Membre de l’ANAD ( Alliance Nationale pour la Démocratie), Edouard Zoutomou Kpoghomou demande une expertise internationale pour comparer les résultats de l’ANAD et ceux publiés par la CENI. Entretien !
Lolaplus.org: lors d’une conférence de presse, l’ANAD dont vous êtes membre a souhaité une médiation internationale. Or, presqu’au même moment, Cellou Dalein a récusé le général Françis Béhanzin de la CEDEAO. Il n’y a-t-il pas de contradiction dans votre démarche ?
Édouard Zoutomou Kpoghomou: nous ne pensons pas qu’il y ait de la contradiction. Vous savez on dit souvent qu’il faut avoir plusieurs cordes à son arc. C’est une option que l’ANAD a pour pouvoir engager une sorte de dialogue, mais qui doit suivre des préalables. C’est-à-dire les résultats qui sont issus des urnes. Si le président Cellou a récusé Behanzin de la CEDEAO, c’est en connaissance de cause. Encore une fois, je ne vois pas de contradiction parce que face à cette situation, nous voulons non seulement une expertise indépendante qui va comparer les résultats sortis des urnes et ceux fabriqués à ciel ouverts dans les bureaux de vote jusqu’au niveau de la commission de centralisation. C’est tout ce que nous cherchons.
Si la Cour constitutionnelle confirmait la victoire d’Alpha Condé, quelle serait la suite du combat de l’ANAD?
Notre combat serait poursuivi dans le même sens. La contradiction qu’il faut plutôt noter est le fait que la Cour Constitutionnelle a des délais de recours qui ne tiennent pas compte des difficultés physiques qui ont été imposées au candidat de l’ANAD, à savoir celles de ne pas sortir de chez lui. Alors qu’on ne peut pas aller déposer les recours avec les preuves à l’appui lorsqu’on ne peut pas sortir de chez soi. C’est une grosse confusion car, on veut maintenir notre candidat chez lui pour enfin dire qu’il n’était plus dans le délai. De toutes les façons, nous avons foi aux résultats que nous avons, puisque nous nous sommes lourdement investis avec nos assesseurs pour pouvoir veiller à tout le processus à travers le pays pour transmettre électroniquement tous les résultats.
La proclamation des résultats provisoires globaux donnant Alpha Condé comme vainqueur de l’élection présidentielle du 18 octobre avait donné lieu à quelques manifestations, notamment dans les fiefs de l’UFDG. Pourquoi, selon vous, dans la région de N’Zérekoré les partisans de l’ANAD ne sont pas sortis pour contester les résultats de la CENI ?
C’est parce que nous n’avions pas encore toutes les données associées à ce processus. Nous n’avons pas pu rentrer en contact avec ceux-là qui devraient pacifiquement constater ces résultats. Étant loin, c’est un peu difficile de pouvoir contrôler tout cela. Dans tous les cas, les résultats sont en notre faveur.
Ne pensez-vous pas que les manifestations contre Alpha Condé s’essoufflent et que les gens acceptent désormais Alpha Condé même si c’est malgré eux ?
Je ne pense pas que les gens acceptent Alpha Condé. Malheureusement je n’ai pas été témoin oculaire des résultats des deux échéances électorales passées (2010-2015). Mais pour celle de 2020, j’étais sur le terrain comme coordinateur de campagne de l’UFDG dans la région administrative de N’Zérékoré. Alors je connais ces résultats remontés directement. Mais je suis au regret de constater que les choses tournent comme cela. Sinon, le soir du 18 octobre, je me suis fait le devoir d’appeler le préfet de Yomou pour lui mettre en garde contre toutes modifications des résultats que nous avions déjà. Malgré tout ça, ils l’ont fait. C’est pourquoi nous voulons une commission indépendante internationale pour nous départager au risque d’étouffer le peuple et qui n’aura pas du coup sa voix au chapitre.
Au regard de tout ce qui se passe, qu’est-ce que l’ANAD garantit au président Cellou Dalein Diallo ?
C’est notre soutien indéfectible. Nous ne voulons pas que le peuple souverain soit étouffé. Toutes les mesures sont en train d’être prises. Ce n’est que de l’intimidation qui est en train d’être orchestrée par les autorités. Sinon en 2010, Alpha Condé a exactement fait la même chose mais les gens ont fini par dire qu’il n’y avait pas un Président sortant comme cette année. Cependant, nous sommes aussi en train d’élire un Président de la République. Pourquoi ce deux poids deux mesures ?
Entretien réalisé par Robert Mellano