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Thursday 21 November 2024

Culture : ce qu’il faut savoir du cinéma (Interview)

Dans une exclusivité accordée à notre rédaction, le directeur par intérim de l’Office National de Cinéma, de la vidéo et de la photographie a fait le point sur les conditions de vie des cinéastes. Au cours de cet entretien, Noël Lamah a expliqué de long en large les vrais problèmes des métiers de cinéma, de la vidéo et de la photo en Guinée.

lolaplus.org : qu’est-ce que le cinéma ?

Noël Lamah : le cinéma est communément appelé le septième art. C’est les images en mouvement. Il faut comprendre que le septième art, c’est aussi une industrie qui crée de l’emploi. C’est pourquoi on dit que le cinéma, c’est l’art et l’industrie. Et qui contribue à l’éducation et à l’émancipation de la société.

lolaplus.org : comment se porte le cinéma en Guinée ?

Noël Lamah : Le cinéma guinéen se porte plus ou moins bien. On a connu une période qu’on pourra appeler l’âge d’or, lors de la première République. C’est pendant ce temps, qu’il y a eu une réelle politique de développement du cinéma guinéen. Parce qu’il y avait des salles de cinéma. Là où on est là, s’appelait complexe cinématographique de Guinée. Où il y avait des studios de montages, des plateaux de tournages. Dans la vision d’Ahmed Sékou Touré, la Guinée devrait être le laboratoire où on pouvait venir chercher des films et le Burkina pour la diffusion. Mais après la libéralisation des initiations en 1984, on a jeter tout ça. Du coup, on est tombé dans la période assez compliquée en 84. Les salles de cinéma on été bradées.

Et le ministère de l’information est venu occuper le complexe cinématographique pour le transformer en bureau. Heureusement, dans les années 2004, on a crée l’institut supérieur des arts de Guinée qui a formé des réalisateurs. Et aujourd’hui, ces jeunes réalisateurs sortent avec un diplôme de maitrise. Mais le hic, c’est qu’il n’ y a pas de plateaux de tournages qui permettent à ces jeunes d’avoir la main. C’est-à-dire, ils sortent avec une formation académique mais la formation pratique, il faut faire sur le plateau d’où la nécessité aujourd’hui.
En plus de former des jeunes à l’ISAC, il faut aussi les moyens leurs permettant de mettre en pratique ce qu’ils savent faire. Parallèlement à ça, il y a un cinéma qui s’est développé, qu’on appelle cinéma populaire ou le pèssè. D’après les informations, il y a deux milles qui vivent de ce secteur là de Conakry jusqu’à l’intérieur du pays…
Au-delà de ces deux catégories, y a le cinéma guinéen à l’international qui est porté par le diaspora. Qui font des films professionnels mais qui ne sont pas vus par des guinéens. Parce que tout simplement, la production de ces films est faite par deux personnes par des maisons de production qui ne sont pas guinéennes, par des structures privées qui sont soit en France où aux États-Unis. Donc, ce sont des films qui sont connus ailleurs et tout. Il y a cette génération aussi des cinéastes. Et des diasporas qui essaient de faire ce transfert de compétences. Nous existons avec les difficultés mais nous sommes là.

lolaplus.org : quelles sont les difficultés que les cinéastes rencontrent ?

Noël Lamah : les difficultés sont de deux ordres. Premièrement, la formation et deuxièmement les financements. D’abord la formation, c’est très peu de trouver des cinéastes qui sont réellement outillés. C’est-à-dire, des producteurs qui sont outillés dans le montage de projets de films. Lorsqu’on ne résout pas ce problème, on aura toujours du mal. Il peut y avoir un film, on peut donner par exemple au niveau national un appui. Sauf qu’au niveau international, si le dossier n’est pas bancable, ça ne peut pas passer.
En tant qu’office, nous avons pour vision de professionnaliser les métiers de cinéma, de la vidéo et de la photo avant de penser à leur réglementation. C’est comme si tu as un produit, il faut te rassurer avant de le vendre. On œuvre à ce que les gens soient formés et accompagnés. À partir de là, on aura des dossiers bancables, où on pourra avoir des sources de financements une fois que les dossiers de production sont montés de façon professionnelle par des nationaux résidents.

loaplus.org : quels sont les moyens d’urgence mis en place cette année pour accompagner le cinéma ?

