Il y a de cela trois jours que la région administrative de N’Zérékoré est confrontée à une grave crise de pain.
Le prix d’une miche a été unilatéralement fixé par les boulangers à quatre mille (4000 fg) au lieu de 2500fg.
Rencontré ce jeudi, 25 mars 2021, pour savoir les raisons de l’augmentation du prix de cette denrée, la plus consommée en Guinée après le riz, le président de l’union régionale des boulangers a expliqué la hausse du prix de pain par celle du prix de la farine et les mesures édictées par leur représentant au niveau national. « Comme le prix de la farine (grand moulin) de Conakry a augmenté, nous boulangers avons donc décidé de faire monter le prix du pain. Notre président au niveau national nous a envoyé un document qui indique le prix de pain et de la farine. C’est conformément à ça que nous travaillons. Nous avons d’abord montré le document au président préfectoral du commerce. Mais après plus de deux semaines on n’a pas eu de suite. Et on ne peut pas faire comme ceux de Conakry parce que le prix de la farine est plus cher ici qu’à Conakry. On voulait donc qu’on discute pour voir si nous pouvons diminuer le poids du pain et fixer un prix accessible aux consommateurs mais impossible. Nous avons donc décidé de faire ce que notre représentant national nous a dit. C’est suite à ça qu’on a été convoqué à la préfecture. Le préfet a discuté le prix. Nous avons dit non, on a honte de discuter le prix de pain avec lui parce que depuis 33 ans à N’Zérékoré on n’a jamais discuté le prix du pain avec un préfet. On l’a dit qu’on ne peut pas le faire avec lui pour ne pas qu’on dise qu’on lui a manqué de respect », a expliqué dans un premier temps, Adoul Gadiry Bah, président régional de l’association des boulangers et pâtissiers de Guinée.
Poursuivant, il dira : « Le préfet nous a envoyé aux chambres de commerces qui nous ont dit de retourner à 2500fg au cas contraire d’arrêter le travail. Le préfet a dit que celui qui vendra le pain à 4000fg va quitter N’Zérékoré. Nous sommes donc allés discuter entre nous boulangers. Je leur ai dit de revoir s’ils peuvent le faire à 2500 et s’il trouve que c’est impossible parce qu’on fait le commerce pour gagner l’intérêt, qu’ils arrêtent la production. C’est pourquoi il y a crise de pain actuellement. Ce n’est pas une grève ».
Le président de la chambre régionale du commerce et de l’artisanat, Makan Camara, a par contre fustigé l’augmentation du prix de pain dans son ressort, une hausse qu’il a qualifiée de fantaisiste.
« La crise de pain est due à l’augmentation fantaisiste du prix à N’Zérékoré. On se réveille un beau matin et on trouve que les boulangers ont augmenté le prix de 2500 à 4000fg. Je ne sais pas si c’est une provocation. C’est de la simple pagaille qui a été organisée à leur niveau. Parce que pour le faire, on doit en discuter entre nous ; car le prix du pain est contrôlé. Ce qui n’a pas été fait. Et ça c’est dans toutes les préfectures de la forêt et le même jour ils ont tous augmenté le prix. C’était donc bien préparé. C’est pourquoi je me suis impliqué et j’ai appelé tous mes représentants afin de ramener l’ancien prix jusqu’après les négociations », a dit Makan Camara.
Interrogé par rapport l’interpellation du président préfectoral de l’union des boulangers à Lola, il dira que c’est un seul boulanger qui a été interpellé avant de préciser. « Pas parce qu’il a vendu le pain à 4000fg. C’est parce qu’il a plutôt insulté le président de la chambre préfectorale du commerce à Lola. J’ai quand même appelé mon collègue et lui demandé pardon. Je crois que le problème a été résolu à ce niveau », a-t-il précisé.
Il faut cependant préciser que le prix d’un sac de farine initialement fixé à 260.000fg se négocie désormais entre 345.000 et 350.000fg. À cela s’ajoute l’augmentation des prix des ingrédients qui entrent dans la fabrication du pain.
Moussa Moïse Camara