Amadou Damaro Camara et plusieurs autres sont poursuivis pour des faits présumés de détournement de deniers publics enrichissement illicite corruption liés à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale sis à Koloma. L’ancien président de l’Assemblée nationale, Amadou Damaro Camara a comparu ce lundi, 9 octobre par devant la chambre du jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief).
A la barre, l’accusé a plaidé non coupable. Pour rappel cette comparution intervient après avoir passé un an de prison. Devant le Président Francis Kova Zoumanigui, il s’est notamment exprimé en ces termes : « les 3 milliards ont été utilisés pour les travaux du site devant abriter le siège de l’Assemblée nationale pour la réalisation de la clôture et autres travaux. 6 milliards ont été payés aux députés et 6 milliards sont à la BCRG. Je n’ai pas partagé cet argent entre amis. Je ne suis pas un homme d’argent. Je n’ai rien reçu avec Kim et je lui ai même interdit de donner à quelqu’un. Je n’ai jamais géré un fonds public depuis que j’ai quitté la BCRG, il y a 38 ans. Donc comment je peux m’enrichir de façon illicite? Je ne suis pas riche, je n’ai pas de train de vie particulier et je n’ai pas d’immeubles. J’ai une concession à Matoto que j’ai commencé à construire en 1993 jusque-là, elle n’est pas terminée. J’ai une autre maison inachevée à Kankan, une autre à Kérouané et la maison familiale à N’Zérékoré. Aucun de mes enfants parmi les 13 n’est à la fonction publique. Je ne me sens pas concerné par le blanchiment de capitaux.
Monsieur Kim m’a fait une proposition d’environ 2 milliards et quelques poussières. J’ai payé 1 milliard 800 millions de francs guinéens. A un moment donné, il m’a dit qu’il va arrêter parce qu’il a sous-évalué les travaux. D’après lui, il était à plus de 150 camions de gravats jetés hors de Conakry. Nous le bureau, nous avons voulu faire une clôture définitive autour du terrain. Mais toutes les clôtures proposées étaient en dehors de notre budget. C’est comme ça que je lui ai demandé de nous faire une clôture provisoire, mais comme le quartier était chaud, il fallait faire une clôture en IPN. Il a aussi construit deux hangars pour la gendarmerie qui surveillait les lieux. Il y a eu même un opérateur qui nous a offert deux forages sur le terrain qu’on n’a pas facturés.
Nous avons clôturé la session ordinaire de l’assemblée le 05 juillet 2021. Nous avions trois mois de vacances parlementaires jusqu’au 05 octobre. Au plus tard habituellement jusqu’au 10 juillet, nous avions habituellement la subvention trimestrielle de juillet, août, septembre qui permet aux députés d’aller en vacances. Pour ce qui est de la gestion en 2021, le président avait bloqué tous les paiements y compris à l’Assemblée nationale. Tout le mois de juillet, nous n’avons pas eu la prime. C’est vers le 15 août que 15 milliards ont été payés, pas pour les primes mais pour la construction du siège. J’ai envoyé des émissaires vers le président qui m’a dit non. C’est en ce moment que des collègues du bureau m’ont dit : prenons la prime des députés dans l’argent à notre disposition. Et quand le Chef paiera les primes, nous allons restituer les fonds parce qu’on ne pouvait pas faire la rentrée d’octobre sans que ces primes ne soient payées. J’ai ainsi ordonné qu’on prenne sur les 12 milliards à peu près qui restaient pour payer les députés ».
Ousmane D Yansané