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Thursday 14 November 2024

Droit de Réponses aux insinuations suscitées par un posting-réponse à la sortie de Mr. Alpha Condé sur l’exportation de la bauxite guinéenne.

Suivez ce link pour lire le premier posting d’origine: Lettre ouverte du Dr Edouard K Zoutomou au Pr. Alpha Condé

J’aurais pu ne plus rien dire suite à la panoplie de raisons données par Mr. Togba et Mr. Tavaguez contre toute cette gymnastique autour du 3eme mandat que les uns et les autres défendent si farouchement, sur les réseaux sociaux. Cependant, j’ai décidé d’ajouter quelques éléments pour simplement élucider les questions techniques relatives à l’industrie de transformation de la bauxite qui semblent créer beaucoup de confusion et en même temps, pour éclaircir certaines insinuations que je trouve inappropriées.

Dr Edouard K Zoutomou Leader Politique Président UDRP

Clairement, mes critiques et moi n’avons pas la même compréhension de la problématique de la gestion catastrophique des mines en Guinée. J’aborde la question en tant qu’homme de la filière, adossé à une solide formation académique et à une riche expérience internationale. Je n’interviens donc pas en posture d’observateur lointain non avisé ou d’amateur opportuniste. Modestie mise en poche, je voudrais faire remarquer que je suis le premier ingénieur guinéen des mines titulaire d’un doctorat (PhD.) en Métallurgie d’Extraction. Je sais de quoi je parle car mon sujet de mémoire de fin d’études supérieures portait en 1976 sur le traitement des fameuses bauxites à plaquettes de l’usine d’alumine de Fria. Je ne suis non plus pas un usurpateur de titre et dans ce domaine, suivez simplement mon regard.

Contrairement à l’assertion de certains, il n’a jamais été question dans mes propos “d’installation d’une unité de traitement de l’alumine sur place”, mais bien d’une industrie de transformation sur place de la bauxite pouvant comporter plusieurs unités, sur une échelle verticale des valeurs. Il est très important de savoir que cette transformation se fait en deux étapes. Il y a d’abord la transformation de la bauxite en alumine et ensuite la subséquente transformation de l’alumine en aluminium. A chacune de ces étapes correspond une demande spécifique d’énergie électrique.

C’est une grave contre-vérité d’affirmer qu’il faut un barrage électrique comme « soubassement » pour amorcer ce processus de transformation. Si cela était le cas, la première usine d’alumine en terre africaine n’aurait jamais vu le jour à Fria au début des années 60, une période tumultueuse où la jeune Nation Guinéenne était confrontée à des rétributions épouvantables de toutes sortes, suite à sa décision de prendre son indépendance de la France coloniale, deux années auparavant. A ce que je sache, Fria produit toujours de l’alumine sans énergie électrique produite par un barrage hydroélectrique.

A titre d’information, je voudrais que mes critiques sachent que la transformation de la bauxite en alumine est un traitement chimique connu sous le nom de Procédé Bayer, du nom de l’Autrichien Carl Josef Bayer qui l’a développé. En plus de la bauxite qui en est la matière première, ce procédé repose sur deux substances fondamentales : La Soude Caustique et l’Énergie Électrique ; A ce stade, la demande d’énergie électrique est modeste et celle-ci est généralement produite par des centrales thermiques. A Fria, des pompes submergées dans le Konkouré alimentent en eau le réseau de tuyaux d’une chaudière qui brûle du mazout et produit de la vapeur mise sous pression pour faire tourner les turbines électriques de la centrale thermique de 20 mégawatts de puissance. Cette centrale thermique génère toute l’énergie électrique nécessaire à tous les compartiments de transformation des cuves d’attaque à la calcination, en passant par les décomposeurs géants.

La transformation de l’alumine en aluminium est faite par un procédé électrolytique connu sous le nom de Procédé Hall-Héroult, des noms de l’Américain Charles M. Hall et du Français Paul Héroult, ses Co-inventeurs. Il s’agit d’un traitement électrochimique ou simplement d’une électrolyse qui demande beaucoup plus d’énergie électrique pouvant atteindre approximativement jusqu’à 20.000 KWh par tonne d’aluminium. La consommation en énergie électrique est si grande à ce stade qu’elle ne peut être satisfaite économiquement que par des sources d’énergie produite soit par le nucléaire ou les barrages hydroélectriques. En Guinée la production de l’aluminium devra obligatoirement reposer sur l’énergie électrique fournie par un ou des barrages hydroélectriques. Il faudra absolument mettre à contribution le potentiel hydroélectrique du pays, pour couvrir les besoins futurs en énergie de la filière bauxite, avec l’option de vente de l’énergie excédentaire aux industries de transformation en instance d’implantation.

Le projet intégré de Fria a été réalisé par la concomitance des études et l’exécution des chantiers de l’Usine de Kimbo, de la Cité de Fria-Kimbo, du Port Aluminier de Conakry, et du Chemin de Fer Fria-Conakry. C’est la démarche qui devrait être imposée aux compagnies désireuses d’entrer en partenariat avec le gouvernement guinéen autour des projets intégrés d’exploitation de la bauxite. Le renouvellement des permis d’exploitation et l’attribution de nouveaux permis doivent être subordonnés au dépôt des Etudes de Faisabilité bancables, couvrant toutes les composantes d’une intégration au moins jusqu’à la phase d’alumine avec un calendrier précis d’exécution des travaux de construction de l’infrastructure complémentaire.

