu’une seule fois, mais pas tout le temps ».
C’est sûr et certain le président Mamadi Doumbouya et les membres du CNRD apprécieront cette communication comique et inopportune du tout puissant ministre Alphonse Charles Wright, nouveau roi de l’Afrique.
Le temps est le meilleur juge.
Daouda Yansané