Noël Lamah : Donc l’urgence aujourd’hui, c’est de mettre à jour les textes juridiques et réglementaires de cinéma, de la vidéo et de la photo. Parce qu’il y a des textes qui sont dépassés. Ces textes vont permettre à ce que la pratique des métiers de cinéma, de la vidéo et de la photo va changer.
Donc, il faut toiletter les textes, il faut les actualiser en tenant compte des réalités actuelles. Et faire en sorte que le FODIC qui est prévu dans le décret de la création de l’Office national du cinéma, de la vidéo et de la photo soit alimenté à partir d’autres fonds, soit en Afrique où à l’étranger. Ce sont des fonds qui vont alimenter le FODIC qui est destiné à la production cinématographique. Et il y a un arrêté conjoint qui définit d’où doit venir les ressources pouvant alimenter le FODIC.

lolaplus.org : comment sont organisés les cinéastes guinéens ?

Noël Lamah : c’est le lieu de préciser qu’il y a des associations de cinéastes. Aussi, il y a les associations des photographes. Mais il y a des corporations qui se sont formées; les corporations des réalisateurs, des producteurs et des photographes. Aujourd’hui, l’organe qui pilote tout ça, s’appelle la fédération guinéenne des cinéastes. Et qui a pu mettre tous ces intervenants de ces métiers ensemble. Aujourd’hui, il y a un représentant de la fédération nationale des cinéastes qui va représenter toute la corporation des métiers au CNT pour parler des problèmes qui émaillent le secteur. Donc, c’est l’un des résultats du fait que les cinéastes ont compris que seul ils ne peuvent pas. Il faut qu’ils se mettent en association.

lolaplus.org : est-ce que les cinéastes sont accompagnés par l’État ? si oui, comment ?

Noël Lamah : les cinéastes qui sortent avec une connaissance académique à l’Institut supérieur des arts, l’État a déjà injecté de l’argent pour leur formation. Il va falloir que l’État achève ce qu’il a commencé. En mettant un fond qui va permettre à ces cinéastes quand ils sortent des études, qu’ils aient des plateaux ou un fond qui les permette de mener des projets bancables, pour que le fond puisse les aider à faire leur premier, deuxième et troisième films. Donc, il y a encore ceux qui ont appris sur le tas. Ils n’ont pas reçu directement un appui de l’État en matière de formation, mais aussi les ressources ne sont pas là.
D’une manière générale, c’est quand il aura un fond en place, qu’on pourra véritablement parler de l’accompagnement de l’État. C’est le lieu de préciser qu’il y a eu la création du FODAC, qui est le fond d’aide au développement des arts et de la culture qui n’est pas encore alimenté. Notre vœu ne serait que les fonds puissent être alimentés pour permettre à tous ces intervenants des métiers de cinéma, de la vidéo et de la photo d’avoir des sources de financement lorsqu’ils ont un projet bancable.

lolaplus.org : est-ce que l’État accompagne L’ONACIG ?

Noël Lamah : Ah oui ! C’est une direction générale de l’État. L’Office a une subvention annuelle de l’Etat. On est en train de se battre pour que la subvention soit à la mesure de la mission que nous avons aujourd’hui. Parce que l’idée c’est de faire en deux ou trois ans que l’Office soit à l’image de l’OGP. Selon les attributions, les statuts de l’Office national de cinéma est à l’image de l’OGP. Et avec des moyens qui permettent non seulement de réglementer le secteur, mais aussi de pouvoir aider ceux qui pratiquent ce métier là. En même temps qu’on soit représenté à tous les niveaux. Parce que l’Office, ce n’est pas seulement la direction générale. Il doit être au niveau communal, préfectoral et sous-préfectoral. Comme ça, on a une vision sur l’ensemble de tout ce qui se fait en matière de vidéo, photo et du cinéma.

lolaplus.org : quels sont vos messages à l’endroit de l’État pour accompagner les cinéastes ?

Noël Lamah : c’est de faire comprendre à l’État et au public que le secteur de cinéma, de la vidéo et de la photo est vraiment un secteur pourvoyeur d’emplois. l’UNESCO estime que le cinéma africain peut créer 20 millions d’emplois et générer 20 milliards de dollars par an. Mais vu déjà le nombre de personnes qui évoluent dans ce domaine, et la consommation de l’image et la photo, on peut déjà imaginer quel est l’impact de ce secteur sur le produit national et sur la vie de ceux qui vivent de ces secteurs.

Entretien réalisé par Kaïn Naboun TRAORÉ
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