Du point de vue de la gestion des ressources en bauxite, mon amertume n’est pas avec ce dont Alpha Condé a hérité des administrations passées, mais plutôt avec les mesures qu’il n’a pas prises pour limiter les dégâts causés par les nouvelles compagnies attirées par l’amélioration du climat des affaires et la révision du code minier.

En Avril 2013, une crise syndicale avait éclaté à Fria, débouchant sur une grève qui avait conduit à l’arrêt de l’usine d’alumine de Fria. Dans le cadre de ma participation volontaire à la résolution de cette crise, j’avais publié à l’intention du gouvernement une étude intitulée « Mines : La crise de Friguia et la Politique de Valorisation des Ressources Minières ». Dans cette étude publiée et disponible dans les archives de Guineeactu.Info dans sa rubrique du 17 Avril 2013, j’avais fait des propositions concrètes non seulement pour la résolution de cette crise, mais aussi pour l’élargissement de l’application de ces recommandations à la politique minière à adopter en Guinée. Malheureusement, les instincts de commercialisation sous-tendus par d’autres intérêts, ont pris le dessus pour négocier l’exploitation et l’exportation anarchique de la bauxite par une pléthore de compagnies minières beaucoup plus préoccupées à minimiser leurs investissements. Partant, leurs activités ne rapportent rien au peuple souverain de Guinée. J’avais exposé avec célérité le paradoxe révoltant de la richesse du sous-sol guinéen en contraste à la pauvreté multidimensionnelle du guinéen, pendant le colloque organisé à l’Assemblée Nationale Française à Paris, le 21 Février 2019.

Ma seconde frustration, c’est le manque de rigueur du gouvernement pour mettre la CBG en demeure de construire une usine d’Alumine à Sangarédi, comme condition obligatoire de maintien de leur permis d’exploitation, après près d’un demi-siècle d’opération. C’est un acte de défaillance parmi tant d’autres et une moquerie extrême que c’est seulement en 2019 que la CBG aurait finalement déposé une étude de faisabilité pour la construction d’une raffinerie d’alumine alors que les clauses originales prévoyaient bel et bien une telle infrastructure.

Je rappelle que de 1973 à 2016, la CBG a exporté l’équivalent de plus de 400 milliards de dollars de bauxite, un pactole dans lequel la part revenant à la Guinée représente une proportion scandaleuse de 1,2%. Une manne financière bien négociée aurait grandement contribué à l’amélioration des conditions de vie des populations. Même si je ne blâme pas le gouvernement actuel pour cette déconvenue, je suis de l’avis effrontément partisan qu’Alpha Condé aurait pu arrêter cette hémorragie financière et remettre la Guinée dans ses droits s’il était tant soit peu le patriote qu’il aurait dû être.

 Je conseille à tous ceux qui ont fait des insinuations malencontreuses de comprendre qu’être « trop loin » (j’omets le dépréciatif notre Dr, ton Docteur) n’est pas synonyme d’être en marge de la vie contemporaine éprouvante en Guinée. J’étais « trop loin » lorsque ma formation politique l’UDRP, dans sa toute première aventure électorale juste pour tâter le terrain, battait à plate couture le RPG avec tous les moyens de l’Etat à Péla. Je signale au passage que cette victoire a mis Mr. Alpha Condé dans tous ses états, au point de le pousser à recourir à sa pratique habituelle, l’achat des consciences avec l’argent du contribuable guinéen. Fort heureusement, l’histoire dans son obstination à l’infini, a déjà verrouillé cet évènement et l’a enregistré à jamais. Je suis « trop loin » pour être en Guinée chaque année et m’enquérir des conditions de vie de la population dans ses plus profonds retranchements. Je suis « trop loin » pour savoir que votre champion dilapide plus d’un milliard de nos francs chaque jour que Dieu fait pour mettre à exécution ses projets de se maintenir au pouvoir, plutôt que de les utiliser pour satisfaire les besoins criards des populations encastrées sous le poids de la pauvreté extrême. L’indice de pauvreté multidimensionnelle en Guinée est le plus élevé de la sous-région ; encore une fois, les guinéens ne mangent pas les hôtels !

Sarcasme mis de côté, je suis « trop loin » simplement parce qu’obligation professionnelle aidant, je veux être un politicien adossé d’abord à une profession que j’exerce avec dévouement et excellence qui pourrait m’aider dans mes fonctions politiques futures. Plutôt que de faire de la politique une profession avilissante de mendicité, je suis « trop loin » simplement parce que je ne veux pas vendre mon honneur et ma dignité par respect pour le nom que je porte avec fierté. Je le dirai partout et fort : lorsque l’on n’a jamais géré quoique ce soit dans la vie, lorsque l’on ne peut pas transférer une expérience solide de gestion des hommes, des ressources venant d’autres entités socioprofessionnelles, avec toutes les charges et responsabilités qui en découlent, on ne peut pas faire des miracles à la tête d’un état. Un état ne se gère pas par les impulses et l’humeur du jour. La gestion de Mr. Alpha Condé en est une illustration parfaite. Pauvres de nous guinéens !  

Finalement, je conseille à tous ces opportunistes qui enterrent leur conviction à la première sensation d’odeur de nos francs glissants, de se renseigner très bien et d’apprendre à bien écrire, avant d’entrer sur ton narquois, dans des débats dont ils ne maitrisent pas les contours multidimensionnels. Qu’ils comprennent aussi que la politique contemporaine est indissociable des réseaux sociaux. Barack Obama et Donald Trump doivent leur succès à ces réseaux sociaux derrière lesquels je suis accusé de faire une politique de cachette.

Edouard Zoutomou KPOGHOMOU, PhD
Président de l’UDRP

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