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Saturday 2 November 2024

En Côte d’Ivoire, les partisans de Gbagbo vont déposer une candidature présidentielle en son nom

Bien que l’ancien chef de l’Etat ait été radié des listes électorales, ses militants espèrent toujours qu’il soit présent lors du scrutin du 31 octobre.

Laurent Gbagbo, toujours en Belgique, pourrait être candidat à la présidentielle ivoirienne du 31 octobre : ses partisans ont annoncé mercredi 26 août qu’ils allaient déposer un dossier en son nom, alors que l’ancien chef d’Etat ne s’est pas encore prononcé publiquement sur le sujet.

De son côté, l’ancien chef rebelle et ex-premier ministre Guillaume Soro, candidat déclaré malgré son exil en France, a dénoncé dans une lettre ouverte au président Emmanuel Macron le « silence assourdissant » de la France sur la situation en Côte d’Ivoire.

« EDS [Ensemble pour la démocratie et la souveraineté] informe les Ivoiriens et la communauté internationale (…) qu’il déposera la candidature du président Laurent Gbagbo selon les procédures prévues », a affirmé le président de la coalition, Georges Armand Ouegnin, lors d’une déclaration au siège du Front populaire ivoirien (FPI), fondé par Laurent Gbagbo.

Celui-ci est toujours en liberté conditionnelle en Belgique dans l’attente d’un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale (CPI), qui l’a acquitté en première instance de l’accusation de crimes contre l’humanité. Il a le droit de voyager à condition que le pays d’accueil accepte sa présence, mais il n’a pour le moment pas de passeport. Son avocate accuse les autorités de le lui refuser, celles-ci parlent de « traitement » en cours.

« Gbagbo ou rien »

Si la candidature de Laurent Gbagbo, 75 ans, devenait réelle, la Côte d’Ivoire retrouverait au premier tour les trois grands rivaux de l’élection de 2010. Elle avait débouché sur une crise qui avait fait quelque 3 000 morts, née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire du président Alassane Ouattara.

Le président Ouattara, 78 ans, a déjà déposé son dossier pour briguer un troisième mandat controversé alors que l’ancien président Henri Konan Bédié (1993-1999), 86 ans, devrait le faire ce jeudi. Kouadio Konan Bertin, dit « KKB », un dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, principal parti d’opposition), l’a pour sa part fait mercredi.

Laurent Gbagbo entretient le mystère autour de ses intentions pour la présidentielle. Son ancien premier ministre, Pascal Affi Nguessan, qui a obtenu le contrôle légal du FPI, a lui déjà annoncé sa propre candidature.

EDS, qui comprend notamment les « GOR » (« Gbagbo ou rien »), la faction qui lui est restée loyale au sein du FPI, a protesté mercredi contre la confirmation de la radiation des listes électorales de Laurent Gbagbo par la justice ivoirienne, une mesure qui a aussi touché M. Soro.

La radiation de Laurent Gbagbo « relève de la pure manœuvre politicienne mise en œuvre pour empêcher son retour en Côte d’Ivoire et empêcher sa candidature par une instrumentalisation de la justice », a dénoncé M. Ouegnin.

Condamné à vingt ans de prison

Les candidats ont jusqu’à lundi 31 août minuit pour déposer leurs dossiers et ne doivent pas nécessairement être présents physiquement, a affirmé à l’AFP le président de la Commission électorale indépendante (CEI) Ibrahime Kuibiert Coulibaly. « L’éligibilité relève du Conseil constitutionnel » et de lui seul, a-t-il rappelé.

Les motifs qui ont conduit la justice à confirmer la radiation de Laurent Gbagbo devraient conduire le Conseil constitutionnel à prononcer son inéligibilité, selon des sources judiciaires. Laurent Gbagbo a été condamné en janvier 2018 par la justice ivoirienne à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest, pendant la crise post-électorale.

La coalition assure également « comprendre le mécontentement général des Ivoiriens contre le troisième mandat illégal de M. Ouattara ». Comme la précédente, la Constitution de 2016 limite à deux les mandats présidentiels. Les partisans de M. Ouattara affirment que le changement de Constitution a remis le compteur des mandats à zéro, mais leurs adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature.

Cette candidature controversée a débouché sur des violences intercommunautaires dans plusieurs villes du pays, qui ont fait au moins huit morts. De nombreux observateurs craignent de nouvelles violences avant et après le scrutin du 31 octobre.

« Le pays est pris dans un tourbillon qui fait valser les libertés fondamentales », écrit Guillaume Soro. « Nous n’avons entendu que le silence de la France (…). Un silence assourdissant », écrit M. Soro sur le site Internet de l’hebdomadaire du Journal du dimanche. L’ancien premier ministre demande également au président Macron, qui avait salué le renoncement de M. Ouattara à briguer un troisième mandat en mars, de prendre position aujourd’hui sur le fait que M. Ouattara est à nouveau dans la course à la présidence

Le Monde avec AFP

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