Militant des premières heures du RPG, ancien fonctionnaire de Lansana Conté, l’écrivain Mr. Djati Condé croit que ce sont les politiques qui divisent les Guinéens. Opposé à une arrivée au pouvoir de Cellou Dalein Diallo, il croit quand même que la paix passera par une entente entre l’opposition et la mouvance présidentielle. Entretien !
Lolaplus.org : que pensez des violences meurtrières de la semaine dernière à Conakry ?
Djati Condé : j’ai appris par voie médiatique qu’il y a des violences à Conakry. Par rapport à cela, je dirai que ce sont des individus de certaines localités qui viennent troubler l’ordre dans les autres localités. Ils vont jusqu’à tirer à bout portant sur des citoyens. Même ceux qui brûlent les pneus dans les quartiers ou sur les différentes voiries ne sont pas issus de ces quartiers. La preuve est qu’ils n’ont jamais été identifiés. On connaît tous qui sont les fauteurs de troubles en Guinée. Ce sont des gens manipulés par les politiques et nous avons les résultats de nos enquêtes sur ce sujet. Les gens ne comprennent pas que ceux qui cherchent à attiser le feu disent que ça ne va pas entre les ethnies guinéennes. Je vous assure que tout va bien entre ethnies. C’est un montage pur et simple de dire que ça ne va pas entre les ethnies. C’est pour nous opposer. Les politiques cherchent à attiser de plus l’ethnocentrisme, mais ils ne pourront pas car tout va bien entre nous.
Dites-nous, quelle analyse faites vous de l’autoproclamation de Cellou Dalein Diallo ? Cette auto-proclamation n’est-elle pas à la base des dernières violences ?
C’est là où le processus électoral s’est embrasé et s’est détérioré. Comment peut-on se déclarer vainqueur d’un match de football avant l’écoulement des 90 minutes ? Il (Dalein) a violé les règles du jeu. Comme nous l’avons tous vu, cet acte a été condamné à l’unanimité y compris par la communauté internationale. Qu’à cela ne tienne, je pense que les fautes sont partagées. Ce qui est le plus regrettable, c’est quand on fait figurer un nombre fictif sur une situation aussi importante qu’une élection présidentielle. Dans ce résultat qui donne pour vainqueur l’UFDG, il y a les voix de nos compatriotes vivant en Guinée-Bissau. Or, il n’y a pas eu de vote dans ce pays. Ce qui est aussi regrettable, c’est que cette auto-proclamation a vraiment créé le trouble dans ce pays. Cela n’a pas été une bonne chose. J’en appelle donc aux autorités de ce pays et à la communauté internationale pour qu’à l’image de l’école nationale d’administration qu’on puisse mettre à la disposition de la Guinée une école de formation politique.
Il paraît que vous êtes contre une arrivée au pouvoir de Cellou Dalein. Pourquoi selon vous Cellou ne doit pas être Président de ce pays ?
On a tous vu la gouvernance de ce pays avec Dalein durant les années Conté. On se rappelle d’une gestion très opaque lors de son passage aux différents postes ministériels auxquels il a été nommé. Il faut qu’il parte car on sait tous comment il a fructifié sa richesse. Allez au Sénégal, il y est un des grands investisseurs dans ce pays. Je vous assure que si le professeur Alpha condé ne se présentait pas pour ce scrutin présidentiel, c’est Dalein qui allait remporter la victoire et vendre notre pays.
Votre mot de la fin pour cet entretien
Je tiens à rappeler à tous que le tissu social guinéen n’est pas déchiré, mais plutôt ce sont les politiques qui font qu’on parvienne à s’entre déchirer. Donc, quand on parle de paix, il faut qu’on cherche à réconcilier les différents bords politiques qui sont les causes des maux guinéens. Il faut que l’opposition marche main dans la main avec la mouvance présidentielle et c’est ainsi que la quiétude régnera pour tout bon.
Propos recueillis à Kankan par Aminata Koné.
